Face aux climato-sceptiques, gardons la tête froide…
Par Catherine JEANDEL I 4-3-2010
Le dernier livre de Claude Allègre « L’imposture Climatique ou la fausse écologie» édité chez Plon tente de discréditer les travaux et conclusions du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), de nier le rôle de l’homme dans le changement climatique, et place ainsi son auteur au premier rang des climato-sceptiques.
Un essai aux allures de pamphlet populiste
L’éclairage suivant sur le fonctionnement des publications des travaux de recherche permettra de mieux saisir la violence du caractère pamphlétaire de cet essai :Lorsqu’un chercheur ou une équipe de recherche jugent qu’ils ont accompli suffisamment de progrès dans leurs travaux, ils publient ceux-ci. Or publier est un exercice difficile qui se déroule (au mieux) en 5 étapes: 1) rédiger un article avec tableaux et courbes à l’appui 2) le soumettre à une revue scientifique (ex : Nature, Science pour les plus célèbres…) 3) laquelle le fait relire et corriger, et donc valider le travail par des collègues étrangers et experts du domaine de recherche qui restent anonymes vis-à-vis des auteurs 4) renvoie les corrections aux auteurs qui doivent prendre en compte les corrections et enfin 5) l’éditeur de la revue décide (ou non) la publication de l’article. L’ensemble du processus peut prendre entre 6 mois et un an. L’étape de relecture est particulièrement critique, qualité des données et rigueur des interprétations étant les premiers critères demandés aux travaux à publier. Si l’article est refusé, il faut remettre l’ouvrage sur le métier.Les milliers de publications sur lesquelles s’appuient les conclusions du GIEC ont suivi ce chemin rigoureux. Elles portent sur le fonctionnement physique de la planète (atmosphère, continent-biosphère, océan et interactions), sur les enregistrements des climats passés (imprimés dans les carottes de glace, les sédiments marins ou lacustres, ou encore stalagmites…), sur le fonctionnement économique et social des sociétés (démographie, consommation, développement économique…) etc…. La mise en musique de toutes ces observations est faite dans des modèles complexes qui tiennent compte des couplages et rétro-actions et des incertitudes sur le rôle –par exemple- des nuages, rôle encore mal compris, ce qui n’est pas nié par les climatologues (contrairement à ce que prétend Mr Allègre)…et dont ils tiennent compte dans les incertitudes qui entachent leurs prévisions, publiées dans le fameux rapport. En d’autres termes, les experts du GIEC ne sont pas un « groupe mafieux » (sic) mais bien des scientifiques sérieux et reconnus par leurs pairs, dont les travaux sont publiés avec soin dans les revues les plus exigeantes.Claude Allègre n’est auteur d’aucune de ces publications. Sa compétence internationale en géochimie du système solaire et de la planète terre est indéniable et lui a valu le prix Crafoord, sorte de Nobel pour les Sciences de la Terre. En revanche, il fait montre de bien peu de rigueur scientifique en s’appuyant sur cette reconnaissance pour justifier de ses propos sur le climat, domaine dans lequel il ne travaille absolument pas. Ce manque de rigueur –à la limite de l’imposture scientifique- s’illustre aussi dans le florilège d’erreurs et de distorsions qui émaillent les citations auxquelles il se réfère pour appuyer sa démonstration (voir « Le Cent-Fautes de Claude Allègre », le Monde du 27 février, reproduit ci-dessous). De plus, il use d’un style populiste et insultant qui n’a rien à envier à celui de Jean-Marie Le Pen (voir à ce propos l’excellente analyse de Jane Lindgaard dans Mediapart http://www.mediapart.fr/journal/france/220210/claude-allegre-en-poujade-du-climat). Si le doute et la remise en question sont à la base de toute avancée scientifique -et acceptés par tous les chercheurs- ceux-ci doivent s’exprimer avec éthique, suivant le même chemin que celui décrit plus haut pour les publications. L’essai de Claude Allègre, qui prétend incarner le doute, est bien loin de répondre à ces règles déontologiques de base, ce qui le rend particulièrement choquant sur la forme…et contribue fortement à le décrédibiliser.
