Vidéosurveillance à Pontarlier : le débat escamoté !
Lors du conseil municipal du 12 décembre dernier, la majorité municipale a annoncé vouloir organiser un « grand débat » sur la sécurité, tout en annonçant dans le même temps les conclusions : il faudra mettre des caméras de vidéosurveillance dans la ville.
Le sujet n’est pas nouveau. L’année dernière déjà, la majorité avait évoqué cette possibilité et avait, déjà, promis un « grand débat ». Il n’y en a jamais eu. Un comité restreint a travaillé sur un diagnostic de sécurité, aboutissant sur un document dont la synthèse nous a été présentée le 12 décembre. Évidemment, les représentants de l’opposition n’ont pas été invités à participer à ce travail. Le « débat » aura lieu lors du prochain conseil municipal, et c’est à l’issue de ce débat que seront votées les mesures. Comme si un débat en conseil avait déjà influé sur un vote ! Comme si les élus de la majorité étaient libres de leur vote ! Comme si tout n’était pas déjà bouclé depuis longtemps ! La majorité municipale ne semble pourtant pas mécontente de la collaboration des élus écologistes et socialistes dans le groupe de travail sur la restauration collective, groupe qui travaille actuellement de façon exemplaire.
Le 29 novembre dernier, la CCI du Doubs organisait une réunion d’information pour les commerçants sur le thème de la protection contre les attaques, en présence des représentants de l’État, de la police et de la gendarmerie, mais pas de la ville. Lors de cette réunion, il a été annoncé, sans l’ombre d’un doute, que la ville avait déjà lancé l’appel d’offre pour l’achat de caméras. Même si cette information est fausse (ce que nous voulons bien croire), pour qu’une telle affirmation puisse être faite en réunion publique, c’est bien qu’il y a eu des promesses faites par la majorité municipale. Il est également intéressant de préciser que l’équipement en vidéosurveillance était loin de faire l’unanimité lors de la réunion.
Les élus de l’opposition sont donc aimablement priés de faire remonter par écrit pour la mi-janvier leurs commentaires sur les conclusions et préconisations du document de 130 pages qui nous a été remis début décembre. Depuis quand un débat se fait-il sur les conclusions ?
Les universités de Dijon, de Besançon et de Strasbourg comptent des laboratoires de recherche en criminologie, en politiques publiques de sécurité. Pourquoi ces universitaires n’ont-ils pas été consultés lors de l’écriture du document en question ? Si nous avions été associés à ce travail préalable, ce malencontreux oubli aurait été réparé. A moins qu’il ne s’agisse pas d’un oubli mais d’une volonté délibérée de ne pas rencontrer les chercheurs qui démontrent, tous, l’inefficacité presque totale de la vidéosurveillance. Les études, menées dans tous les pays, dans tous les types d’agglomération, montrent qu’il y a bien plus efficace et beaucoup moins cher que la vidéosurveillance pour réduire l’insécurité.
Le précédent gouvernement avait décidé, pour des raisons purement idéologiques, de pousser les villes à s’équiper en vidéosurveillance. C’était donc l’État qui finançait l’essentiel de ces équipements. La nouvelle assemblée, plus soucieuse de l’argent public, ne renouvellera pas ce dispositif. Ce sera donc à la collectivité seule d’assumer cette gabegie. Mais cela tombe bien, 100000 € ont déjà été prévus lors du vote du budget ce 12 décembre… avant tout « débat » donc !
La vidéosurveillance est une réponse très médiocre et très chère aux réels problèmes d’insécurité. C’est également un équipement qui pose de vrais problèmes de libertés publiques, faisant passer les citoyens du statut de présumé innocent à celui de présumé coupable. C’est une solution démagogique. Les élus écologistes rappellent que malheureusement, la première insécurité aujourd’hui, celle qui tue, c’est l’insécurité routière. Malheureusement, lutter contre cette forme d’insécurité est sans doute moins payant d’un point de vue électoral.
Samuel Feuvrier et François Mandil
Conseillers municipaux EELV de Pontarlier
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/04/30/a-quoi-sert-la-videosurveillance/