Pour une écologie de l’Art et de la Culture
Vers une Société du bien être,
Programme présidentiel 2012
Pour EELV, la culture est un élément consubstantiel du projet écologiste ; c’est aussi la condition sine qua non pour reconquérir la confiance des citoyens et « faire société », alors que la mondialisation culturelle attise les crispations identitaires et encourage la consommation effrénée de bien culturels standardisés.
Le projet écologiste pour l’Art et la Culture s’appuie sur la démocratie, la diversité, l’éducation populaire et l’économie sociale et solidaire. La charte de Fribourg sur les droits culturels, la Déclaration universelle pour la diversité culturelle de l’UNESCO, l’Agenda 21 de la culture adopté par Cités et Gouvernements Locaux Unis et la défense de la liberté d’expression et de création contre la censure et le « fait du prince », en sont les piliers.
Une politique culturelle aujourd’hui ne peut plus être soumise à l’obsession de « l’excellence » et du « rayonnement » de quelques artistes ou intellectuels éclairant et guidant le peuple dans l’obscurité ! Elle ne doit plus être aliénée aux seules lois du marché ou instrumentalisée au service du développement économique des territoires au risque de sombrer dans des perspectives stériles et mortifères.
EELV réaffirme sa volonté de refonder une politique pour la création et l’action culturelle inclusive qui permette aux personnes, quel que soit le genre ou l’origine, de bénéficier d’une éducation artistique dès le plus jeune âge et qui propose aux citoyens dans leur diversité de (re)devenir acteurs du champ culturel. Il faut redonner à tous et toutes la capacité d’émerveillement et de curiosité au monde qui garantie notre capacité à vivre ensemble et à nous émanciper des discours d’exclusion et de repli sur soi.
Pour cela, les mutations économiques doivent avant tout permettre de pérenniser l’emploi culturel par une interrogation positive et partagée des dispositifs de l’intermittence et des droits d’auteurs. Il est en me^me temps indispensable de favoriser des écosystèmes culturels équilibrés, permettant aux émergences artistiques et aux nouvelles pratiques culturelles de s’épanouir en répartissant plus équitablement les ressources publiques pour la culture.
Les artistes doivent occuper une place privilégiée au cœur de la Cité qui ne soit pas l’apanage du « star system » mais bien la manifestation d’un rôle citoyen dans une démocratie avancée. La défense et la promotion des langues régionales, la préservation et l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, la refonte du service public audiovisuel et la promotion d’une autre vision de l’Europe de la culture contribueront à une plus grande équité culturelle des territoires et des populations en France et dans le pays avec lesquelles nous devons coopérer.
Les écologistes considèrent les arts et les cultures comme des biens communs de l’Humanité qui doivent être soutenus en tant qu’un service public d’intérêt général investi d’une responsabilité en faveur de l’égalité d’accès de tous et toutes.
Pour une culture au cœur d’un nouveau projet de société
• Réinventons un Ministère de la Culture, des Medias et l’Education populaire ;
• Mettons en débat un Agenda 21 de la culture afin de développer la diversité culturelle et de promouvoir les droits culturels et permettre de co-construire les politiques culturelles avec la société civile ;
• Accompagnons les nouvelles pratiques de création et de diffusion culturelles en consolidant le développement de l’offre légale sur Internet afin de faciliter l’accès aux œuvres à tous les publics. Les lois qui criminalisent les utilisateurs, comme DAVDSI et HADOPI, seront abrogées et remplacées par des dispositifs mieux à même d’assurer le financement de la production artistique et culturelle ;
• Développons l’éducation artistique de l’école maternelle à l’université, avec de véritables moyens dédiés, consacrant une autonomie des équipes éducatives dans le choix des projets et de véritables résidences artistiques pour les équipes associées.
• Créons un fond de soutien pour encourager le dialogue interculturel et les pratiques artistiques participatifs avec des artistes engagés.
Pour une éthique de la gouvernance culturelle
• Réformer en profondeur la gouvernance du ministère de la Culture comme des institutions culturelles nationales, en proposant une charte éthique et démocratique pour sortir du « fait du prince » ;
• Renforcer l’application de la charte de mission de service public, notamment en matière de responsabilité sociétale en environnementale ;
• Rééquilibrer les subventions de l’Etat en faveur des Régions par rapport à l’Ile de France, abandonner les projets pharaoniques notamment sur Paris et délocaliser les moyens des établissements publics culturels nationaux au service des territoires locaux ;
• Imposer la parité femmes/hommes à la tête des établissements artistiques et culturels conventionnés avec la mise en place d’une mission d’évaluation ;
• Construire une nouvelle étape de la décentralisation culturelle en inscrivant la culture comme clause de compétence obligatoire dans la réforme des collectivités territoriales ; réunir les acteurs publics et professionnels pour proposer un loi cadre qui distingue les responsabilités des différents échelons en expérimentant des collectivités chefs de file en proposant ;
o Aux territoires locaux, l’expérimentation et les pratiques, l’éducation et l’enseignement artistique, l’aménagement du territoire, le soutien à l’émergence et aux pratiques amateurs…
o A l’Etat, la garantie de la transversalité et de l’équité des politiques culturelles, le financement de la conservation et de la diffusion du patrimoine culturel et de la création vivante, la protection du droit des artistes et la redistribution des investissements vers les esthétiques les plus fragiles, la protection des travailleurs culturels…
o A l’Europe, la consolidation des Réseaux et des synergies, le soutien à la recherche, la mise en place d’un Erasmus Culturel, le soutien aux économies culturelles européennes et à la coopération interrégionale…
• Renforcer la déconcentration et le rôle des DRACs pour mieux accompagner la décentralisation et le transfert des compétences.
Pour une économie équitable des arts et de la culture
• La création d’un fonds de développement du tiers secteur culturel, qui permettra l’émergence et la pérennisation des SCIC, SCOP et autres unions d’économie sociale ;
• Un versement des subventions attribuées aux structures culturelles accéléré sensiblement de manière à faire disparaître le syndrome de la double peine ;
• Une grande réforme de la fiscalité de l’art, qui favorisera l’acquisition d’œuvres d’artistes vivants, tout en taxant la spéculation sur les œuvres d’art dans le circuit national et international. Le produit de cette taxe sera reversé à un fonds social de garantie à destination des artistes ;
• Le soutien aux emplois d’intermittents du spectacle, en revenant sur les principes des réformes de l’UNEDIC de 2004 et en garantissant un revenu entre les périodes d’activités professionnelles et les temps de préparation ;
• Lancer une mission nationale pour l’émergence de nouveaux indicateurs économiques et une fiscalité plus juste.