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  1. La politique culturelle sera dansante ou ne sera pas.

    Une politique culturelle aussi  vivante que les spectacles.

     
     

    De la cohérence à la danse.

    Qu’est ce que la cohérence ? C’est un état d’équilibre où les polarités s’harmonisent sans créer une dualité. La dualité est intrinsèquement prédatrice car elle est en carence d’une complémentarité qui lui permettrait d’accéder à sa globalité. Cette globalité, cette intégrité, les scientifiques la nomment homéostasie et les spirituels, paix intérieure.

    Dans le monde de la dualité, l’autre est logiquement une menace car ou bien nous  supposons qu’il possède ce que l’on a pas et nous souffrons de notre manque, ou bien, et c’est l’envers de la même médaille, nous  redoutons qu’il nous prenne ce que nous avons et nous avons peur de manquer. Ainsi de carence en disette, notre frère humain devient inéluctablement un danger puis un ennemi et nous ne consentons de rapport à lui que dans le cadre aussi protecteur que rigide d’un tout sécuritaire ou la  méfiance peut hélas se  réclamer de  la « Nature Humaine », car bien sûr, dans le monde de la dualité, l’homme est un loup pour l’homme.

    (Remarquons au passage que jamais aucun loup n’a manifesté la moindre similitude avec l’homme au point que l’on puisse affirmer  que le Loup puisse être un homme pour le Loup  (ce qui à mon sens serait une insulte pour le loup) donc le terme de Nature Humaine est un oxymoron manifeste : La nature est ! Elle ne peut inclure ce qu’elle n’est pas, si l’homme est de la Nature, il ne peut en lui seul constituer une Nature séparée de la Nature.)

    Mais quittons les loups pour revenir à nos moutons.

     

    La Valeur

    Il nous faut donc transmuter les dualités en polarités constructives et vivantes. Ce chemin, de l’ordre d’une véritable transsubstantiation, se trouve sur la carte IGN de la Cohérence.

    La cohérence c’est ce qui accorde nos valeurs (étymologie : Valeo, je me porte bien, je suis en bonne santé) à  notre complexion (le corps) et s’harmonise  à  notre façon de vivre .

    Or qu’est ce que l’existence (ex-sistence) si ce n’est l’extériorisation de  nos pensées, nos rêves mais aussi nos peurs, nos angoisses ? Et si nos esprits sont encrassés ils matérialiseront nécessairement le cambouis qui les englue. Ici réside la source même de toutes les formes de  pollution.

     

    Et l’énergie

    Dès que nos pensées trouvent l’énergie suffisante pour s’accorder avec nos affects, nos besoins et nos valeurs, elles s’incarnent et s’extériorisent harmonieusement et joyeusement. Elles deviennent puissances créatrices et fertilisantes car la joie (pour citer mon ami Baruch Spinoza ) est « puissance d’être et d’agir« . Les pensées-idées deviennent pleines et responsables car elles ne sont plus atrophiées par la peur et l’insécurité.  Ces idées ou concepts issus de nos cohérences, nourrissent à leur tour leur entourage, produisent l’énergie dont les autres ont besoin pour trouver leur propre cohérence, et ainsi de suite… et voilà la roue du moulin créatif  remise en mouvement.

    Il me semble que la culture agit précisément à cet endroit de l’intime où s’élaborent les idées et concepts avant de s’envoler vers cet extérieur de nous-mêmes que nous nommons réalité. Cette réalité, que nous estimons objective, ne rend compte que de nos croyances et déploie en trois, quatre ou cinq dimensions,  un monde que nous supposons partagé par tous. Or Il n’en est rien car rien n’est plus intime et personnel que « le monde »

     

    Vivre ensemble c’est tout d’abord voir cela.

    Cela se passe en amont du respect et de la tentative de comprendre l’autre, cela se passe à la source, en soi-même et à l’endroit précis où, prenant conscience de mon ex-sistence, je réalise la puissance projective que je baptise « le monde ».

    L’autre est au-delà de mon monde, l’autre est au-delà de mon idée de l’autre. L’autre je n’en saurai jamais rien. Comme dirait mon copain Levinas, «rien n’est plus étrange, ni plus étranger que l’autre. Il est l’inconnaissable, la compréhension d’autrui est inséparable de son invocation ».

    Cet autre,tout à la fois inatteignable et inévitablement proche, cet autre que je fuis à la mesure de ma dépendance et dont la confrontation m’anime ou me tourmente, cet autre qui semble parfois tenir dans ses mains le fil de ma vie, cet autre, Je peux cependant réellement l’approcher si j’écoute attentivement mes propres polyphonies intérieures, mes diversités profondes et l’intuition qui me chuchote  comme à  Rimbaud : « je est un autre ».

