Journée contre les violences faites aux femmes

Interview de Françoise Kieffé 

La violence envers les femmes est une réalité : transnationale et culturelle (patriarcat dominant) qui prend des formes différentes selon les sociétés, les cultures, mais l’existence de la violence est un fait social qui se retrouve dans toutes les classes sociales. Et malheureusement cela se confirme tous les jours : des femmes sont agressées, violées, harcelées, humiliées, exploitées, tuées par les hommes qui les entourent.

La violence s’exprime le plus souvent dans la sphère  dite privée (les féministes ont démontré que le “privé “est politique: viol incestueux, mutilations génitales, mariages forcés, infanticide ….au sein de la relation amoureuse)…..

Quelques statistiques mondiales sur la violence envers les femmes:

de 20 à 50 % de femmes dans le monde sont victimes à des degrés divers, de violences conjugales

l’Unicef évalue qu’une femme sur 10 est victime d’un viol une fois dans sa vie

 

Aucune société n’est à l’abri de la violence envers les femmes, car aucune société n’a pleinement réalisé l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, même si l’égalité des droits, l’égalité formelle est reconnue

 

Les régimes intégristes, formes extrêmes d’institutionnalisation des violences envers les femmes

Certains régimes intégristes ont institutionnalisé la violence envers les femmes et en ont fait un droit divin accordé à tout homme, à tout moment. Le contrôle absolu et l’appropriation du corps des femmes ont pris, au cours des siècles des visages d’horreur ou de manipulation. Le XXe siècle a permis l’avancement des droits des femmes mais n’a pas fait reculer la violence qu’elles subissent de façon significative. On pense aux crimes d’honneur, aux crimes liés à la dot des jeunes filles, au lévirat (est un mariage qui oblige une veuve à épouser le frère du défunt lorsque ce dernier n’a pas d’enfant) qui sont autant de pratiques donnant le droit de vie ou de mort sur les fillettes et les femmes aux hommes de la famille.

 

Le viol comme arme de guerre

Un autre visage que prend la violence envers les femmes est celui du corps des femmes utilisé comme arme de guerre. Dans tous les conflits armés, des plus anciens aux plus récents, les attaquants se sont servis du viol des femmes comme façon d’atteindre leurs ennemis.

Les femmes combattent et s’organisent

Malgré les souffrances infligées, les femmes combattent partout et tous les jours les violences. Elles manifestent pour faire changer les lois, veiller à ce qu’elles soient appliquées, apporter leur solidarité concrète aux femmes victimes des violences etc…

 

Des alternatives, des perspectives, des orientations qui permettraient d’aller vers l’élimination de toutes les violences envers les femmes

Les discriminations à l’encontre des femmes, les inégalités dont elles soufrent sont encore souvent inscrites, institutionnalisées, dans le droit et les lois de nombreux pays.

La reconnaissance de leurs droits formels est toujours une bataille première que ce soit au niveau national ou international.

Se battre sur le droit est essentiel, mais il faut également dès le plus jeune âge, déconstruire les stéréotypes qui légitiment l’infériorité des femmes.

 

Il existe encore de nombreux pays où le viol conjugal n’est pas reconnu comme un crime : par ex Inde, Malaisie, Nouvelle Guinée, Serbie.

Il existe encore des pays où le harcèlement sexuel au travail ne peut être le fait que d’un supérieur hiérarchique et non d’un collègue: par exemple en France.

Certains pays occidentaux pratiquent avec brio le double langage : ils s’offusquent avec sincérité des violences à l’encontre des femmes et laissent les affiches publicitaires qui dégradent avilissent l’image des femmes, dans l’espace public qui sont de véritables incitations au viol.

Les femmes doivent aussi se battre pour faire reconnaître la légitimité de leur présence dans l’espace public sans se sentir coupables et responsables lorsqu’elles se font harcelées et agressées.

 

Conclusion

Les mouvements sociaux dans leur ensemble, les associations altermondialistes, les organisations syndicales et politiques doivent participer à la dénonciation des violences

Les violences de tout type privent les femmes de leur autonomie, de leur intégrité physique, morale et psychologique ; elles les empêchent de lutter , de vivre …

Ce qui autorise et crée les violences ce sont toutes les inégalités, les fanatismes, l’état d’infériorité ou de marginalité dans lequel on veut les maintenir. Lutter contre les inégalités, c’est aussi lutter contre la légitimation des violences.

Pour construire un autre monde, pour qu’il soit possible, les mouvements sociaux et les politiques, doivent s’engager aussi à remettre en question les rapports inégaux entre les femmes et les hommes; s’engager à réclamer le respect des droits des femmes, s’engager à remettre en question la “culture de la violence” et ce, tout autant dans les pratiques individuelles que collectives.

Ce n’est qu’à ce prix que les fondements du patriarcat et de la mondialisation libérale pourra prétendre en ébranler les fondements du patriarcat et de la mondialisation libérale.

 

 

 

 

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