Ne pas confondre météorologie et climatologie
Sur le fond, puisqu’il y a une tentative de fond, que cherche à démontrer Claude Allègre? Il nie la réalité du réchauffement et réfute la conclusion que ce réchauffement serait du aux émissions de CO2 par l’activité humaine. Sur le premier point, citons p 18 « depuis dix ans, la température moyenne du globe a désormais tendance à décroître». Cette assertion est fausse, comme l’explique à Jane Lindgaard Hervé Le Treut, directeur du laboratoire de météorologie dynamique et (lui aussi…) membre de l'Académie des Sciences «L'effet du réchauffement lié aux gaz à effet de serre, qui ne fait que commencer, se superpose à celui de la variabilité naturelle. Ainsi l'année 1998 a été particulièrement chaude, et par comparaison les années suivantes apparaissent plus froides. Mais sur trente ans, on observe des niveaux qui montent, particulièrement dans la région Arctique où l’on observe désormais des effets très clairs comme la fonte du Groenland ou le retrait de la banquise d'été: ces effets ont été particulièrement importants dans la dernière décennie.» En témoignent aussi les derniers travaux d’Anny Cazenave (LEGOS, Toulouse, membre de deux Académie des Sciences, française et US) et de son équipe, qui montre que depuis 5 ans, 85% de l’augmentation du niveau de la mer –suivie de très près par satellite et marégraphes- s’explique par la fonte des glaciers continentaux (le reste étant la dilatation des eaux), phénomène qui s’est considérablement accéléré depuis 2003…sous l’effet du réchauffement. Les indicateurs de la sorte sont pléthores : à la remise en question de la qualité des mesures de températures dans le temps (glosée par C Allègre), les oiseaux (et bien d’autres espèces vivantes) apportent leur propre réponse avec efficacité, comme le révèle la courbe ci-dessous…à moins que les oies cendrées ne participent à cette immense conspiration mafieuse ?
C. Allègre reprend à son compte une critique de café du commerce contre la climatologie: « comment une science pourrait-elle prétendre connaître les températures du futur alors qu'on ne sait pas quel temps il fera dans trois jours ? » C’est confondre météorologie, variabilité à court terme et climatologie «On ne saura jamais calculer si le mois de juin 2056 sera pluvieux en France, reprend Hervé Le Treut. La notion de risque climatique futur se base sur un fait simple: un gaz à effet de serre comme le CO2 reste longtemps dans l'atmosphère. Plus de la moitié de ce que nous émettons maintenant sera encore là dans un siècle, et les modèles en évaluent les impacts partout sur la planète.»Or, ces modèles évaluent tous un réchauffement, résultat de l’augmentation du CO2 et autres « gaz à effet de serre » dans l’atmosphère. Ce qui n’est pas une idée nouvelle…déjà, en 1896, le savant Suédois Arrhénius estime, après avoir effectué une simple règle de trois, qu'un doublement de la quantité de CO2 devrait augmenter de 4° la température moyenne. A cette époque, il espère ainsi que l'exploitation du charbon permettra de repousser la prochaine ère glaciaire. Le géologue américain T. Chamberlin arrivera indépendamment aux mêmes conclusions…eux aussi, acteurs de la grande conspiration mafieuse ?
Rôle du Soleil ?
