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Vœu contre le prolongement de 10 années de la durée de vie des réacteurs nucléaires

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Vœu proposé par le groupe « Europe Ecologie – Les Verts »

 

Selon diverses sources – non confirmées officiellement – l’État se préparerait à donner suite à la demande d’EDF de prolonger de 10 années la durée de vie de ses 58 réacteurs nucléaires existants, dont 12 en région Centre. Une telle décision porterait leur durée de vie de 40 ans à 50 ans alors même que la durée de fonctionnement initialement prévue des réacteurs était de 30 années.

 

Une telle décision constituerait une aberration énergétique. Tout le monde en convient, le débat sur la transition énergétique l’a montré, l’ensemble des pays voisins le démontrent au quotidien : la priorité est aujourd’hui à la transition énergétique. Celle-ci passe par des investissements massifs en faveur de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, et non par un acharnement thérapeutique sur de vieilles installations en déclin qui risquent au surplus de connaître les mêmes dysfonctionnements conduisant à les arrêter toutes en même temps.

 

Au niveau de la sécurité, pouvons-nous ignorer les leçons de Fukushima alors que la situation s’y  révèle chaque jour plus dramatique et plus incontrôlable ? Elle nous rappelle les graves dangers auxquels nous sommes exposés tant que continueront à fonctionner en France des centrales nucléaires. Certaines parties des réacteurs (cuves, enceintes de confinement, câbles inaccessibles…) vieillissent et ne peuvent pas être remplacées. Des fissures sur les cuves des centrales les plus anciennes sont déjà observées et l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) met en garde contre leur rupture après 35 à 40 ans de fonctionnement. Même les rafistolages les plus coûteux - qui exposeront au passage les intervenants à des doses élevées de radioactivité - ne permettront pas d’endiguer ce vieillissement. Le coût d’un accident nucléaire, dont l’éventualité ne peut plus être exclue, pourrait couter à la France l’équivalent de deux ans de PIB.

 

Une telle décision serait, également, un mensonge économique, car elle viserait en fait surtout à amortir le coût du parc nucléaire sur 50 ans au lieu de 40, permettant ainsi à EDF d’améliorer artificiellement ses profits. EDF a déjà réalisé une opération similaire en 2003, en portant l’amortissement de ses réacteurs de 30 à 40 ans, ce qui avait gonflé ses bénéfices de près de 700 M€ cette année-là. Une telle inscription dans les comptes d’une société cotée en bourse, partie prenante du panier du CAC 40, ne pourrait que jeter le soupçon sur la sincérité de ses comptes et sur l’état réel de la société.

 

Au plan politique enfin, ce serait remettre directement en question l’engagement du Président de la République, rappelé à plusieurs reprises, de ramener à 50 % d’ici 2025 la part du nucléaire dans la production d’électricité.

 

En conséquence, le Conseil régional du Centre, réuni les 17 et 18 octobre 2013 à Orléans :

-       réaffirme que la durée de vie prévue des réacteurs nucléaires ne doit pas dépasser 40 ans ;

-       refuse de laisser le lobby nucléaire prendre en otage la société et l’économie françaises ;

-       demande que toute la lumière soit faite sur les coûts du nucléaire et sur l’impact de la durée de vie des réacteurs sur ces coûts ;

-       rappelle fermement que l’Etat et EDF doivent respecter les consignes de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), attendues au mieux pour 2015, et que rien ne peut donc être décidé auparavant ;

-       soutient que l’ensemble de ces questions devront être débattues au Parlement lors de l’étude de la loi sur la transition énergétique qui doit être discutée en 2014.

 

Voeu rejeté : vote pour du groupe EELV ; vote contre de l'ensemble des autres groupes (PS-PRG, PCF-Front de gauche, UMP-UDI, FN).