Tribune

Centrales photovoltaïques au sol :
contribution au débat

Par Isabelle Meiffren I 01/02/2010

Avons-nous vraiment besoin de développer des centrales photovoltaïques au sol pour sortir du nucléaire, diversifier nos approvisionnements vers des sources renouvelables locales ?

La réponse est oui. Mais pas à n’importe quelles conditions.

Nous pourrions botter en touche, accepter les scénarios hyper-centralisateurs, absurdes, et espérons-le irréalisables qui nous promettent de couvrir les déserts du monde d’immenses champs solaires. Mais cette position reviendrait à laisser encore une fois, à d’autres, dans d’autres lieux, la responsabilité d’ assumer nos choix et nos besoins en matière de production d’énergie.

Le photovoltaïque prendre une part dans notre bouquet énergétique, y compris en Midi-Pyrénées, et un développement maîtrisé doit permettre de baisser les coûts de cette filière, la plus chère encore aujourd’hui.

Par les économies d’échelle qu’elle permet, par sa plus grande simplicité de mise en œuvre, la filière au sol est de ce point de vue la mieux placée. La réduction des coûts de fabrication des panneaux – déjà -30 % en 2009 - que l’on peut en attendre bénéficiera à la collectivité.

Trois quarts, un quart sans compter les mauvais coups du Gouvernement

Adossé aux directives européennes, et aux lois Grenelle, la France a un objectif ambitieux, quoique à relativiser : atteindre une puissance installée en 2020 de 5040 MW soit une puissance à peine supérieure à la puissance installée à ce jour en Allemagne.

Le scénario Negawatt, scénario de sortie progressif « du tout fossile et tout nucléaire et donc de maîtrise drastique des consommations d’énergie » projette pour sa part un parc de 63 000 MWc en 2050, dont 12 700 MWc au sol.

Toujours selon le scénario Négawatt, le photovoltaïque est en capacité de couvrir 15 % de notre consommation d’électricité en 2050, sous réserve d’une forte réduction de nos consommations électricité

- trois quarts seraient fournis par des capteurs sur bâtiments et façades,

- un quart par des centrales au sol, plus faciles à mettre en œuvre et à meilleur coût,

Voilà pour la prospective, laquelle considère que si nous avons d’immenses surfaces de toitures et de façades, moins de 5 % sont équipables parce que mal orientées, ou difficiles d’accès.

Le solaire photovoltaïque sur les toitures des habitations vient cependant de prendre un sérieux coup sur la tête. Le gouvernement a adopté en janvier 2010 une nouvelle grille tarifaire. Elle fixe des contraintes d’intégration architecturales qui ferment la porte au photovoltaïque sur les toits existants, gisement à couvrir pourtant immense. Les grands gagnants de ce nouveau disposif ? Le neuf, les bâtiments commerciaux agricoles, bureaux,…

Pour les centrales au sol, le grand changement vient d’une clarification réglementaire, qui était très attendue.

Les centrales au sol consomment de l’espace ? Exact. Trois hectares pour un MW. Là encore, relativisons. 60 000 ha seraient nécessaires pour atteindre les objectifs « Négawatt » soit un carré de moins de 25 km de côté1

Mais 60 000 ha c’est moins que la superficie artificialisée tous les ans, depuis 30 ans et de manière irréversible, par l’étalement urbain, les routes, les parkings, les infrastructures,…dans la - presque - totale indifférence.

Nous avons besoin de terres pour l’agriculture ? Exact, mais rappelons au passage que des 10% d’agro-carburants prévus par les objectifs du Grenelle s’élèvent à 3,4 millions d’hectares soit 50 fois plus !

Notre ligne est claire : nous soutenons l’implantation de centrales dans les zones péri-urbaines déjà artificialisées, les friches industrielles, les carrières, les zones rurales défavorisées, les friches sans enjeux naturalistes majeurs, les terres abandonnées depuis longtemps, dans une optique de diversification des activités, les terres agricoles restant affectées en priorité à la production alimentaire.

Les collectivités doivent se saisir de cette opportunité qui leur est offerte de reprendre en main leurs compétences en matière d’énergie, en étant partie totalement partie prenante dans le montage, y compris financier de ces opérations, avec pourquoi pas des citoyens coopérateurs.

Les idées fausses ont la vie dure !

« L’énergie « grise » mobilisée pour la construction, du berceau à la tombe, de panneaux photovoltaïques est supérieure à l’énergie que l’installation va produire pendant ses années de fonctionnement ». Régulièrement, la critique fuse. Sans attendre que cette question soit posée dans les mêmes termes à nos voitures, chaudières, radiateurs, … les professionnels se sont mis au travail il y a plus de dix ans, mobilisant des laboratoires de recherche. Aujourd’hui, le temps de retour énergétique des installations complètes, c’est à dire tous équipements, éléments électroniques compris - est de 19 à 40 mois pour une centrale montée sur toiture, et entre 32 et 56 mois pour une installation verticale en façade.

Sur 30 ans, une installation sur toiture rembourse 8 à 18 fois son « contenu » énergétique, et les installations sur façade 5,4 à 10 fois.

L’industrie du PV s’est également engagée sur la collecte des modules en fin de vie, l’objectif étant de recycler les déchets à hauteur de 85 %.


Principales Sources  utilisées : Association Négawatt www. Negawatt.org

Hespul www.hespul.org

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