Claude Allègre s’appuie sur les variations de l’insolation, qui aurait été sous-estimées par les climatologues, pour arguer du fait que les variations de températures moyennes du globe seraient le fait des variations de l’activité solaire. Or, la physique solaire n’est pas l’apanage de l’Institut de Physique du Globe de Paris, que Mr Allègre a dirigé pendant longtemps. Les travaux les plus récents estiment que ces variations expliquent 10% du signal climatique seulement…lire à ce propos le compte rendu savoureux d’une joute verbale à huis clos, qui s’est déroulée à l’Académie des Sciences entre les (quelques) partisans de Mr Allègre et nos plus éminents climatologues (Sylvestre Huet, Libération.fr, 14 mars 2007, reproduit ci-dessous)
Réchauffement : oui mais, pas seulement…
Il est fort regrettable que cette salve de propos faux et provocateurs masque une dénonciation plus globale de la dégradation de notre environnement, dénonciation légitime et voulue par l’auteur…dégradation connue depuis longtemps par la communauté scientifique, et dénommée « changement global ». En effet, au-delà du réchauffement, la main de l’homme a considérablement modifié et dégradé son environnement, et il y a urgence sur les problèmes de ressources en eau, de rejets de nitrates, d’acidification des océans, d’urbanisation anarchique avec pour conséquences inondations et glissements de terrain. La encore, Claude Allègre semble vouloir faire croire qu’il est le seul à dénoncer cet état des choses alors que, sous l’égide des académies des sciences, de grands programmes de recherche coordonnés mondialement focalisent leurs efforts sur ces questions. Le CNRS n’a pas attendu Mr Allègre pour afficher ces questions comme un axe prioritaire de recherche pour les 20 années futures, en même temps que la douloureuse question des ressources : nous vivons sur un planète finie, dont on consomme les ressources à 125%, qu’il est urgent de mieux gérer si on veut laisser un environnement vivable et en paix aux générations futures.
Motivations ?
L’interrogation suivante court sur toutes les lèvres face à cette attitude populiste, destructrice, insultante d’un chercheur pourtant renommé : Que cherche t il donc par ces agitations scandaleuses ? Revenir au premier rang de la scène, en tête de gondole des best sellers ? Prendre sa revanche face à une communauté qu’il n’a pas su (ou pas voulu à l’époque) intégrer? D’autres dénonciations mal argumentées sont tristement célèbres : pendant plus de 40 ans, certains scientifiques et journalistes réputés ont voulu faire croire que l’homme n’était jamais allé sur la lune, que le monde entier avait été victime d’un grand complot orchestré par les USA sur des motivations de guerre froide et de domination face à l’URSS...jusqu’à ce qu’en décembre dernier les photos prises par un satellite japonais rétablissent la vérité. Les premières révélations sur les méfaits cancérigène du tabac ont aussi levé moult oppositions…les opposants étant par ailleurs grassement rémunéré par l’industrie du tabac. On sait qu’aux USA, des lobbyistes sont payés par les compagnies pétrolières pour faire agiter le climato-scepticisme au sein du gouvernement américain…
Le cent-fautes de Claude Allègre
LE MONDE | 27.02.10 | 13h50
Dans son dernier livre, L'Imposture climatique (Plon, 300 p., 19,90 €), un ouvrage d'entretiens avec le journaliste Dominique de Montvalon, le géochimiste et ancien ministre Claude Allègre formule des accusations d'une extrême gravité contre la communauté des sciences du climat. La cible principale de l'ouvrage est le GIEC, défini à tort par l'auteur comme le "Groupement international pour l'étude du climat" - il s'agit en réalité du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
M. Allègre évoque un "système mafieux" ayant conspiré pour faire passer, aux yeux de l'ensemble du monde, un "mythe" pour un fait scientifique. Très médiatisé, l'ouvrage comporte de nombreuses approximations et erreurs factuelles à même de tromper le public. En voici quelques-unes.
P. 22 "Une étude parue dans la revue Science suggère que l'augmentation de la température dans l'hémisphère Nord de 1970 à 2000 est peut-être due à l'élimination des poussières de charbon dans l'atmosphère, ce qui a facilité l'ensoleillement. L'augmentation (des températures) n'aurait donc rien à voir avec le CO2", écrit M. Allègre, citant une étude en effet publiée par Science, en mars 2007. Les deux premières phrases de cette publication démentent l'interprétation qui en est faite par l'ancien ministre. "Des tendances notables au réchauffement sont observées dans l'Arctique. Bien que les émissions humaines de gaz à effet de serre à longue durée de vie en soient certainement la cause principale, les polluants atmosphériques sont aussi importants."
