La campagne
Témoignages de campagne sur le Maroni
Nous menons une politique de proximité et dans ce cadre nous avons tenu tout au long de la campagne électorale à rencontrer les populations. Depuis deux mois, nous nous sommes rendu dans les communes de l’intérieur et notamment sur le Maroni où nous avons passé plusieurs jours avec les habitants.
Afin de mener à bien un projet politique, il est nécessaire d’écouter et surtout de retenir les nombreuses doléances des populations. Le constat est récurrent car depuis plusieurs années nous nous rendons dans ces villages et ce sont toujours les mêmes demandes qui reviennent.
Ce sont des problèmes d'eau potable, d'énergie, de traitement des déchets et surtout de disposer des mêmes services qu’à Cayenne.
A Grand Santi, on constate qu’il n’y a toujours pas de téléphonie, d’accès à Internet et en ce qui concerne la télévision il n’y a qu’une seule chaîne, télé guyane.
Au dernier recensement cette commune comptait 3500 habitants, aujourd’hui elle atteint plus de 5000 habitants et est la commune de Guyane la plus isolée et surtout avec le moins de moyens. Malgré une mission entre la Région et la Poste de Guyane, Grand Santi n’a toujours pas de véritable bureau de Poste, on ne peut pas retirer d’espèces, les habitants sont obligés de se rendre à Saint-Laurent pour leurs opérations postales, 6 à 8 heures de pirogue selon la saison, quand au coût que représente un tel déplacement n’en parlons même pas.
Grand Santi est doté d’un collège, dans deux ans ce collège ne sera pas assez grand pour accueillir les enfants. Il n’y a même pas d’internat pour recevoir les enfants d’Apaguy qui ne peuvent pas rentrer chez eux tous les soirs, des familles d’accueil se sont improvisées et c’est sans ressources qu’elles le font dans un esprit de solidarité.
En ce qui concerne les modes de déplacement, la priorité n’est vraiment pas une route mais plutôt la mise en service d’un transport aérien reliant Grand Santi à Saint-Laurent pour les situations urgentes. Pour eux, le déplacement en pirogue est leur mode de transport naturel et ils veulent le conserver. Il faudrait aménager le fleuve pour que les passages de sauts soient moins dangereux avec la mise en place de "foutou passi", des passages de sauts par rail comme sur le Tapanahoni.
Entre Papaïchton et Maripasoula, la demande est l’ouverture de la route entre ces deux communes afin de mettre en place des transports en commun permettant aux enfants, aux personnes âgées et aux malades de se déplacer plus facilement.
Papaïchton est aussi une commune avec de nombreux écarts : Loka, Assisi, Boniville et Cottica qui est un village côté Surinam mais où tous les habitants ont la nationalité française. Cottica est le premier village Boni créé au temps du marronnage. Cottica, Loka et les autres écarts représentent plus de 300 électeurs et pour aller voter ils sont obligés de se rendre à Papaïchton, plus de 30 minutes de pirogue et dune consommation inutile e carburant. On s’étonne du taux d’abstention sur le fleuve, il n’y a rien de surprenant. Il serait pourtant simple d’installer un bureau de vote à l’école de Loka.
Les problématiques dans les villages Wayanas sont les mêmes, pas de bureau de vote, entre 2 et 3 heures de pirogue, là aussi on pourrait installer un bureau de vote à Taluen, on se demande vraiment si ces populations sont considérées comme des électeurs à part entière.
Les demandes des populations du Maroni
- Energie : Ils ne veulent plus de groupes électrogène, l’essence est chère et c’est polluant, ce qu’ils désirent ce sont des panneaux solaires.
- Déchets : les décharges à ciel ouvert polluent leurs villages. D’autre part, ils récupèrent les piles usagées, le verre mais ils ne savent pas quoi en faire car il n’y a aucun ramassage de prévu.
- Agriculture : Ils pratiquent depuis toujours la culture de l’abatti, pourtant elle n’est plus reconnue officiellement par la chambre d’agriculture. D’ailleurs, ils n’ont jamais vu personne de la chambre se déplacer. Ils souhaiteraient pouvoir installer des petites unités de transformation, faire de l’élevage mais ils n’ont pas les moyens financiers, pourtant l’aide aux installations et aux petites entreprises est bien une compétence de la Région. Il faut aider les jeunes à s’installer car ils voudraient bien rester sur place mais le manque d’activités dans leurs villages les fait partir ailleurs.
- Orpaillage : Pourquoi le parc national a-t-il autorisé l’orpaillage autour des communes ? Il y a pourtant déjà les nuisances de l'orpaillage clandestin qui pollue les fleuves, qui détruit les forêts et qui élimine le gibier. A quoi sert le barrage de Cayodé ? il est contourné par les clandestins en toute tranquillité.
- Sport : A part le foot, il n’y a pas d’autres équipements pour la pratique du sport et pourtant ils souhaiteraient bien pouvoir pratiquer d’autres disciplines sportives, la jeunesse doit pouvoir s’occuper.
- Communication : Dans un pays comme la Guyane qui est capable de lancer des satellites, ils n’ont pas Internet et souvent pas de téléphone. C’est aussi une compétence de la Région. A Pidima, on peut trouver deux antennes de deux entreprises différentes qui sont en train de rouiller. Apportées par hélicoptère, elles n’ont jamais été fonctionnelles.
- Centre de soins : Ils sont insuffisants comme à Grand Santi, Papaïchton, Twenké voir inexistants comme à Cayodé. Une vraie politique de santé doit être mise en place sur le Maroni.
- Maisons administratives : La plupart des démarches administratives doivent être faites à Saint-Laurent ou à Cayenne, coût élevé et perte de temps alors qu’il serait simple d’aménager des maisons administratives dans toutes les communes.
Témoignages :
Un jeune de Grand Santi :
"Avant dans le village, les habitants pouvaient voir passer des bandes de cochons bois. De temps en temps, nous en chassions un ou deux pour nous nourrir. Maintenant, avec l’orpaillage clandestin, on ne voit plus du tout de gibier, notre forêt est pillée".
Une dame de Papaïchton :
"Ma grand-mère faisait la culture de l’abatti et cotisait pour cette activité ; maintenant elle touche une retraite. Moi-même, je pratique l’agriculture traditionnelle mais ce n’est plus reconnu et donc contrairement à ma grand- mère, je ne percevrais pas de retraite".
Une institutrice du haut Maroni :
"Je suis complètement découragée, çà fait un an et demi que je suis là, je comptai rester longtemps mais j’ai décidé d’arrêter au moins de juin. Tous les projets pédagogiques que j’avais élaboré n’ont pas pu se réaliser. On ne voit jamais personne, le rectorat et les collectivités nous délaissent complètement".
Pendant tout notre séjour, nous avons eu plein d’autres témoignages tout aussi poignants.
Il est temps qu’en Guyane on pratique une politique de proximité qui tienne compte des doléances des populations et surtout arrêter de penser pour eux et de leur faire des promesses qui ne se réalisent jamais. Guyane-Ecologie se rendra sur le terrain et mettra en place son projet avec la collaboration de toutes les populations.
Brigitte René-Corail, Porte Parole de Guyane Ecologie
Guyane Ecologie salue le courage de nos deux colistiers du Maroni, Claude Abati de Papaïchton et Aiku Alemin d'Antecum Pata qui ont su faire campagne et mobiliser des équipes sur le Maroni malgré les difficultés de communication et de logistique.