Le 3 février, nous avons eu le plaisir d'accueillir et pour quelques jours trois militants russes (chercheurs, auteurs scientifiques et militants écologistes). À l’invitation d’Europe Écologie Haute-Normandie, cette délégation d’écologistes russes est venue témoigner de l’activité du groupe Uralchem en Russie. Leur témoignage est malheureusement édifiant. En effet, le producteur russe, Uralchem (n°2 en Russie pour la production d‘engrais), prévoit d’implanter une usine à Dieppe, dont l’activité consistera à assembler et conditionner du nitrate d’ammonium pour faire de l'engrais.
Durant leur séjour, ils ont pu exposer leurs craintes aux dieppois, aux militants et candidats Europe écologie, mais surtout à la presse invitée à les rencontrer (un reportage devrait passer sur TFI dans les semaines à venir). Ils font partie d’une association internationale de protection de l’environnement unique en Russie, MSoES (International Socially-ecological union), qui compte plus de 10 000 personnes dans 19 pays, et qui coopère notamment avec des organisations telles que Greenpeace Russie ou WWF.

Les arguments écologistes ne manquent pas pour s’opposer à ce projet, nous avions déjà des craintes (voir la pétition) qu'ils ont conforté . Ils sont voisins d'une usine d'engrais "gérée" par Uralchem et qui est en piteux état. Outre le fait que l’usage d’engrais représente des risques écologiques et sanitaires importants, qu’ils polluent les nappes phréatiques déjà surchargées en nitrate et contribuent à la prolifération des algues vertes, il s’agit d’un choix de développement urbain et économique archaïque et largement contestable.
Le lieu d’implantation choisi est dans l’ancien port de commerce de Dieppe, soit en plein centre-ville, à proximité d’habitations et d’un éco-quartier ! L’usine comportera deux unités de stockage de 2 500 tonnes de granulés, et deux unités de production et quatre cuves pour stocker le mélange, le tout sur 2,6 hectares. Une grande partie des engrais partiront de l’usine en camions-citernes, ce qui prévoit un beau défilé en plein cœur d’un lieu de vie ! Et c'est un débouché pour le grand Ouest, mais aussi vers l'Angleterre qui d'ailleurs n'a pas voulu sur son territoire d'un tel complexe industriel. Une explosion dans une entreprise du groupe a d'ailleurs eut lieu à Riga.
Et tout cela pour ne créer que 40 emplois directs d’après le président d’Uralchem Normandie. Ces 26 000 m2, s’ils étaient utilisés à bon escient et accueillaient par exemple, une pépinière d’entreprises vertes et solidaires, pourraient contribuer à un développement économique durable et créateur de beaucoup plus d’emplois.
Pour mémoire, l’histoire récente des usines d’engrais azotés, c’est AZF… Selon l’industriel, le produit ne serait qu’à 14,8% d’ammoniac, soit juste en dessous du seuil le plus bas pour un classement SEVESO. Le rapport de la DREAL (ex-DRIRE) pour confirmer ces chiffres est toujours attendu.
SEVESO ou pas, nous savons d’ores et déjà que ce projet est incompatible avec notre mode de vie, avec une demande sociale de plus en plus tournée vers un cadre de vie préservé, et un mode de développement agricole tourné lui aussi vers des alternatives plus respectueuses de l’environnement.