    Si l’altérité de l’autre est insaisissable, je peux du moins tenter d’appréhender la mienne…voilà une nouvelle qui fleure bon la liberté en herbe  !

     

    Mais comment cultiver cette graine d’émancipation ?

    Nous nous devons de  retourner notre terre intérieure avec des outils propre  à en respecter le fragile éco-système. Nous élaborerons ainsi une maison (étymologie de éco : grec oikia, oikos, la maison) véritablement éco-logique : un habitat sain où l’ego sera à nouveau relié à son essence c’est à dire à cette substance universelle qui seule peut tricoter le lien à l’autre.

    En effet si chaque ego est la marque phénoménologique de mon histoire et de ma particularité – et en cela le contour  inaliénable de mon incarnation – l’essence quant à elle, est le terreau commun où germe l’Humanité.

    Si de l’autre je ne peux rien saisir qui ne soit le miroir de mes propres expériences, je peux du moins choisir de m’y relier à partir de ce terreau originel. A cet endroit la différence n’effraie plus, elle stimule : si et parce que je reconnais en moi la source d’un ego souple et  mutable, celui de mon voisin ne risque plus de figer le mien dans une implacable et morose fatalité.

    Dés lors le processus culturel se doit de s’aligner et de se mettre en cohérence car, on voit bien, sinon, qu’il ne peut proposer que des nourritures toxiques à nos esprits affamés. Une culture toxique c’est une culture qui divise et ne crée dans sa mise en oeuvre que jalousie et frustration.

    Cette culture là, favorise la dissociation et fait passer la reconnaissance extérieure, c’est à dire le désir  de succès (voire de célébrité),  avant l’estime de soi qui émerge du pur plaisir de la créativité et de l’élaboration.

    Or on voit bien que l’extérieur (l’autre fantasmé) ne peut jamais rien reconnaître que son propre fantôme, il devient donc évident qu’il n’existe d’autre succès que la capacité de se mettre en lien à partir de sa propre cohérence et de son corrélat : la puissance créative, autrement dit, l’accordage au vivant.

     

    Dès lors, la relation devient plus une danse avec l’autre qu’une proposition rigide.

    C’est précisément cela que l’acteur culturel doit apprendre : danser avec le public, danser avec les collectivités territoriales. Point de meneur, plus de dualité, chacun se glisse dans un mouvement commun, juste une respiration entre plusieurs individus qui ondulent joyeusement dans la même pulsation…

     

    La politique culturelle sera dansante ou ne sera pas.

    Adèle Côte, 12 mai 2010.

  2. Mieux vivre à Paris & sauver la planète

    10 points pour un Paris ouvert

    à la culture,

    à toutes les cultures

    programme municipal de 2008

     

    Notre conception de la culture est fondée sur l’échange et le partage, le développement de l’imaginaire et de la création, le soutien à la diffusion et aux lieux d’interaction. Nous souhaitons promouvoir une politique publique de la culture orientée vers l’action artistique et le développement culturel.

    Pour cela, nous voulons infléchir les politiques culturelles uniquement centrées sur  la recherche du prestige, les effets de communication et les logiques de consommation.

    Nous défendons une politique municipale et départementale de soutien à l’emploi et à l’insertion des artistes et des techniciens du secteur, favorisant les expressions créatrices de tous les citoyens, ouvrant des espaces d’expérimentations artistiques, promouvant la diversité des cultures et revalorisant les pratiques amateurs.

    Nous nous inscrivons dans une politique de rupture, au service de tous les habitants et non du « rayonnement » de Paris. Ce sont les citoyens qui seront au cœur de nos réalisations.

     

     – 1. Implanter des espaces de création partagés, des équipements de style « ruche ».

    Ces nouveaux types d’équipements , à échelle humaine, organisés autour du partage de l’espace et de la mutualisation des moyens techniques, permettront aux artistes (professionnels ou en voie d’émergence), aux enseignants et aux amateurs de travailler sans objectif de rentabilisation par une présentation ou une monstration publique.

    Pour faire vivre ces lieux, pour que des rencontres dynamisent les pratiques, la création de coopératives de production et de diffusion sera facilitée. Par ailleurs, nous proposons la construction et le réaménagement d’ ateliers d’artistes dédiés à un nombre élargi de disciplines.

     

     -2. Rééquilibrer l’implantation géographique et  la répartition des espaces culturels , mettre en place des relations vivantes avec la banlieue .

