Station expérimentale porcine : les élus écologistes votent contre et appellent à vraiment construire l’avenir

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Lors de la Commission Permanente du 16 décembre 2013, le groupe Europe Ecologie-Les Verts s’est prononcé contre une aide de 132 000€ consacrée à un projet interrégional de station expérimentale porcine au Rheu, en Ille et Vilaine. Ce projet d’expérimentation génétique porcine a pour objectif de produire plus avec moins : comment développer des cochons qui consomment moins mais grossissent plus ?

Pour nous, l’argent public doit servir l’intérêt général et préparer l’avenir. Or, le modèle agricole industriel et productiviste actuel est une impasse, où les dégâts se comptent humainement, économiquement et environnementalement. Et on remet une pièce dans la machine ? Aux frais du contribuable ?

L’objectif de ce projet est de modifier l’animal pour le rendre plus productif et résistant aux conditions d’élevage industriel. N’y-a-t-il pas une absurdité à vouloir absolument adapter l’animal à un modèle industriel incompatible avec le vivant ? Incompatible avec le respect animal, incompatible avec le respect du bien-être psychologique des personnels travaillant auprès de ces bêtes en souffrance…  

Par ailleurs, la crise bretonne montre que la course folle vers la productivité et les économies d’échelle induite par l’élevage industriel low cost est perverse, en plus de constituer un impasse sociale et économique. Emplois précaires et non-qualifiés, conditions de travail pénibles, concurrence internationale déséquilibrée, licenciements… Tout nous indique qu’il est grand temps pour nos territoires de changer de modèle productif.

Nous pouvons également évoquer les problèmes sanitaires et environnementaux qu’entraine ce système : l’utilisation abusive pour cause de promiscuité des antibiotiques et les résistances animales et humaines conséquentes, pollution des eaux (dont les effets sur la santé et sur le coût de retraitement sont désastreux).

Enfin, ce projet part de la nécessité supposée de produire plus de viande pour nourrir les 9 milliards de terriens en 2050. Il indique également que les agro-carburants occupent et occuperont beaucoup de terre, ce qui laissera moins de place à la production de protéines végétales à destination des animaux… (sans parler même des humains dont certains vivent déjà le problème en Amérique du Sud). Cette affirmation repose sur deux postulats que les écologistes dénoncent :

–          1-Le mythe de l’insuffisance alimentaire. On le sait aujourd’hui : les carences alimentaires et les famines sont avant tout liées aux guerres, à la corruption, à la non-répartition des richesses, au gaspillage, à la mainmise des groupes financiers et industriels (sur les semences entre autres) et à la recherche de rentabilité à tout prix. Plutôt que de permettre une agriculture familiale et locale, accessible à tous, ces groupes préfèrent occuper des terres au profit des agro-carburants ou encore gérer des bâtiments de plusieurs milliers de bêtes pour produire du méthane plus rentable que la production de viande… On peut ainsi se poser des questions lorsque l’on sait que le président de la FNSEA, M. Beulin, est également président de Sofiprotéol, groupe mondial leader sur le marché des agro-carburants…

–          2-Le refus de réfléchir à une autre consommation, moins carnée et plus végétale. Non seulement meilleure pour la santé mais aussi moins coûteuse, cette autre alimentation constitue une issue à ce système productiviste. C’est aussi répondre au défi climatique et énergétique par une moindre émission de gaz à effet de serre et une moindre consommation énergétique. La production industrielle de viande est l’un des secteurs les plus polluants et les plus émetteurs de GES. Les scénarios énergie Solagro ou encore l’étude d’adaptation au changement climatique Grand Ouest commandée par la DATAR et réalisée par Artelia affirment clairement la nécessité d’orienter notre alimentation vers un modèle plus raisonnable en matière de protéines animales.

Le rôle des politiques est de préparer ces changements nécessaires. Nous ne devons pas nous laisser dicter nos politiques alimentaires par le marché et l’appât du gain. Les enjeux humains et environnementaux ne permettent plus de poursuivre cette course folle. Investissons dans une agriculture respectueuse des territoires, de ses habitants et des consomateurs, une agriculture pourvoyeuse d’emplois et permettant une alimentation de qualité pour toutes et tous. Les agriculteurs biologiques ont permis de développer un certain nombre de pratiques depuis des dizaines d’années, et chacun peut bénéficier de ce retour d’expérience. Mais d’autres travaux de recherche sont encore nécessaire : c’est là qu’il faut investir l’argent public en priorité. Il va falloir aussi innover dans l’industrie agro-alimentaire, notamment pour permettre l’intégration de produits moins standardisés. Mais aussi soutenir les systèmes plus intégrés, avec aussi un soutien aux unités de transformations à la ferme dans certaines filières. Malheureusement, le pacte d’avenir pour la Bretagne nous montre une nouvelle fois que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir

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