Ce mercredi, une manif sous tension (Libération, 23 juillet 2014)

libération

par M. Ecoiffier et R. Dodet,

PCF, PG, EE-LV et certains socialistes doivent défiler à Paris.

Manifester son soutien à la population palestinienne qui vit l’horreur tout en excluant les auteurs d’actes ou de propos antisémites des cortèges. Tel est l’impératif que doivent tenir les associations et partis de gauche appelant à manifester ce mercredi. Le défilé parisien, qui s’élancera de Denfert-Rochereau à 18 h 30, va réunir un large panel de formations : PCF, Parti de gauche, Europe Ecologie-les Verts seront cette fois présents aux côtés du Nouveau parti anticapitaliste. S’y trouveront aussi une trentaine de socialistes. Bravant la consigne de leur parti, ces derniers s’appuient sur un communiqué de 2009 du PS condamnant «l’intervention terrestre israélienne en réponse aux tirs de roquettes du Hamas».

A l’occasion d’un dîner à l’Elysée, Hollande a dit souhaiter «que la manifestation de mercredi se passe bien. […] C’est très important de montrer que manifester ses opinions est possible dans le respect de la République». Une manière de sous-entendre que le cortège, autorisé par la préfecture, aura valeur de test après les débordements de ce week-end.

Chacun doit bien mesurer «le sens des mots», a averti Manuel Valls mardi dans le Parisien. Les organisations propalestiniennes n’ont pas attendu le Premier ministre pour peser leurs communiqués au trébuchet. «Dès qu’un événement survient à Gaza, certains éléments antisémites pensent que l’émotion générale qui habite les manifestations peut leur permettre de s’y greffer», remarque Jean-Claude Lefort, président d’honneur de l’Association France-Palestine solidarité (AFPS), à l’origine du rassemblement. Toutes les organisations présentes dans les cortèges disent appliquer la même méthode, via leurs services d’ordre, à l’égard des manifestants antisémites. «Quand on en voit qui brûlent des drapeaux israéliens ou chantent des slogans antijuifs, on les vire. On l’a déjà fait», rappelle Taoufiq Tahani, président de l’AFPS. «Il y a deux ans, on a viré Dieudonné d’une manif de façon très paisible», se souvient Alain Krivine, cofondateur du NPA.

 

Certains s’inquiètent cependant d’une possible dérive : «On ne peut pas nier que les rancunes populaires sont en train de se concentrer sur le propalestinisme, dont l’antisémitisme devient parfois une expression. A tort, car les juifs n’ont rien fait aux jeunes des banlieues. Nous n’avons pas à payer cette guerre ici, où le vivre-ensemble est très fragile», rappelle la sénatrice écologiste Esther Benbassa. Et Jean-Claude Lefort de rappeler l’écueil menaçant ce type de rassemblement : «Si on veut tuer la question palestinienne, il suffit de brandir l’antisémitisme.»

 

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