Vidéos d’explosion retenues par Novartis, Roche & Cie: quelle contamination pour les travailleurs, le personnel hospitalier et l’environnement?

Le Collectif Bonfol (CB) publie aujourd’hui 17 séquences vidéo enregistrées par les caméras de surveillance de Bonfol. Elles documentent l’explosion du 7 juillet 2010. A une exception près, toutes ces vidéos ont été retenues par Novartis, Roche & Cie. Rien de surprenant du point de vue de l’industrie chimique: les vidéos documentent notamment un nuage de poussières soulevé par l’explosion des déchets chimiques. Ce nuage s’échappe de la halle et se dirige vers le village de Bonfol. Près d’une année après l’explosion, personne ne connaît encore la contamination, peut-être massive, subie par un travailleur, le personnel hospitalier de Porrentruy et l’environnement. Car les analyses ont été menées de manière tardive et inadéquate.

Bien que l’industrie chimique bâloise (BCI) sache certainement que ses déclarations ne correspondent pas à la réalité, le directeur BCI Michael Fischer continue d’affirmer, dans la newsletter BCI N° 5/2011 du printemps 2011: «Peu après [l’explosion du 7 juillet dans la décharge de déchets chimiques de Bonfol] les forces d’intervention (…) sont arrivées sur place avec des experts pour effectuer des analyses d’air. Ces analyses leur ont rapidement permis de constater qu’il n’y avait pas de danger pour l’homme et l’environnement.» Novartis, Roche & Cie devraient pourtant savoir que cette assertion est fausse. Les séquences vidéo enregistrées par leurs propres caméras de surveillance au sein et autour des halles de la décharge de déchets chimiques de Bonfol démontrent en effet le contraire.

La vidéo retenue sur le nuage de poussières

Si le CB publie ces vidéos, c’est parce que la BCI les a retenues jusqu’ici. Rien de surprenant, du point de vue de la BCI: la séquence vidéo 0017 montre ainsi, peu après l’explosion, un nuage de poussières de déchets chimiques qui s’échappe de la halle de Bonfol. Les images vidéo documentent comment ce nuage de poussières chimiques se dirige vers la ferme voisine et le village de Bonfol. A l’heure actuelle, personne ne connaît encore la nature des polluants de la décharge de déchets chimiques qui, par le biais du nuage de poussières, ont contaminé un travailleur, le personnel médical du service des urgences de l’hôpital de Porrentruy et l’environnement. Car ce qu’omet de préciser le directeur BCI Michael Fischer au printemps 2011, c’est qu’après l’explosion, les sapeurs-pompiers n’ont été alertés qu’une heure après celle-ci. Lorsque ceux-ci arrivent sur les lieux, le nuage de poussières s’est bien évidemment déplacé pour s’abattre sur la ferme voisine et la commune de Bonfol. De plus, les sapeurs-pompiers effectuent des prélèvements d’effluents gazeux, et non de poussières. Or cette manière de procéder ne permet pas de déterminer la nature des toxines présentes dans les poussières. Jusqu’à présent, la BCI n’a analysé aucun échantillon de poussières, à notre connaissance – bien que le service scientifique de la police municipale de Zurich ait effectué un grand nombre de prélèvements qui permettraient de faire les analyses nécessaires. Près d’un an après l’explosion, personne ne connaît donc encore la nature des toxines ayant éventuellement contaminé un travailleur, le personnel médical de l’hôpital de Porrentruy et l’environnement. Néanmoins, la BCI continue d’affirmer, sans disposer des bases scientifiques nécessaires: «Pas de danger pour l’homme et l’environnement».
Séquences vidéo documentant erreurs de comportements et/ou informations douteuses par BCI

Mais les vidéos retenues ne prouvent pas seulement qu’il y ait eu contamination de l’environnement:
. La séquence vidéo N° 0016, retenue jusqu’ici, montre une réaction totalement inadéquate de la BCI suite à l’explosion: au lieu de se rassembler à l’entrée du site, comme le prévoient les plans d’urgence, les collaborateurs BCI courent tous vers le lieu de l’explosion. Leur réaction est donc tout à fait inappropriée. Ces faits sont confirmés par un courrier du ministre jurassien Laurent Schaffter, alors responsable du dossier, courrier également publié aujourd’hui par le CB (voir 100716 Lettre non publiée du JU à la BCI concernant leur réaction à l’explosion.pdf)
. La vidéo N° 0005 montre que, contrairement aux déclarations de Novartis, Roche & Cie, la pelleteuse n’était pas seulement occupée à nettoyer les argiles du socle de la décharge avant l’explosion. C’est la seule séquence vidéo dont la BCI a publié des extraits. On y voit la pelleteuse posée à même les déchets, donc à un endroit où elle ne devrait pas se trouver, et creuser dans les déchets au-dessous de la machine.

 

Attitude critiquable de BCI
Si la gestion des suites de l’explosion par la BCI est critiquable, c’est aussi et surtout parce que les personnes concernées ignorent toujours la nature des substances qu’elles ont côtoyées,et parce que la BCI fait ainsi perdre un temps précieux et des informations de grande importance pour l’environnement.

 

Le CB proteste contre la présentation des faits par la BCI qui enjolive et falsifie en partie la réalité. Le CB exige:
. Des éclaircissements sur les polluants ayant contaminer le travailleur, le personnel médical et l’environnement. A cet effet, il faut conduire des analyses fouillées et larges notamment sur le matériel chimique saisi par la police municipale de Zurich.
. Il faut imposer aux responsables de la BCI de rendre des comptes.
. La BCI doit empêcher de futures explosions par des mesures techniques appropriées, et assurer un assainissement de la décharge de déchets chimiques de Bonfol sûr et définitif, réalisé en une seule étape.
. La BCI doit prendre des mesures garantissant des déclarations crédibles en cas de futures émissions de poussières quant à leur qualité, quantité et propagation.
. Selon les informations données par la BCI à la dernière Commission d’Information et de suivi, avec la nouvelle méthode de travail la BCI maintient la présence d’une personne pour manipuler avec un engin mécanique des matériaux à potentiel explosif réduit. La BCI se déclarait prête à piloter cette machine à distance si des problèmes apparaissaient. Le CB se distance de cette manière de faire. L’humain ne doit pas être pris comme objet de vérification pour décider d’une robotisation complète du travail dangereux. Il semble que la BCI n’a pas tiré toute la leçon de la première explosion

 

Vous trouverez les vidéos retenues par la BCI, un bref descriptif des images vidéo et la lettre du canton du Jura à la BCI sur:

En français:
www.wwf-ju.ch
www.transjurane.unia.ch
www.pronatura.ch/ju
En allemand:
www.martinforter.ch
Personnes de contact
Philippe Riat, WWF Jura : 032 955 14 80
Pierluigi Fedele, Unia: 079 384 00 24
Jean-Claude Meuley, Europe Ecologie les Verts : 0033 622495350 (France)
Eva Pedrocchi, Europe Ecologie les Verts 0033 666785221 (France)
Martin Forter, expert CB: 061 691 55 83
Jean-Louis Walther, expert CB 079 240 42 60

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