P. 68 "Au total, l'Antarctique ne semble pas fondre. En tout cas, ce n'est pas perceptible." La réduction des glaces de l'Antarctique n'est pas due à une fonte mais au glissement des glaciers dans la mer. Elle est très perceptible. Grâce aux données satellitaires, les travaux d'Isabella Velicogna (université de Californie à Irvine, JPL) ont montré qu'entre 2002 et 2006, l'Antarctique a perdu, en moyenne, 104 milliards de tonnes (Gt) de glace par an. Entre 2006 et 2009, ce taux est passé à 246 Gt par an. Les pertes de glaces du Groenland et de l'Antarctique sont l'une des principales causes de l'augmentation du niveau marin.
P. 68 "Au Moyen Age, lorsque les Vikings ont découvert le Groenland, il y avait encore moins de glace qu'aujourd'hui. C'est pour cela qu'ils l'ont appelé le "pays vert"", écrit M. Allègre. L'étymologie proposée est correcte, mais les raisons avancées sont fausses. La Saga d'Erik Le Rouge, (datée du XIIIe siècle) témoigne qu'"Erik (le Rouge) partit pour coloniser le pays qu'il avait découvert et qu'il appelait le "Pays vert", parce que, disait-il, les gens auraient grande envie de venir dans un pays qui avait un si beau nom". La période chaude du Moyen Age - au moins sur l'hémisphère Nord - est sans équivoque. Mais l'écrasante majorité des travaux de reconstructions paléoclimatiques suggèrent qu'elle était moins chaude que la période actuelle.
P. 73 A propos de l'influence du réchauffement sur les ouragans, "certains spécialistes comme Wester, Tech ou Kerry Emmanuel pensent" qu'elle est réelle, écrit l'auteur. "Wester" est Peter Webster. Quant à "Tech", ce nom n'existe pas. L'auteur a confondu le nom de l'institution de M. Webster (Georgia Tech, diminutif de Georgia Institute of Technology) avec celui d'une personne.
P. 78 L'auteur fait état de travaux montrant qu'il y a 125 000 ans, il faisait "6 °C de plus qu'aujourd'hui, et le CO2 de l'atmosphère était moins abondant". La référence donnée est celle des travaux de "Sine"et de ses collaborateurs, prétendument publiés dans Science en novembre 2007. Cette publication n'existe pas dans les archives de Science.
P. 94 Claude Allègre s'indigne de ce que les travaux de Jean-Pierre Chalon sur les nuages n'auraient pas été pris en compte par le GIEC. M. Allègre cite ce passage d'un livre de M. Chalon : "Ces processus sont encore assez mal compris. C'est une des difficultés majeures et une des principales sources d'imprécision que rencontrent les tentatives de prévision des évolutions du climat. " "Je m'interroge, poursuit M. Allègre. Pourquoi un tel expert n'a-t-il pas été davantage impliqué dans les processus du GIEC ? (...) Réponse : cela fait partie du "totalitarisme climatique". Emettre des nuances, c'est déjà être un adversaire du "climatiquement correct"." Voici pourtant ce que l'on peut lire dans le résumé du dernier rapport du GIEC : "Pour l'heure, les rétroactions nuageuses constituent la principale source d'incertitude des estimations de la sensibilité du climat."
P. 109 Claude Allègre produit une figure montrant un lien étroit entre plusieurs courbes : celle donnant l'évolution de la température globale moyenne de la basse atmosphère terrestre au XXe siècle, celle de l'irradiance solaire, et deux autres, donnant les variations du magnétisme terrestre. Cette figure a certes été publiée en 2005, puis en 2007, dans la revue Earth and Planetary Science Letters (EPSL). Mais elle a été clairement réfutée en décembre 2007, pour des erreurs d'attribution de données.
P. 138 Claude Allègre présente comme très forte l'opposition de la communauté scientifique aux conclusions du GIEC. Il écrit : "L'événement le plus significatif est peut-être le vote qui a eu lieu parmi les spécialistes américains du climat. (...) Le 19 octobre 2009, le Bulletin de la Société météorologique américaine en a rendu publics les résultats. Les voici : 50 % d'entre eux ne croient pas à l'influence de l'homme sur le climat, 27 % en doutent. Seuls 23 % croient aux prédictions du GIEC." Interrogé, Paul Higgins, un responsable de l'American Meteorological Society, se souvient de cette enquête. A ceci près qu'elle ne concernait nullement les "spécialistes américains du climat", mais les présentateurs météo des chaînes de télévision américaines...
