Aéroport NDDL. Le « NON » de Yannick Jadot

Député européen EELV pour le Grand Ouest.

Paru dans Ouest-France le 23 juin 2016

… Et le « non » de Yannick Jadot

Yannick Jadot.

Franck Dubray

Point de vue. Par Yannick Jadot, député européen écologiste du Grand Ouest.

Tout a été dit, ou presque, sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes : dossiers partiels ou bidouillés, contre-vérités ou mensonges sur la soi-disant saturation de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique, l’exposition au bruit, les bénéfices économiques, sociaux – et même environnementaux ! – générés par le transfert vers NDDL…Et quand les arguments techniques et économiques tombent les uns après les autres grâce à des expertises indépendantes et citoyennes, les promoteurs du projet usent des vieilles ficelles : le chantage à l’emploi et le « progrès ». Une étrange vision du progrès d’ailleurs, qui se traduit d’abord par l’augmentation des profits de quelques firmes multinationales et trop souvent par une précarisation accrue des femmes, des hommes et de la nature.

La plus grande absurdité de ce projet, bientôt vieux d’un demi-siècle, est qu’il veut nous imposer de choisir entre un service aéronautique et la protection de l’environnement. Je conteste fermement l’argument. Il n’y a pas à choisir. Il existe deux projets positifs que je défends et qu’il est absurde de mettre en concurrence.

Le premier projet, c’est celui d’un aéroport moderne à Nantes Atlantique qui réponde à la demande de sécurité, de confort et d’efficacité des usagers. Primées meilleur aéroport régional européen de l’année 2012, les infrastructures de Nantes Atlantique peuvent être améliorées à un coût raisonnable (y compris en matière d’accès par le tram) pour absorber l’éventuelle croissance du trafic. Avec une taille équivalente et une seule piste, les aéroports de Genève et de San Diego, par exemple, accueillent trois à quatre fois plus de passagers. Le projet de transfert – partiel car la localisation finale de l’aérodrome et surtout d’Airbus n’est pas réglée – ne répond donc à aucune problématique aéronautique. D’ailleurs, aucune compagnie aérienne ne le demande et les pilotes le dénoncent.

En outre, il est un point sur lequel les pro comme les anti-NDDL sont égaux : le transfert de l’aéroport n’offrira pas plus de destinations et ne permettra toujours pas de voler vers Bangkok ou Miami. Feu le Concorde, pour lequel le projet a été conçu, ne sera pas remplacé par les gros-porteurs type A380. Pire : le projet NDDL réduit les facilités et les zones de confort des passagers de Nantes Atlantique pour agrandir les zones commerciales et garantir, pour son concessionnaire Vinci, une manne toujours plus grande issue de parkings hors de prix.

L’autre projet positif, c’est bien sûr la préservation et la valorisation de terres agricoles et des espaces naturels de Notre-Dame-des-Landes. La destruction de zones humides riches en biodiversité, reconnues comme véritable château d’eau de deux bassins-versants, serait une catastrophe environnementale. Protéger notre environnement, c’est nous protéger nous-mêmes. Les événements météorologiques extrêmes qui se multiplient ces dernières années sont dus au dérèglement climatique et à l’artificialisation des sols, deux phénomènes dramatiques que renforcerait la construction d’un nouvel aéroport. En outre, la pérennisation, voire le développement, d’une agriculture paysanne dans cette zone fournira une alimentation saine pour les habitants de la région.

Si le « oui » l’emporte dans la consultation de dimanche – et nous savons combien le gouvernement en a manipulé les modalités d’organisation pour tenter d’imposer son résultat -, rien ne sera résolu : un nouveau projet devra être élaboré pour répondre aux critiques sévères des experts mandatés par la ministre de l’Écologie Ségolène Royal sur le projet actuel, les recours juridiques se poursuivront et la France sera toujours en infraction par rapport au droit européen. Bref, le statu quo et un conflit qui s’enlise.

« Que le bon sens l’emporte enfin ! »

Au contraire, si le « non » gagne, tout s’arrête enfin. Ouf ! Des centaines de millions d’euros d’argent public, notre argent, ne seront pas gaspillés et pourront répondre à nos besoins en mobilité – nos transports collectifs du quotidien – et donc de santé alors que la pollution de l’air génère chaque année près de 50 000 morts en France. Des centaines d’hectares de terres agricoles et des espaces naturels indispensables à notre qualité de vie ne seront pas bitumés.

Les travaux n’ont jamais commencé à Notre-Dame-des-Landes. Ironie de l’histoire, un site naturel magnifique s’est développé car les terres y ont été préservées pour être détruites. Protégeons-les ! Le bon sens nous commande de mettre fin à ce projet absurde. Pour construire un monde meilleur, il faut parfois commencer par dire « non ». Avant le match de foot dimanche, votez « non » !

 

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