Quel découpage régional de l’Occitanie ?
Jean-Charles Valadier,adjoint maire Toulouse en charge de la langue occitane
17 janvier 2014
Un certain consensus de la modernisation de la république française passe communément par des régions plus affirmées et qui correspondent à des véritables territoires d’identification sociale, économique et culturelle.
Pour y parvenir, la carte de l’Occitanie doit apparaître dans le nouveau découpage territorial du sud de la France.
Aujourd’hui, en accord avec les mouvements fédéralistes, la commission Régions et fédéralisme d’EELV propose un découpage régional de la France avec :
– une Bretagne réunifiée avec le rattachement de la Loire Atlantique
– la fusion des deux Normandies
– la création de deux grandes régions Val de Loire et Poitou
– une région Basque Nord et une région Catalogne Nord en lien avec des Eurorégions Euskadi et Catalogne,
– des régions renforcées avec fusion des départements pour la Corse et l’Alsace, et fusion des deux départements de Savoie.
– une autonomie régionale renforcée dans des collectivité territoriales uniques pour les régions d’Outremer.
Il est nécessaire d’intégrer dans ce schéma des structures administratives qui correspondent aux réalités économiques, sociales et historiques des territoires régionaux de langue et culture occitane. En effet, l’existence de langues et de dialectes est un marqueur fort d’identité économique, sociale et historique d’un territoire. Le dialecte était le fruit d’échanges quotidiens autour de marchés et de pouvoir politiques, du temps où les circuits courts étaient la règle. Aujourd’hui, ils sont les marqueurs de proximité culturelle sur laquelle peuvent se construire des solidarités positives.
La carte suivante est le découpage le plus commun des grands dialectes occitans (http://fr.wikipedia.org/wiki/Occitan)
Sur cette base, une organisation territoriale de l’Occitanie peut se faire autour de quatre régions, en s’appuyant tant sur les dialectes occitans, que sur l’histoire de ces régions et sur leur spécificité économique actuelle :
– une région Gascogne à partir de la région Aquitaine sans le pays basque et avec le Gers et les Hautes Pyrénées ; elle aurait une vocation atlantique en lien le littoral atlantique de l’Afrique à l’Europe, avec Bordeaux et Pau comme locomotives urbaines
– une région Languedoc par la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc Rousillon sans la catalogne Nord (Pyrénées Atlantique), le Gers, les Hautes Pyrénées, le Gard ; elle aurait une vocation plutôt méditerranéenne en lien avec l’atlantique, avec Toulouse et Montpellier comme locomotives urbaines ; le pouvoir politique serait partagé entre Toulouse et Montpellier, comme c’était le cas du temps des Etats du Languedoc de 1346 à 1790.
– une région Provence à partir de la région PACA avec le Gard, la Drome et l’Ardèche ; elle aurait une vocation méditerranéenne, en lien avec l’Europe du Nord par le Rhône avec Marseille comme grand port méditerranéen et une multitude de grandes villes historiques : Nimes, Arles, Aix, Nice, Vienne….
– une région Auvergne-Limousin à partir de la fusion des 2 régions actuelles; ce serait une région de moyenne montagne qui avec 2,2 millions d’habitants aurait les moyens culturels d’assumer sa pérennité et éviter de se faire absorber respectivement par Rhône Alpes et Poitou; le pouvoir politique serait à partager entre Limoges et Clermont-Ferrand.
Bien sûr, ces propositions doivent être soumises aux débats publics en s’appuyant sur les expertises des géographes, économistes et historiens et sur les sentiments d’appartenance des populations. Il ne s’agit pas de créer des territoires qui s’établissent en compétition les uns avec les autres, mais des territoires qui trouvent une logique à être administrés conjointement.
Dans un deuxième temps, comme le propose Gérard Onesta, une proposition plus élaborée ne peut se faire qu’en partant d’un découpage en pays (intercommunalités de base rurale ou d’agglomération) qui est le véritable bassin de vie économique et culturel de la population .
Exemple de bassins de vie de l’INSEE
Les régions définitives sont à construire à partir de regroupement des pays en menant des enquêtes INSEE sur le sentiment d’appartenance. Ce projet irait de pair avec la suppression à terme des départements.
Par exemple toute la partie du Gers dite Gascogne toulousaine devrait plutôt intégrer la région Languedoc car malgré le dialecte gascon encore très utilisé, elle est culturellement tournée vers Toulouse. De même la partie du Gard autour de Le Vigan est culturellement, linguistiquement et économiquement tournée vers Montpellier et donc le Languedoc plutôt que la Provence, tandis que Nîmes et Arles sont indiscutablement provençaux.
Enfin, des régions culturellement fortes n’ont de sens qu’avec une capacité budgétaire suffisante pour assumer une économie et une vie démocratique régionale.
Conclusion
Pour moderniser les territoires français et rompre avec l’hyperconcentration autour de Paris, il est nécessaire de construire des régions économiquement, écologiquement et culturellement forte, et cela ne peut se faire que par des régions ayant des identités affirmées. C’est le cas des quatre régions occitanes : Auvergne-Limousin, Gascogne, Languedoc et Provence