Pôle métropolitain Loire-Bretagne : risque de déséquilibre pour les territoires bretons

Session des 27, 28 et 29 juin 2012
Création du pôle métropolitain Loire-Bretagne

Gaëlle Rougier a rappelé que le développement des pôles métropolitains laisse craindre un fort affaiblissement de l’action régionale. EELV refuse la vision d’une organisation des territoires qui viserait à renforcer encore un peu plus l’attractivité des pôles urbains au détriment des campagnes.

 

La création du pôle métropolitain Loire-Bretagne, comme celle du pôle métropolitain de Brest sur laquelle nous nous sommes exprimés lors de la session de février, se fait dans le cadre de la réforme des collectivités territoriales initiée par l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Parce qu’elle freine le processus historique de décentralisation, parce qu’elle conteste à la région le rôle de leadership de l’action politique à l’échelle des territoires, parce qu’elle met à mal la parité, comme la pluralité de la représentation politique, avec la création du conseiller territorial, cette réforme nous la contestons.

La création du statut de Métropole, dont les champs d’actions empiètent clairement sur celui de la Région et des pays, nous laisse craindre un affaiblissement de l’action régionale. Nous refusons la métropolisation et les déséquilibres qu’elle risque d’entraîner.

Nous refusons la vision d’une organisation des territoires qui viserait à renforcer encore un peu plus l’attractivité des pôles urbains, délaissant des campagnes qui n’auraient plus pour seule fonction que d’accueillir les activités dont les métropoles ne veulent pas.

Nous refusons la vision qui consiste à reproduire le modèle du centralisme français à l’échelle des régions.

La force de la Bretagne, c’est son tissu de villes moyennes, ses pays dynamiques et son identité régionale.

Le pays et la région, territoires de vies, sont des espaces d’action pertinents pour garantir un aménagement du territoire équilibré comme une mise en œuvre efficace des politiques publiques. Ces territoires doivent être confirmés et renforcés.

Si certains semblent vouloir voir dans la création de ce pôle métropolitain un premier pas vers la réunification de la Bretagne, nous voulons pour notre part rappeler que la réunification ne sera effective que dans le cadre d’un rattachement administratif du territoire de la Loire Atlantique à la région Bretagne. Les coopérations entre collectivités des cinq départements bretons sont nécessaires mais ne saurait être défendues comme un palliatif à une réunification que certains renonceraient finalement à défendre.

En attendant la remise à plat de la réforme sarkozyste et l’élaboration d’un nouvel acte de la décentralisation, nous émettons de larges réserves quant à la mise en œuvre du pôle métropolitain Loire-Bretagne. L’avis soumis à nos votes pointe avec pertinence le risque important de conflit d’intérêt entre la Région et ce futur pôle métropolitain qui, rappelons- le, dans son gigantisme inclut Angers, Nantes, Rennes, Brest, Saint-Nazaire. Nous nous y associons.

Mais nous souhaiterions aller plus loin et questionner la logique même de métropolisation quand les responsables des grandes métropoles bretonnes ne cessent eux de la revendiquer haut et fort au nom du rayonnement et du développement régional.

Il nous faut être cohérents. On ne peut d’une part, admettre le principe du pôle métropolitain, son mode de gouvernance peu démocratique, sa mission de croissance et d’attractivité des populations et des activités et d’autre part, en déplorer les effets en matière de spéculation immobilière, de hausse des loyers et des impôts locaux dans ces mêmes villes, les déséquilibres et les injustices territoriaux et l’étalement urbain qui en découlent.

L’alternance qui s’est confirmée le 17 juin dernier est une opportunité historique pour mener enfin à bien la grande réforme des institutions que nous appelons de nos vœux. Cette réforme doit permettre de construire une République fédérale, appuyée sur des territoires régionaux dotés d’une véritable autonomie d’action, désignés comme tête de file des politiques locales.

Cette réforme est prioritaire, tant pour la Bretagne que pour la France. Elle nous sortira enfin de notre isolement, puisque que la France est avec la Turquie, le dernier État centralisé d’Europe, et nous faisons toute confiance à notre collègue Marylise Le Branchu pour la mener à bien.

Nous voterons donc cette délibération.

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