Accueil Tribune libre Face aux égoismes collectifs et un individualisme ambiant, que faire?

Face aux égoismes collectifs et un individualisme ambiant, que faire?

 

Le 11 septembre 2015 Jean Claude Mancione.

 

L'humanité est aujourd'hui placée devant un choix qui détermine son avenir. La Corse aussi!  Un choix à assumer collectivement et qui requiert l'implication du plus grand nombre, de chacun de chacune. Sous l'impact d'un système aveuglement productiviste et fortement inégalitaire avec en Corse un niveau inquiétant de précarité, le progrès n'est pas au rendez-vous. Il faut de toute urgence  le mettre sur une autre voie.  La Corse, les corses se trouvent dans une forme aggravée d'anomie. Rien ne sert de se voiler la  réalité. La classe politique insulaire est dans une situation de dégénérescence, de plus en plus déconnectée des réalités sociales, culturelles et écologiques!   Les écologistes refusent d'assister passivement au scénario d'une nature qui s'épuise et d'une société qui se désagrège. Nous voulons tracer une nouvelle ligne d'horizon pour la Corse en établissant un lien indissociable entre l'impératif écologique et justice sociale, respect de  l'environnement et une culture de haut niveau. Sur la base de transitions réalistes pour la Corse.

Nous vivons dans une Ile de 320.OOO hab. Et recevons plus de 3 millions de vacanciers sur 60  jours. 20.000 salariés saisonniers remerciés la saison finie! Peu de corses parmi les saisonniers.  Pas d'autre formulation que l'expression "Tourisme de masse" même si le Padduc a, semble-t-il,  abandonné cette formule! C'est se voiler la face que de ne pas voir les effets destructeurs et ses conséquences sur les équipements sans fin et une organisation territoriale de l'éphémère!

A qui profite en termes économiques et sociaux les retombées de ce tourisme-là?

La Corse est une Ile, pas extensible à l'infini Il faut repenser l'organisation territoriale dans de  nombreux domaines.  Quelles vont-être, en vingt ans, les conséquences du changement climatique sur la biodiversité  ( les humains, les animaux, le végétal )? Déjà s'impose à nous les canicules, les fortes pluies  les chocs thermiques, les mutations de nombreux insectes et l'arrivée de bactéries agressives, et quant à l'avenir de l'agriculture, les adaptations vont être douloureuses!   Les problèmes amplificateurs de cette crise vont poser aussi des adaptations vitales avec l'érosion  des sols sur le littoral, de nombreux habitats vont être fragilisés! Notre projet, nos réflexions doivent-être à la hauteur de ces enjeux à venir en anticipant les causes et les effets. Nous sommes étonnés que le projet ( au 15 Juin ) ne prenne pas en compte cette  problématique alors que va se tenir en décembre la conférence, à Paris, et que ces débats sont nombreux et vont s'amplifier!

La Corse peut devenir le bon élève dans la lutte contre le réchauffement et donnée en exemple!  Europe Ecologie-Les verts peut s'inviter dans le débat des élections territoriales en faisant preuve d'innovations et d'audaces! Ne faisons pas l'erreur de présenter un programme sage et dans l'esprit de la classe politique   traditionnelle. Prenons le risque d'un fort débat y compris provocateur! Sinon nous allons être pris en tenaille entre une gauche éclatée et une droite toujours divisée face aux revendications  nationalistes! Et là, nous n'existerons pas! La presse actuelle s'engage dans cette stratégie-là!

Choisir l'autonomie est un acte politique fort, juste et pertinent!

Choisir l'autonomie énergétique de la Corse grâce aux énergies renouvelables, en 20 ans, c'est possible, en relation avec l'étude de l'Ademe qui le prévoit aussi pour la France en 2050!  Se passer du gaz pour nos centrales, c'est dans le droit fil du désinvestissement dans les énergies fossiles tel qu'initié par le gouvernement norvégien! et les nouvelles orientations du G7.   La pollution coûte cher en Ile de France? Elle a été estimée à plus de 66 milliard! Et en Corse l'air serait-il pur alors que les villes de Bastia et d'Ajaccio sont de plus en plus saturées avec des forts pics de pollution! Le diesel dans l'île doit-être progressivement abandonné par les citoyens corses!

Côté transports, comme dans certaines régions, le prix du billet bus et train doit se rapprocher de la gratuité comme en Languedoc en particulier. Le covoiturage dans l'île doit-être encouragé.

Dans les principales villes, le vélo à un prix modique doit trouver sa place comme le vélo électrique  par exemple. Ne devrait-on pas envisager une liaison ferroviaire entre Cazzamoza et Bonifacio?  Plutôt qu'un gouffre financier avec le projet de la Carbonite, des axes de transports légers devraient voir le jour sur des liaisons inexistantes et servir à désenclaver des vallées ou territoires tels que, de Francardo à Porto en passant par Evisa le Niolu, ou le versant occidental du Cap, de Calvi à Galeria entre autres! Et bien d'autres.