    Nous oeuvrons pour que chaque parisien, au plus prés de son lieu de résidence, puisse profiter de lieux culturels divers.

    Dans ce cadre, il est nécessaire de faire évoluer les centres d’animation en relation avec toutes les personnes concernées, d’amplifier le programme de rénovation des bibliothèques et de construction des médiathèques, et de donner une priorité aux petits et moyens équipements de quartier.

    Au-delà, ces lieux intermédiaires faciliteront la réalisation de projets artistiques communs avec les habitants des communes limitrophes.

     

     – 3. respecter et mettre en valeur la diversité des cultures : impulser des jumelages culturels de quartier:

    À Paris, depuis longtemps, vivent des personnes venues du monde entier et la richesse artistique de Paris, son dynamisme, s’enracinent dans ce brassage et ce métissage des cultures. Il conviendra de leur donner toute leur place et de créer un événement annuel et festif qui mette en valeur, dans l’espace public, la diversité des cultures.

    La création de jumelages culturels de quartier, entre quartiers du monde, doit tout au long de l’année favoriser ces échanges dynamiques .

     

     -4 Augmenter le budget de la culture et réorienter sa répartition

    Aujourd’hui le budget accordé à la culture est bien plus faible à Paris que dans la plupart des grandes villes françaises. De plus Paris en tant que département n’intervient pas, sauf pour le cinéma, en soutien.

    Nous souhaitons une augmentation conséquente des budgets de la culture pour que que, à l’instar des grandes villes, celui représente au moins 10% du budget de la ville/département. Celui-ci sera essentielement utilisé pourde soutenir de nouveaux projets plus solidaires et moins institutionnels. Nous souhaitons des aides à la création et à la résidence dans le cadre d’une diversité des disciplines.

    Dans le cadre d’une augmentation et d’une distribution plus solidaire, nous voulons un soutien aux projets associatifs sous forme d’aides financières et matérielles. Pour cela nous proposons la création de régies culturelles par pôles géographiques . nous souhaitons aussi la simplification du système de subvention et la gestion déconcentrée des démarches

     

     -5. Créer des Conseils artistiques et culturels,

    Ces commissions d’arrondissement composées d’habitants, d’usagers, d’associations, de professionnels de la culture, auront à gérer un vrai budget décentralisé pour répartir l’aide aux projets culturels et artistiques.

    Elles assureront la circulation des projets. Les habitants pourront par l’intermédiaire de ces conseils participer activement à la vie culturelle de leur arrondissement.

     

     -6. développer l’emploi artistique et culturel :

    Nous nous engageons à ce que tout établissement ou projet dépendant de la ville et/ou subventionné par elle, pratique concrètement une politique d’emplois artistiques et culturels stables.

    La ville veillera par des expertises économiques à ajuster son aide ou ses co financements pour soutenir cette politique d’emploi. Des bourses d’aide à la création pour les jeunes artistes, seront développées. Les actions de médiation seront très largement développées

     

    -7. Lancer une carte culture pour les jeunes et les étudiants, des chomeurs et des précaires…

    …valable toute l’année (période scolaire et vacances), pour faciliter l’accès aux lieux et aux biens culturels et à l’offre permanente ou éphémère.

     

    – 8. Développer l’accés aux moyens de communication pour l’information culturelle.

    De nombreuses manifestations ont lieu quotidiennement, mais souffrent d’être mal connues. Il est indispensable de mettre en place une communication efficace pour les faire connaître, par un affichage associatif et culturel à reprendre sur l’affichage commercial, par un large développement d’espaces libres d’expression, par le développement d’un site informatique libre qui leur soit dédié.

     

    -9. Inscrire systématiquement tous les équipements dans une démarche d’économie d’énergie et de respect de l’environnement.

    Les équipements culturels actuels seront contraints de ne plus utiliser de produits toxiques, devront trier et récupérer leurs déchets et réutiliser les matériaux et constructions éphémères.

    De plus, tous les nouveaux projets qui seront construits devront respecter une démarche Haute Qualité Environnementale. Les festivals et évènements devront s’inscrire dans une démarche d’agenda 21 de la culture.

     

    -10. Consolider les initiatives indépendantes de diffusion culturelle…

    …tels que les cinémas indépendants, les librairies, les lieux d’exposition, les petites salles de spectacle dans des démarches d’économies solidaire et mutualiste

    Nous soutiendrons les espaces de diffusion et d’information alternative, les médias associatifs non commerciaux : radios, télés, forums, revues, réseaux de diffusion… Et, dans le cadre du respect de la diversité culturelle, les nouvelles formes de cultures émergentes ou minoritaires devront  être favorisées

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