Une soirée sur le thème du spectacle vivant

Spectacle vivant C EO

180 personnes : comédiens, metteurs en scènes, producteurs, programmateurs, diffuseurs, élu-e-s et publics se sont réunis ce lundi 2 décembre afin d’échanger sur la thématique : « Spectacle vivant : construire ensemble de nouvelles dynamiques » au Théâtre de l’Hôtel de Ville de Saint-Barthélemy-d’Anjou.

Apres un accueil de Jean-François Janneteau, Maire de Saint-Barthélemy-d’Anjou qui s’est félicité de cette initiative et s’est enthousiasmé par le dynamisme du THV, Corinne Bouchoux a ouvert la soirée.

La Sénatrice de Maine et Loire a expliqué que cette initiative est  venue d’une rencontre avec le SAAS et du partage d’un constat : alors que le Maine et Loire compte de nombreux acteurs dans le domaine du spectacle vivant et que la chaîne de production artistique locale se caractérise par son dynamisme, la plupart des acteurs ne se connaissent pas ou mal, il existe également un certain isolement qui fragmente la filière. D’où l’envie de proposer une soirée fondatrice pour un nouvel élan afin de renforcer les coopérations et créer de nouvelles synergies.

Il s’agissait d’une première dans le monde du spectacle vivant en Maine et Loire et dans la région.

Enfin, la Sénatrice a proposé que l’état des lieux qui serait établi devrait être retravaillé et a donné RDV à tous les participants pour une journée de travail sur le sujet en juin 2014 sous forme de séminaire.

Pour Michel Auger, Secrétaire général de l’Etablissement Public de Coopération Culturelle le Quai, la programmation révèle avant tout un certain embarras des choix. Comme programmateur, il reçoit des centaines de demandes par semaine et voit près de 250 spectacles par an. Il a expliqué que la programmation se fait à la fois en suivant certaines règles, mais également « au ressenti » du programmateur afin que la saison soit cohérente. Face à cette diversité et profusion de spectacles, les choix qu’il doit opérer s’avèrent parfois difficiles.

Le Quai a pris la décision de programmer au moins un spectacle étranger par an. Des échanges ont lieux avec les partenaires afin de répartir les spectacles. L’ambition de ce théâtre est nationale, mais il souhaite aussi que Le Quai reste ancré au niveau local.

Brigitte Livenais, Directrice du THV a insisté sur son rôle d’accompagnement des projets artistiques. Elle dirige une salle pluridisciplinaire qui propose une diffusion large et ouverte ce qui signifie que le choix des artistes qu’elle programme est encore plus compliqué et les assume.

Pour Brigitte Livenais  « ce qui nous réunit ce soir c’est l’artiste, l’artistique » c’est bien cela qui est au cœur du processus de création.

Selon elle, la coproduction permet une diffusion sur l’ensemble du territoire. Une compagnie en résidence sur le territoire va « donner à voir ce qu’elle met en œuvre ». La rencontre avec les publics est inhérente au processus de fabrication.

Elle s’est interrogée sur les aides à la production : faut-il aider les petites compagnies qui diffusent peu ou les grandes compagnies déjà bien implantées ? un vrai dilemme.

Elle a expliqué l’importance de revendiquer des spectacles qui ne s’adressent pas à tout le monde. Il s’agit de spectacles peut être plus « fermés » mais qui proposent une diversité sur la saison.

Elle est revenue sur la nécessité de la subvention. Une création n’est que trop peu diffusée par la suite : en moyenne un spectacle crée est diffusé (nombre de représentations) 0,2 fois pour la danse et 4 fois pour le théâtre.

Un témoignage a été apporté sur la difficulté des compagnies indépendantes à faire programmer leurs créations. Un cercle vicieux s’instaure : si les programmateurs ne se déplacent plus on n’est pas pas vu et si le spectacle n’est pas vu il n’est pas programmé. En effet, si un spectacle n’est pas programmé au moins une fois il ne sera pas vu et aura  peu de chance de « vivre ».

