Tribune

Un débat public tronqué
par Guillaume Cros (Tête de liste Europe Ecologie Tarn) I 25/01/2010

Le débat public représente une réelle opportunité pour le citoyen qui peut exprimer ses besoins et s’associer en transparence à la prise de décision. Et c’est efficace, puisqu’après 9 réunions, on a compris que le choix n’en est pas un, car les études portent sur 2 scénarii de voies rapides, sans comparaison avec l’aménagement à minima de l’existant. A quoi bon débattre de l’opportunité de l’autoroute si, au final, on ne peut disposer d’études fouillées sur les alternatives, privant ainsi la population d’un débat fondamental pour l’avenir de sa région ?Il est regrettable de constater qu’en 2010, la question de l’avenir d’un territoire passe encore par le recours automatique au tout routier et donc à l’autoroute.

Que dire de ce nouveau projet d’autoroute ? Au plan social, le projet s’inscrit dans une démarche de privatisation de l’espace public avec toute l’injustice qui en découle pour les personnes les moins bien loties. Le péage n’est pas l’identique d’une contribution par l’impôt, et le principe utilisateur = payeur est fallacieux. Il profite aux plus fortunés car la progressivité de la participation est gommée.

C’est aussi contraindre les citoyens à se délocaliser quotidiennement sur la banlieue toulousaine, sans anticiper sur l’hypertrophie de la métropole régionale, et sur le manque d’emplois localisés sur le bassin Castres Mazamet. Cela accentue la fragilité des budgets des ménages, par le coût des carburants et du péage.

C’est préparer un espace dortoir, dont on ne pourra s’extraire que par l’automobile. C’est une façon d’envisager l’avenir, héritée des années 70, mais une vision obsolète d’un système qui nous a conduit à une crise mondiale, économique et environnementale, sans précédent. La loi économique immuable qui lie emploi et déplacements n’a plus cours et l’économie locale ne peut se suffire de paris si l’on veut qu’elle s’inscrive dans un développement durable. Martelons-le : une autoroute n’est pas un investissement écologique, et ceux qui prétendent le contraire sont au mieux opportunistes, au pire enfermés dans leurs certitudes.

Nous devrions donc pouvoir débattre ici, non pas de quel type d’autoroute nous souhaitons pour les 25 ans à venir, mais de quelle manière la plus juste, et dans quel environnement, nous souhaitons développer le territoire.

Observons les atouts de cette région sud Tarn. Le secteur agricole M-P, c’est 100 000 emplois, deux fois plus que l’aéronautique. Avec ce projet autoroutier, nous sommes sur le point de sacrifier des terres agricoles, déjà menacées, alors que nous ne sommes pas capables de tenir les engagements de 20% de produits bio et locaux dans les cantines pour améliorer la santé des enfants, non pas faute de volonté – elle existe parfois - mais surtout faute de production locale.

Le bois et le granit de la montagne sont aussi des ressources locales. Relocalisons leur transformation et leur utilisation pour économiser les milliers de kilomètres que ces marchandises parcourent ordinairement.

Pour le transport de marchandises, étudions en priorité les déplacements de fret par l’implantation d’une gare de fret multimodale sur le bassin Castres-Mazamet, et sans la concurrence d’une autoroute.

Pour le déplacement collectif des personnes, tout reste aussi à faire.

Pour Castres et Mazamet, seuls le doublement de la voie ferrée, des renforcements des cadences aux heures de pointe, et un confort des rames, permettront une vraie concurrence à la route. C’est aussi la mise en place de TER express vers Toulouse, notamment pour les habitants de la vallée du Girou. Tous ces dispositifs fonctionnant en coordination avec les transports de la métropole toulousaine qui a pour objectif de réduire au maximum l’usag de la voiture.

C’est une question de choix et de volonté politique qui nécessite un engagement massif de l’Etat. C’est cette dynamique-là que nous devons choisir et non des solutions qui ont fait leur temps. Les idées et les possibilités ne manquent pas et cela deviendra une réalité si nous ne restons pas sur un mode de développement prédateur pour la planète et pour ses habitants.

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