EELV 90 : conseil municipal du 03/07/2014

 

 

[L’Est Républicain du 05/07/2014]

Belfort. Conseil municipal – Vote des suppressions de postes de coordonnateurs

Périscolaire : débat tendu

Avant le conseil, quelques parents, enseignants et territoriaux ont exprimé leur inquiétude. Photo D.P.Avant le conseil, quelques parents, enseignants et territoriaux ont exprimé leur inquiétude. Photo D.P.

TENSIONS jeudi soir au conseil municipal. Comme depuis quelques jours, une question a principalement alimenté la polémique, celle de la nouvelle organisation des activités périscolaires, autrement dit le détricotage de la réforme des rythmes scolaires appliquée par l’ancienne municipalité.

Avec pour conséquence, la suppression de quinze postes de coordonnateurs adjoints et de six postes de coordonnateurs à temps complet, ainsi que le non-renouvellement de la mise à disposition par les Francas, de quatre postes de coordonnateurs à temps complet.

Mais en contrepartie, les élus avaient aussi à statuer sur la création de dix postes de directeurs de centre périscolaire à 30, 32 ou 35 heures sur 38 semaines, ainsi que sur la transformation des quatre postes de coordonnateurs titulaires supprimés en postes de directeurs de centre périscolaire.

Une trentaine de parents, d’enseignants et de territoriaux qui avaient participé une heure avant à une manifestation au kiosque à musique (notre édition d’hier) sont venus réitérer leur désaccord au début de la séance. Pas forcément dans le calme, le maire Damien Meslot ayant martelé qu’il ne céderait pas « devant trois pelés et un tondu dont l’appel à la grève a été négligeable ».

Chez les élus, Eva Pedrocchi a été la première à prendre la parole : « Il nous est demandé de nous prononcer sur une organisation du temps scolaire sur la base d’une demande fallacieuse, d’expérimentation auprès du ministre de l’Éducation nationale. Mais l’expérimentation proposée d’un retour aux quatre jours est illégale à cette heure […] ». Et d’accuser le maire, Damien Meslot d’avoir effectué « un amalgame entre modification des rythmes scolaires et ateliers périscolaires dans sa consultation des parents d’élèves et des équipes éducatives », mais aussi de « mener un combat politique et même politicien dont les familles belfortaines n’ont pas à subir les inconvénients ».

« Double instrumentalisation politique »

Pour Bastien Faudot, « la situation actuelle à Belfort est le produit d’une double instrumentalisation politique ». Et de renvoyer dos à dos l’ancienne municipalité « qui a opté pour le retour au pas de charge à la semaine de 4 jours et demi dès septembre 2013 » et a « contribué à municipaliser l’éducation », et la nouvelle, « qui promet de mettre fin au désordre et organise la chienlit ! ». Selon l’élu, Damien Meslot a politisé le débat en stigmatisant « les braillards », au lieu de rechercher l’apaisement. Il regrette « la remise en cause d’une partie des activités du périscolaire qui permettaient pourtant aux enfants issus des familles les plus modestes d’avoir accès au monde ».

Marc Archambault a estimé « la démarche trop approximative », tandis que Samia Jaber a évoqué « une opération de com’, une vaste campagne de promotion personnelle pour avoir une visibilité nationale […] Tout cela parce que vous aspirez à être ministre, de l’Intérieur me dit-on, en 2017. Mais votre ascension ne se fera pas sur le dos des Belfortains, trouvez un autre marchepied ! ». Pour l’élue, la délibération serait illégale car elle évoque des suppressions de postes et non d’emplois.

« Si vous pensez avoir raison sur cette affaire, attaquez-nous devant le tribunal » lui a rétorqué un Damien Meslot droit dans ses bottes, affirmant aussi qu’il se conformera de toute façon à la décision du conseil d’État qui doit statuer sur le recours présenté par la municipalité concernant le retour à la semaine de quatre jours. « Si cette décision nous est négative, nous reviendrons à quatre jours et demi ».

Belfort « amie des enfants »

Quant aux adjoints Pierre-Jérôme Collard et Marie-Hélène Ivol, ils ont respectivement souligné la baisse importante de la fréquentation des clubs sportifs et des centres sociaux et maisons de quartier depuis la mise en œuvre de la réforme en 2013.

Le rapport a été adopté par 33 voix pour, 7 contre, une abstention et 3 non-participation au vote. Il a rebondi plus tard de façon inattendue avec le rapport sur le renouvellement du titre ville « Amie des enfants » décerné par l’Unicef. S’interrogeant sur la façon dont a été obtenu ce titre, compte tenu du débat précédent, Eva Pedrocchi a déclenché la colère du maire qui a estimé que tout avait été dit. L’élue verte a alors quitté la salle.

À savoir

L’adjointe Monique Monnot a donné les résultats de la consultation sur les rythmes scolaires organisée par la municipalité. Ainsi, 77,5 % des parents et 73 % des enseignants souhaitent revenir à la semaine de 4 jours. Mais le taux de participation atteint 73 % chez les seconds, alors qu’il n’est que de 36 % chez les premiers.

Une demande d’expérimentation sur 4 jours a été formulée au ministère selon les horaires suivants : 8 h 30 à 11 h 30 et 13 h 30 à 16 h 30.

L’accueil périscolaire dans chaque centre périscolaire se fera de 7 h 30 ou 7 h 45 à 8 h 30, de 11 h 30 à 12 h 15 et de 16 h 30 à 18 h ou 18 h 30. L’accueil de 13 h 15 et les ateliers-découverte de 16 h seront supprimés, le maire souhaitant par ailleurs développer les études surveillées.

Avant le conseil, une trentaine de parents, enseignants et territoriaux a exprimé son inquiétude sur les suppressions de postes de coordonnateurs. La CFDT Interco 90 demande que des négociations s’ouvrent cet été « pour traiter les situations individuelles des agents qui risquent de rester au tapis ». La CGT des services publics assure disposer de 1.156 signatures de soutien et la FCPE parle d’« acharnement politique » et demande une clarification officielle sur « les conditions de la rentrée de septembre ».

Didier PLANADEVALL

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