L’autodétermination écossaise : un exercice démocratique
Les fédéralistes que nous sommes ne peuvent que regarder avec intérêt le débat démocratique rafraîchissant qui se tient en Écosse depuis quelques mois autour d’un projet de référendum d’autodétermination qui devrait être organisé en 2014. Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur l’indépendance. Nous ne sommes pas Écossais, et le principe même du droit à l’autodétermination est qu’il appartient aux Écossais de décider librement de leur avenir, par des méthodes démocratiques. Mais nous nous devons de saluer la démarche, et d’apporter tout notre soutien aux Verts écossais, qui sont, quant à eux, favorables à l’indépendance de leur pays (non comme une fin en soi mais comme un moyen d’évoluer vers une société plus écologiste et démocratique).
C’est le SNP (Scottish National Party), membre de l’Alliance Libre Européenne, nos alliés traditionnels au Parlement européen, qui a initié ce processus après avoir obtenu la majorité absolue à l’issue des élections écossaises de mai dernier. Vieille nation, unifiée à l’Angleterre en 1707, les Écossais n’ont jamais abandonné leurs velléités d’autogouvernement. L’intelligence du SNP toutefois, tirant à l’évidence la leçon de l’échec des référendums d’autodétermination au Québec, est d’envisager de ne pas proposer un référendum sec (pour ou contre l’indépendance), mais d’intégrer également une question sur un renforcement de la dévolution. Ce qui a en outre le mérite de faire paniquer les unionistes, qui essaient de saboter le débat en faisant pression pour un référendum sec et précipité (pariant évidemment sur son échec pour clore le débat pour longtemps).
À l’instar des Scottish Greens, nous estimons toutefois limitatif de se focaliser uniquement sur la dimension institutionnelle du débat. Nous saluons donc la volonté des Scottish Greens de l’élargir en s’interrogeant également sur l’indépendance souhaitable vis-à-vis du nucléaire civile et militaire. L’Écosse peut-elle devenir réellement indépendante tout en continuant à abriter des sous-marins nucléaires Trident ?
Si les Écossais se prononçaient pour l’indépendance, les conséquences seraient très importantes pour l’Europe. Quelle serait leur position vis-à-vis de l’Union européenne et surtout celle de l’Union européenne à leur égard ? En deviendraient-ils directement membre à part entière ? Les Écossais font partie de l’Union européenne depuis 1973. Le projet d’indépendance est vis-à-vis de Londres et non de Bruxelles. Il est donc pour nous évident que, sauf avis contraire des Écossais, ils doivent pouvoir rester membre de l’Union européenne et, s’ils deviennent indépendants, devenir directement un nouvel État membre de l’Union, avec les mêmes droits que les autres, sans passer par un processus de réadhésion. Une telle solution aurait en outre le mérite de dédramatiser les processus indépendantistes que nous pouvons voir en Catalogne, au Pays Basque ou en Flandres. Ne pourrions-nous pas les analyser comme des évolutions territoriales internes à l’Europe, plutôt que comme des ruptures ou des replis égoïstes sur soi ? À notre avis, l’Europe fédérale sortirait globalement renforcée d’une telle lecture du projet de référendum. Espérons que tout se passe bien, et que les vœux du peuple écossais seront respectés, quels qu’ils soient.