Ainsi comment les spectacles peuvent ils se faire connaitre s’ils n’ont pas la chance de se faire voir ?

Il y a une réalité qui fait que l’on ne peut pas programmer tous les spectacles. Cependant n’y aurait-il pas à trouver de nouvelles façons de jouer ? De nouvelles formes de diffusion ? De de nouveaux lieux de diffusion ?

Emilie Pineau, chargée d’animation culturelle à l’Echappée Belle, association intercommunale reliée à la Communauté de Communes Ouest Anjou.

La médiation est au cœur de la programmation. Elle travaille avec des publics qui n’ont pas l’habitude de collaborer. L’association nécessite une implication de nombreux bénévoles.

Les spectacles doivent s’adapter au territoire rural. Les salles ont de  petites jauges, qui permettent aussi un échange privilégié entre le spectateur et les artistes. Les difficultés rencontrées sont d’ordre financière : il est difficile de répondre à l’ensemble des demandes, très nombreuses, dans les foyers logements, les maisons de retraites ou les centres de loisirs par exemple.

En termes de logistique, il n’y a aucun équipement spécifique dédié à la culture sur le territoire de la Communauté de Communes Ouest Anjou. Il s’agit de salles « polyvalentes ». Ce manque d’espaces dédiés peut créer des problèmes lors des réservations de salle et lors du montage des scènes car les équipes municipales n’ont pas forcément les compétences adéquates.

Travailler en milieu rural signifie une légèreté en termes de technique et de décors mais la demande du public est très forte.

Cyrille Gilbert, Directeur de l’EPCC Anjou Théâtre, a expliqué les moyens que le Conseil Général met en œuvre afin de développer une politique théâtre (sous toutes ses formes) sur l’ensemble du territoire.

Les principales missions sont l’organisation du festival d’Anjou, la gestion du château du Plessis-Macé et le soutien financier aux projets (sous forme de subventions classiques ou « préachat » et aide à la diffusion).

Les subventions d’aide au fonctionnement se sont réduites au profit de l’aide à la création. Il décrit la période de création comme « fragile » et nécessite un soutien particulier.

Le fonctionnement du comité technique et consultatif du théâtre est expliqué. Né en 2010, les membres sont issus des différents territoires du département et des différentes formes de théâtre. Ils sont nommés pour 3 ans. Ce comité permet un maillage de la politique « théâtre » sur l’ensemble du département.

La méconnaissance du niveau d’équipement en salle dans le département est également pointée. Cyrille Gilbert note l’absence d’un inventaire des salles.

Intervention 1: Comment jouer plusieurs fois et organiser une série de diffusion ? Il y a un problème d’occupation des lieux.

La création est une période heureuse, le spectacle se fera malgré les problèmes financiers. La diffusion est, au contraire, le moment le plus fragile. Il y a un état de « première » permanent. Les artistes n’ont que trop rarement l’occasion de jouer plusieurs fois le spectacle. C’est un « désastre pour les compagnies indépendantes »

Intervention 2 : Les salles vivent avec un projet, pourquoi ne pas les confier de façon ponctuelle a des artistes ?

Intervention 3 : L’inventaire des salles a été fait par le Conseil Régional il y a 20 ans. Peut-on donner des salles en gestion à des artistes ? Par qui seront-ils rémunérés ?

Intervention 4 : Les dispositifs d’aides au fonctionnement permettent d’embaucher des chargés de diffusion ainsi que du personnel administratif et comptable. Ces postes sont de plus en plus en difficulté.

Emilie Taghersout, responsable du pôle spectacle vivant, Conseil régional des Pays de la Loire, rappelle que la Région fait valoir la clause de compétence générale pour la politique culturelle. La seule réelle compétence obligatoire en la matière est l’inventaire du patrimoine (Depuis 2004).