Stéphane Foucart
Article paru dans l'édition du 28.02.10
L'Académie des sciences s'échauffe sur le climat (Libération.fr du 14/03/07)
Une séance opposait hier les pro et anti-Allègre sur l'action du Soleil et des gaz à effet de serre.
HUET Sylvestre
Rififi à l'Académie. Hier, en séance publique dans la grande salle aux boiseries et bustes de savants, il y avait match. A droite, les Allègre boys. Les géophysiciens Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël, de l'Institut de physique du Globe. A gauche, les climatologues Hervé Le Treut (Laboratoire de météorologie dynamique) et Edouard Bard, professeur au Collège de France. Objet du match : le climat qui change. Score : dix à zéro en faveur des climatologues.
Tollé. A l'origine de cette séance, raconte un académicien, un pétage de plomb de Claude Allègre dans une réunion antérieure. Le géochimiste part alors dans une diatribe virulente sur les modèles des climatologues qui ne valent rien, les météorologues qui ne savent pas mesurer la température, le Soleil qui est le vrai responsable des changements climatiques récents. Du coup, concluait-il, c'est irresponsable de conseiller aux gouvernements des politiques anti-émissions de gaz à effet de serre. Tollé des climatologues présents. L'Académie décide donc d'une discussion sur le sujet... mais craint de s'y déconsidérer. D'où une séance à huis clos, lundi 5 mars, censée permettre un «défoulement» des humeurs, et la séance publique d'hier, prévue «plus soft», s'amuse un familier du lieu.
Hier, ce fut donc courtois. Mais un peu cruel pour les chevau-légers dépêchés par Claude Allègre, absent. Jean-Louis Le Mouël devait essayer de convaincre son auditoire que les variations d'activité du Soleil pouvaient expliquer les évolutions du climat depuis un siècle. Mais la théorie ne s'appuie que sur quelques corrélations confuses entre cycles solaires et températures, toutes antérieures aux années 80 au moment même où, selon les climatologues, les gaz à effet de serre émis par l'homme prennent les manettes de l'évolution climatique. Surtout, fit remarquer Edouard Bard, même si l'hypothèse était bonne, elle n'interviendrait dans le bilan radiatif de la Terre que pour «quelques dixièmes de watt, un ordre de grandeur au moins en dessous de l'action des gaz à effet de serre émis par l'homme».
Décorticage. Car, en face, Hervé Le Treut et Edouard Bard, professeur au Collège de France, ont brillamment «déroulé» leur jeu, avec des présentations percutantes sur la modélisation du climat et l'analyse des données d'observation. Fondées sur l'intense travail des climatologues depuis trente ans, elles ont produit, dit Le Treut, une «convergence telle des indices et des modèles éprouvés, un consensus sur un ensemble d'éléments factuels, que la charge de la preuve est renversée». Edouard Bard, de son côté, a tranquillement étourdi l'équipe adverse par la précision de ses frappes. Le démontage de l'hypothèse solaire, en particulier le décorticage assassin d'un article cité par Vincent Courtillot, se terminant par un penalty indiscutable. Du coup, la référence à l'incompris Alfred Wegener le géologue qui proposa sans succès dès le début du siècle dernier l'idée de la dérive des continents émise par Vincent Courtillot pour en endosser le rôle anticipateur, faisait irrésistiblement penser à l'adage des labos de physique : «N'est pas Einstein qui veut».
Le débat qui a suivi a permis d'illustrer un propos récent de Catherine Bréchignac, la présidente du CNRS, appelant les scientifiques à se limiter aux sujets de leur compétence dans leurs propos publics. Quelques académiciens ont posé des questions de cours aux conférenciers, se sont inquiétés des «prévisions apocalyptiques» des climatologues, se sont échappés vers la «pénurie d'énergie», ont limité les conséquences du réchauffement au drame «des stations de ski»... Une séance «pas très réussie», admettait en sortant un astrophysicien.
RETOUR