[Mobilisation NDDL du 9/01/16] Témoignage de Sophie Bringuy

« Monsieur le président, il est temps de nous écouter, restaurez le dialogue à Notre-Dame-des-Landes. 

La réussite du rassemblement du samedi 9 janvier 2016 est sans appel, contrairement aux différentes procédures en cours contre le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Des procédures que le président de la République s’était engagé à respecter quand il était candidat en 2012 : « Moi président, pas d’expulsion tant que les recours ne seront pas épuisés », avait-il promis.

C’est pour lui rappeler cette promesse électorale que plus de 20 000 personnes se sont mobilisées samedi. Même si l’ambiance était au calme, à la bonne humeur et la convivialité, la colère contre le silence du Président de la République était bien palpable. La solidarité aussi, envers les 11 familles et 4 fermes qui aujourd’hui ont une épée de Damoclès sur la tête. Et si ces familles sont expulsées demain, et que dans 6 mois le couperet de la Commission européenne – aujourd’hui très insatisfaites des réponses de la France dans la procédure de mise en demeure pour non-respect du droit communautaire en cours – tombe et que le projet est définitivement abandonné ? On aura brisé leur quotidien, cassé leur outil de travail, bouleversé leurs vie pour… RIEN.

Plusieurs semaines avant le rassemblement de samedi, les associations d’opposants ont multiplié les demandes de rendez-vous auprès de différents membres du Gouvernement. Depuis des mois, ils envoient des éléments pour apporter un éclairage nouveau sur le dossier. SILENCE. Aucune réaction, aucun contre-argumentaire par exemple concernant l’étude de l’Atelier Citoyen sur l’optimisation de l’aéroport de Nantes-Atlantique, alternative sérieuse à un nouvel aéroport, qui saccagerait un bocage humide unique et des terres paysannes. Non seulement une alternative sérieuse, mais qui plus est moins coûteuse. Avec 7 à 10 fois mois de dépenses publiques, on pourrait obtenir un aéroport avec une meilleure qualité de service qu’à Notre-Dame-des-Landes.

Face au silence assourdissant depuis des mois du Président de la République, un silence qui a perduré malgré une mobilisation inespérée organisée dans l’urgence ce 9 janvier, et dans l’espoir d’obtenir enfin une réaction, les paysans ont décidé de bloquer, pacifiquement, le pont de Cheviré. Très rapidement, un nombre disproportionné de forces de l’ordre est arrivé sur site, exigeant le départ des paysans. Alors même que ces derniers étaient en train de démonter le dispositif d’occupation pour quitter les lieux. Comme si elles avaient pour directives de provoquer l’affrontement, les forces de l’ordre ont attaqué les paysans à coup de lances à eau et de bombes lacrymogènes. Peine perdue, la volonté de partir sans heurts était plus forte que celle de vouloir voir dégénérer la belle mobilisation de samedi. En témoignent aussi les journalistes qui étaient sur place. Et les ambulances mobilisées par les autorités publiques pour gérer les dérapages sont – heureusement – restées vides.

Alors, Monsieur le Président de la République, n’est-il pas temps d’enfin accepter d’écouter les voix qui se sont exprimées samedi ? D’écouter ce qu’elles ont à dire, les dossiers qu’elles ont travaillé, les alternatives qu’elles proposent ? Vous vous voulez être un homme de dialogue, vous montrez un certain humanisme quand il s’agit d’être le Président de la France blessée dans son cœur par des attentats odieux, pourquoi ce visage de dialogue et d’humanisme vous ne le montrez pas à Notre-Dame-des-Landes ? »

Photo Franck et co

Julie Laernoes, Christophe Dougé, Sophie Bringuy, Franck Nicolon, Pascale Chiron, Mickaël Marie et Patrick Cotrel

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