Faire le choix d'une Corse où il fait bon vivre suppose une politique d'aménagement du territoire audacieuse et pour cela une vision alternative de haut niveau! Le Padduc est-il une stratégie qui  peut le permettre? Certaines applications montrent le contraire!

Faire le choix d'une Corse apaisée passe par des attitudes non-violentes, des choix culturels qui ouvrent vers l'universel où l'intérêt commun passe avant l'intérêt général! Il faut dénoncer cette idée  de la fiscalité écologique punitive! Ce sont les plus défavorisés, celles et ceux qui vivent dans la précarité qui sont les plus touchés y compris et surtout par les effets du changement climatique!

Un nouveau défi est à relever sur le contenu de la démocratie réelle. Des élus qui cumulent des mandats  pendant 15, 20 ans, et même plus, c'est insupportable et favorise le clientélisme. Deux mandats devraient  être suffisants!

Dans de nombreuses collectivités, les budgets participatifs ( en partie ou en totalité )  devraient devenir la règle. Les comités de quartier ou/et de villages doivent être impulsés. Ils doivent être  autonomes avec des budgets de fonctionnement! Toutes les élections doivent se faire à la proportionnelle.   Dans les communautés de communes la représentation des villages et des petites villes doit se faire  avec  un réel équilibre! Des majorités "clientélistes" doivent être bannies!  Favoriser les circuits courts dans tous les domaines c'est faire le choix des proximités territoriales. Abolir la publicité progressivement ( panneaux et diffusion dans les boites aux lettres ), c'est mettre en echec  l'hyper consommation! Mais la publicité c'est aussi dans les zones commerciales, des enseignes qui restent  allumées toute la nuit! Quel gachis alors que ces zones sont désertes! Et que dire de tous ces lampadaires

installés, avec excès, sur des traversées de villages et sur des parties de départementales?

"Protégeons la nuit" déclare une association nationale qui travaille sur cette thématique de l'effacement de la lumière artificielle! Et quelle économie pour les collectivités et la consommation d'électricité!

La langue corse fait partie intégrante de la culture et de l'histoire de l'Ile. Elle doit-être développée.  Le budget de la culture décidée par la CTC peut-être doublé! La transparence des dotations et des choix d'attributions doit-être réelle. Une forte attention doit-être apportée sur la vie des petites compagnies  et associations culturelles. La gratuité de certains programmes doit être envisagée.

Une profonde réflexion doit-être engagée sur la vie rurale aussi bien sur le littoral que la montagne. Les  populations vieillisent et les jeunes désertent par manque de débouchés locaux. Les services publics disparaissent progressivement. Ceci n'a rien d'inéluctable! L'aménagement du territoire peut conduire à favoriser l'installation d'artisans et de petites PME. Les petites départementales doivent-être recalibrées.

Pourquoi pas de petits éco-quartiers? Sur le Nebbiu et le Cap, des maisons régionales de la santé peut voir le jour. Prise en compte de l'aide aux personnes agées. Favoriser les lieux de mémoire paysagers et rendre  attractif le patrimoine local ( mémoire et tourisme ). Favoriser la télémédecine à distance.

Changer la ville devient un véritable débat de société. La vie des villages peut devenir aussi un lieu de résistance et de mieux être face aux changements climatiques! La production et l'alimentation bio  peuvent être sur ces territoires des lieux "naturels" servant aussi à revitaliser le monde rural.

Des équipements "communautaires" devraient être envisagés pour la vie association et culturelle en milieu rural, associés aux maisons régionales de la santé.

Villes et villages devraient s'envisager dans une démarche urbanistique faite d'innovations écologiques en relation étroite avec les ressources insulaires. Là aussi les circuits courts peuvent changer la vie dans  un nouvel imaginaire apaisé. un mode de vie adapté là aussi aux changements climatiques.

Vivre dans une Ile de qualité, c'est rester vigilants en permanence aussi sur les joyaux et sites sensibles   tels que la Scandola, les Calanches de Piana, les vallées de la Restonica et du Tavignanu, certains lieux cap-corsins, les Agriates et toutes les réserves naturelles ainsi que les iles sanguinaires, en particulier.

Nous devons-être fermement opposés aux forages en eaux profondes en Méditerranée comme à la tentation de voir réapparaître l'idée de l'incinérateur en Corse au moment où nous sommes confrontés à une gestion  calamiteuse des déchets et de l'existence des décharges monumentales! Le dos au mur, la classe politique et   les collectivités apportent des premières solutions qui auraient dû voir le jour depuis des années! Notamment le tri sélectif à la source! La responsabilité individuelle et collective est engagée! Cette crise est le résultat d'une hyper consommation!

 

 

12/09/2015 Jean Claude Mancione