Villeneuve : la dignité dans la colère

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La plainte déposée au pénal contre France 2 par des habitants de la Villeneuve, « collectivement ulcérés » par le reportage d’Envoyé Spécial est saine et compréhensible, car les habitants sollicités par l’équipe de journalistes se sont senti victimes d’un « abus de confiance ». Ils ont accepté de prêter leur image pour que le reportage montre la réalité de leur lieu de vie, ses fragilités certes, mais surtout ses nombreux atouts, au premier rang desquels sa remarquable vitalité citoyenne.

La plainte déposée au pénal contre France 2 par des habitants de la Villeneuve, « collectivement ulcérés » par le reportage d’Envoyé Spécial est saine et compréhensible.

Les caricatures dont ce quartier est l’objet depuis plusieurs années (et particulièrement depuis le discours de la honte de Sarkozy de 2010) auraient sans doute voulu que la colère des habitants s’exprime par des feux de voitures… Au contraire, et à l’image de ce qu’est réellement la Villeneuve, cette saine colère s’est exprimée par les voies de droit, par le recours à la loi Républicaine.

Cette colère est en effet compréhensible car les habitants sollicités par l’équipe de journalistes se sont senti victimes d’un « abus de confiance » (termes utilisés par le Procureur de la République pour caractériser l’infraction pénale dont tout cela relèverait). Ils ont accepté de prêter leur image pour que le reportage montre la réalité de leur lieu de vie, ses fragilités certes, mais surtout ses nombreux atouts, au premier rang desquels sa remarquable vitalité citoyenne. En est ressorti au contraire une image tronquée et dégradante d’un quartier autrement plus joyeux et dynamique que les clichés ainsi reproduits l’ont laissé apparaître. La sélection à Cannes pour la quinzaine des réalisateurs du film « Guy Môcquet » réalisé par le collectif « Ville9 La Série » le démontre de manière éclatante.

La justice déclarera peut-être l’action de ces habitants irrecevable car on n’a pas diffamé une personne morale ou physique. On a sali un quartier, or un quartier n’a pas d’existence juridique. Mais ce quartier fait partie d’une Ville qui, elle, aurait été en mesure, juridiquement, de mener cette action pour ses habitants.

La nouvelle majorité de la Ville de Grenoble veillera pour l’avenir, dans le respect de la liberté fondamentale de la presse, à ce que l’honneur de tous ses quartiers et des habitants qui y vivent soit défendu chaque fois qu’il y sera porté atteinte.

Non pas pour défendre une image, mais pour défendre les grenoblois, tout simplement, où qu’ils habitent.