Oui, Madame Genevard, il faut réduire l’utilisation de la bromadiolone
Europe Écologie les Verts du Haut-Doubs exprime son inquiétude suite aux demandes répétées de Madame Genevard, députée de la cinquième circonscription du Doubs, visant à défendre l’utilisation de la bromadiolone pour lutter contre les pullulations de campagnols terrestres.
Le seuil réglementaire actuel d’utilisation de la bromadiolone est de 50 % d’indices de présence de campagnol terrestre. Au-delà, il est trop tard pour traiter et l’utilisation de la molécule est interdite. Il apparait aujourd’hui clairement que ce seuil est trop élevé et qu’il faut le réduire à 30% afin de diminuer les rejets de molécules chimiques dans l’environnement et de protéger les populations non-cible. Nous souhaitons, pour notre part, aller progressivement vers l’abandon des traitements chimiques.
L’automne dernier encore, l’ONCFS a collecté des cadavres de prédateurs naturels du campagnol, victimes de l’usage de la bromadiolone, dont 3 milans royaux et 1 buse variable, espèces intégralement protégées en France. Les dégâts sur la faune sont hélas connus, mais on ignore encore les conséquences sur les micro-organismes du sol. La bromadiolone détruit donc aussi les moyens naturels de lutte contre les pullulations.
Nous regrettons, avec l’ensemble des associations de protection de l’environnement, que les alternatives aux traitements chimiques ne soient pas suffisamment prises en compte. Si l’efficacité du piégeage est désormais reconnue, notamment à moyen et long terme, nous souhaitons que soient revalorisées les solutions d’alternance fauche / pâture, de rotation des cultures, de restauration des haies, de protection des prédateurs…
Les pullulations de campagnols sont aussi le symptôme rappelant que nous devons faire évoluer notre agriculture. La thèse de Céline Morilhat de 2005, soutenue à l’université de Franche-Comté, montre le lien entre intensification des prairies et augmentation des populations de campagnols terrestres. Quand une surface permettait de nourrir une vache il y a 50 ans, elle permet d’en nourrir deux aujourd’hui.
Nous savons que la fertilisation favorise la croissance des populations de campagnols et que les systèmes extensifs (qui sont donc moins impactés de ce fait) ont aussi l’avantage d’être économiquement plus résilients et plus tolérants de par leur moindre productivité, que des systèmes d’exploitation plus tendus, qui sont plus fragiles, moins robustes. Les VLHP (Vache Laitière Haute Production) ne supportent pas la moindre entorse à leur régime alimentaire, le moindre parasite, la moindre bactérie … À quand son remplacement par la VLHQT (Vache laitière à haute qualité territoriale) à production limitée, laquelle aurait également l’avantage d’être éthiquement compatible avec l’AOP Comté ? Dans le cahier des charges du bio, l’usage de la bromadiolone est fort heureusement interdit. Il est donc bien possible de s’en passer.
En voulant défendre l’usage de la bromadiolone, Annie Genevard se trompe d’ennemi.
Pour EÉLV Haut-Doubs,
François Mandil
Pour aller plus loin :
http://www.campagnols.fr/ le portail de la lutte intégré contre le campagnol terrestre
http://franche-comte.lpo.fr/index.php?m_id=20144 : sur le site de la LPO Franche-Comté, la liste rouge des espèces menacées
Consultation publique – Réponse de la LPO Franche-Comté
Cinq nouveaux cadavres de milans royaux, l’interdiction de la bromadiolone s’impose ! – Mai 2012