Doux : notre système agro-alimentaire s’écroule, nous collons du sparadrap

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Après 18 mois de procédure et le licenciement de 1000 personnes, Doux va repartir grâce à une recapitalisation et l’arrivée de deux nouveaux actionnaires et le soutien de BPI France. Doux espère également une aide régionale bretonne et ligérienne et ce afin d’investir dans la modernisation des outils de production. Si nous nous réjouissons de la sauvegarde immédiate des 2200 emplois restants, nous nous inquiétons malgré tout pour l’avenir professionnel des personnes concernées sur le moyen voire même le court terme.

En effet, l’entreprise veut se moderniser et réussir à concurrencer le Brésil sur le marché moyen-oriental. Et pour concurrencer le Brésil et résister aux diktats financiers (bourses, parité euro-dollar, real-dollar), la proposition du nouveau président du directoire, repose sur l’augmentation de la productivité (et de la production) et l’abaissement du prix de revient.

Ce plan de redressement, dans la droite ligne de ce qui a mené Doux dans l’impasse actuelle, vient en écho à la crise bretonne. En effet, la chute de l’empire agro-alimentaire breton repose sur la fuite en avant productiviste. Nous ne lutterons pas contre la force de frappe brésilienne ou nord européenne, uniquement en modernisant des bâtiments d’élevage industriel pour aller vers du BBC, pas plus que nous ne lutterons contre le dérèglement climatique en  tentant de maintenir, par ce biais, sous respirateur artificiel un élevage intensif à bout de souffle.

Alors combien de temps cette reprise va-t-elle durer ? Le temps que les acheteurs du Moyen-Orient se lassent et finissent par trouver que décidément les poulets brésiliens sont vraiment moins chers ? Notre système agro-alimentaire s’écroule et nous collons du sparadrap.

Ce ne sont pas de mesures de secours aux IAA dont nous avons besoin, mais bien de mesures de transformation de notre modèle. Cela ne passe donc pas seulement par l’innovation des produits ou des process mais aussi et avant tout par des objectifs de formation au « produire autrement », d’autonomie protéinique, d’attention sur les conditions de travail, de bien-être animal, de lutte concrète contre les émissions de gaz à effet de serre, de relocalisation, de soutien à la transformation fermière, au maintien d’un élevage herbager.

Rappelons-le, les IAA doivent être au service des besoins du territoire, d’une alimentation saine et de qualité pour toutes et tous, et ces besoins ne se réduisent pas à un taux de croissance, de production ou même de compétitivité.

Le marché français de Doux (Père Dodu) se porte très bien. Il pourrait se développer encore, via plus de qualité, via les circuits de proximité, et tirer son épingle du jeu. Mais le géant industriel préfère investir dans une illusoire modernisation et intensification d’un élevage coûteux pour l’environnement, pour les hommes et les femmes qui y travaillent, coûteux pour la société, une société qui peut faire un autre choix que celui de rapports violents à l’être humain comme à l’animal…

 

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