COOPERATION DECENTRALISEE : PREMIERE MISSION EN INDE POUR LES PAYS DE LA LOIRE !

Laurent MARTINEZ, conseiller régional. Membre de la Commission des Finances, du personnel, des affaires générales, de la communication et de la démocratie.

Du 11 juillet au 16 juillet dernier, Laurent Martinez, conseiller régional membre de la Commission Finances, du personnel, des affaires générales, de la communication et de la démocratie, a participé à un séjour en Inde dans le cadre de la coopération décentralisée. Du sud de l’Inde jusqu’au centre-ouest, la délégation régionale est allée à la rencontre des intellectuels, des diplomates et des acteurs de l’économie locale. Laurent Martinez nous livre ses impressions de son voyage

Quelle a été ta motivation pour participer à la mission en Inde ?

Laurent MARTINEZ : Je n’ai pas hésité une minute à me porter volontaire, lorsqu’il a été fait appel à candidats pour participer à une mission du Conseil Régional en Inde. J’imagine que vous en auriez fait de même ! Aller à la rencontre d’un tel pays ne se refuse pas…

J’entends déjà les remarques de certains : les élus s’offrent un voyage aux frais du contribuable !

Effectivement, les missions de coopération sont bien financées par le budget de la collectivité. Et en tant que membre de la Commission Finances, je me sens le devoir, non seulement, d’avoir un regard sur la bonne utilisation de l’argent public mais aussi d’en rendre compte.

 

Concrètement, comment s’organise ce type de mission ?

LM : Après quelques échanges et contacts avec l’Inde, la Région Pays de la Loire a officialisé sa coopération avec l’Etat du Tamil Nadu. Et c’est par l’ouverture d’un nouveau bureau de représentation régionale que ce lien va se concrétiser.

 

La mission était composée de quatre délégations : la délégation institutionnelle dont je faisais partie, la délégation économique (la plus importante en nombre), la délégation enseignement supérieur et la délégation presse.

Nous avons séjourné quatre jours sur le territoire indien, trois journées à Chennai (Madras), la capitale de Tamil Nadu, et une journée à Delhi. Bien entendu, impossible de connaître ce pays en aussi peu de temps ! Néanmoins, il me semble intéressant de vous décrire, avec mon regard, le contenu d’une mission de coopération décentralisée.

 

L’Inde est un géant démographique mais aussi un géant démocratique…

LM: C’est même la plus grande démocratie du monde ! Et c’est maintenant un géant économique : un marché gigantesque qui attise bien des convoitises, d’autant que ce pays affiche des taux de croissance voisins de 9%.

 

Grand, gigantesque, géant… au-delà des statistiques, cette démesure démographique, géographique et économique est bien une réalité. Nous l’avons appréhendée à chaque étape de notre mission. Spectateurs de ce pays, derrière les vitres de notre hôtel de luxe ou de nos minibus climatisés, nous avons observé avec la frustration de ne pouvoir aller à la rencontre des indiens.

Ces rencontres nous les avons faites avec des intellectuels, des responsables économiques ou des diplomates. C’est ça l’objet de la mission : mettre en relation les décideurs des Pays de la Loire avec les décideurs du Tamil Nadu. C’est plutôt bien réussi. Les visites d’entreprises, de grandes écoles, les rendez-vous avec des consultants ou responsables culturels, économiques, les soirées de représentation se sont succédées à un rythme effréné pour les uns et les autres sur ces quatre journées. Chacun d’entre nous a été un ambassadeur régional ! Et chacun d’entre nous est reparti avec des projets pour cette coopération balbutiante.

 

Beaucoup appréhendent l’Inde comme un pays sous-développé, où l’on meurt de faim. Que répondrais-tu à ces personnes ?

LM : On ne meurt pas de faim en Inde, on souffre et on meurt de malnutrition. L’agriculture indienne est en capacité de nourrir sa population, mais les conditions climatiques et les moyens de conservation des denrées alimentaires ne permettent pas d’assurer une qualité d’hygiène alimentaire. Pourquoi ? Pour de multiples raisons essentiellement dues à un déficit de service public : l’eau, l’énergie, les déchets, les infrastructures, la santé. L’État indien, très centralisateur, profite de l’essor économique pour développer un vaste plan, offensif, sur ces thématiques. Comment une Région comme la nôtre peut elle s’y associer ?

 

Comment as-tu perçu l’implantation occidentale dans ce pays ?

LM : J’ai été très impressionné par la visite du premier site Renault/Nissan, et c’était bien le but recherché ! Après plus d’une heure passée sur des routes chaotiques encombrées où se côtoient animaux, deux roues, poids lourds et autres véhicules, aux milieux de bidonvilles insalubres, nous sommes arrivés sur un site ultra moderne, vitrine de la technologie du constructeur automobile. Quel contraste ! J’avoue me poser la question de l’opportunité de jeter de nouvelles voitures sur des infrastructures qui ne supportent déjà plus le trafic actuel. Certes, Renault fait le pari de vendre des véhicules haut de gamme (notamment son 4X4 !), à une classe sociale émergente plus aisée qui ne demande qu’à consommer, mais au-delà des emplois créés, quelle est sa contribution aux besoins de développement du pays ? De plus, l’Inde possède une industrie automobile dynamique et je suis beaucoup plus séduit par ces entreprises qui sauront apporter une véritable plus value pour un développement équitable et durable du pays.

 

Cette première mission a donc été une mission de défrichage. Quelles perspectives pour la suite ?

LM : Effectivement, tout reste à construire. Ce sera la mission du bureau régional à Chennai : faciliter les démarches de coopération entre les Pays de la Loire et le Tamil Nadu, et j’espère que nous saurons donner du sens à cette coopération. En dehors du président de la Région et de la vice-présidente à la stratégie européenne et internationale, nous étions quatre élus régionaux représentants nos groupes politiques au sein de cette mission. Il a été extrêmement enrichissant pour chacun d’entre nous de pouvoir partager nos impressions sur ce voyage, et d’en conclure que notre mission pourrait se prolonger en faisant le lien avec chacune de nos délégations. Bref il s’agirait pour nous de passer d’un rôle représentatif à une dynamique d’actions complémentaires pour appuyer la volonté politique de coopération de la Région Pays de la Loire avec le Tamil Nadu.

Si je me réjouis que cette mission puisse contribuer au développement de certaines activités de notre territoire, il me semble important d’être vigilant sur l’impact, même modeste, que nous pourrons avoir sur le territoire indien. L’enjeu porte à mon avis sur l’accompagnement d’un développement respectueux de l’ensemble de la population et j’ai bon espoir que notre bureau régional saura accompagner une coopération en accord avec nos politiques publiques régionales et les valeurs humanistes que nous portons.

 

 

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