Les 3 axes de la Région sont

          La participation de tous à la culture,

          La promotion de la diversité culturelle,

          L’aménagement culturel du territoire.

Il existe plusieurs dispositifs d’aides :

Les aides à la création et à la production des compagnies professionnelles, y compris des plus récentes. Afin d’être au plus près de l’état d’avancement des dossiers, il existe 4 dates de dépôt dans l’année.

La Région aide également à trouver des lieux de travail pour les artistes (dispositif crée au départ pour les artistes plasticiens).

Il existe une aide à la diffusion via le dispositif « voisinage » : la compagnie doit proposer au moins 8 dates dans au moins 2 départements et 2 salles. Il existe une cinquantaine de salles partenaires de ce dispositif qui permet aux compagnies de faire des tournées

Il existe des opérations « vitrines » telles les « Rencontre à l’Ouest » afin que les compagnies se fassent de nouveaux réseaux. Il s’agit d’une Coopération avec 4 autres Région du grand ouest qui bénéficie à 3 compagnies par an et par région. Le grenier à sel à Avignon permet la programmation de 7 compagnies ligériennes pendant le festival. Il existe un partenariat avec l’institut français pour le développement de l’international. La convention « scène nationale », permet d’avoir une attention à la création régionale.

La Région ne néglige pas le travail sur des lieux plus petits, première marche, pour les jeunes compagnies via un conventionnement « résidence ».

Enfin, la Région procède à la structuration du secteur et l’animation de réseau par l’aide à la création de grands projets (pôle de musiques actuelles, cité du cirque).

Environ 50 compagnies en tout bénéficient des aides de la Région.

Hélène Taudière, metteur en scène et comédienne, Groupe Démons et Merveilles : « Une compagnie n’a jamais de mission officielle sinon celle du public ».

Il s’agit de Théâtre non parlé. La compagnie qui effectue des représentations dans 18 pays. Sur les 470 dernières représentations : 7% dans le Maine et Loire, 12% dans les Pays de la Loire, 68 % dans le reste de la France, 9 % Pays d’Europe et 4 % dans le reste du Monde.

Se donner les moyens du projet passe par des prêts bancaires. Un spectacle doit durer pour être vu et faire parler de lui.  Pour ce faire, le travail de communication doit être permanent afin d’être toujours présent.

Le travail de création qui est au cœur du métier est de plus en plus mis à mal, alors qu’il s’agit de faire un travail en profondeur et de prise de hauteur. L’artiste est sans cesse ramené aux contraintes administratives et financières plus « terre à terre ».

Virginie Brochard, metteur en scène et comédienne, membre du S.A.A.S. Présentation du SAAS qui fédère 28 compagnies en Maine et Loire.

Il existe des récurrences pour les compagnies :

          La difficulté de dégager du temps pour la création par rapport au temps administratif et de fonctionnement,

          Les problèmes de Trésorerie pour le démarrage des projets (exemple des subventions qui arrivent trop tard),

          Le respect du droit du travail et des conventions collectives.

La mise à disposition gratuite des salles par les communes n’est pas forcément un « cadeau » pour les compagnies car les frais de gestion et de fonctionnement restent à leur charge.

Elle revient sur le dispositif « voisinage » qui ne doit pas être le seul espace de diffusion des compagnies régionales. Ce dispositif  doit représenter « un plus ».

Intervention 1 Les emplois jeunes ont été d’excellents dispositifs pour aider les compagnies. Aujourd’hui les contrats sont de plus en plus précaires.

Intervention 2 : Le monde de la culture a le droit de parler également de  « relocalisation de l’économie et de circuit courts » sans se fermer aux autres. Il s’agit d’une ouverture au territoire.

Intervention 3 : dans des zones très rurales des prêts gratuits de bureau et de salles de répétition sont des aides très précieuses. Les contrats peuvent prévoir un rendu en nature, par exemple, faire une représentation et animer 12H d’atelier théâtre et  chanson par an à destination des habitant-e-s de la commune.

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