JOURNEE DE FORMATION A LA RECHERCHE DE PROVENANCE DES PATRIMOINES SPOLIES

2015 01 22 colloque INP (C) HB

Le 22 janvier, l’Institut national du patrimoine (INP) organise une journée d’étude consacrée aux « Patrimoines spoliés : état des lieux et instruments de recherche » destinée aux élèves conservateurs ainsi qu’aux professionnels du patrimoine et aux chercheurs.  L’objectif de cette journée est de présenter les orientations méthodologiques et les instruments de recherche qui les aideront à reconnaitre les œuvres spoliées et à identifier leur provenance ainsi que les progrès en matière d’accès aux archives.

A cette occasion, plusieurs intervenants reviennent sur le passé de ces œuvres spoliées durant la seconde guerre mondiale, les responsables de ces destitutions, les démarches entreprises pour restituer les œuvres aux propriétaires ainsi que sur le rôle essentiel de certains acteurs, telle que Rose Valland, permettant de retracer les évènements passés et aidant la restitution de très nombreuses œuvres. Cette journée d’étude a pour vocation de soulever les enjeux actuels de ce passé lourd de l’histoire et de l’histoire de l’art, en soulignant notamment l’importance de la quête de provenance et le risque pour les futurs conservateurs quant aux acquisitions d’œuvres de provenance douteuse ainsi que les enjeux mémoriels, symboliques et politiques.

La journée s’ouvre sur un discours de Philippe Barbat, directeur de l’Institut national du patrimoine, puis de Marie-Christine Labourdette, directrice du Service des musées de France, direction générale du patrimoine, ministère de la culture.

La Sénatrice Corinne Bouchoux intervient ensuite en rappelant certains évènements historiques auxquels elle porte un intérêt. Elle insiste également sur l’importance de développer aujourd’hui la quête de provenance tout en fournissant une bibliographie destinée aux élèves conservateurs dont « L’impossible réparation » de Jean-Marc Dreyfus.

Après avoir réalisé un rapport d’information « Œuvres culturelles spoliées ou au passé flou et musées publics: bilan et perspectives » en 2013 et un colloque sur le « bilan des actes publiques en France et perspectives suite aux conclusions de la mission parlementaire sur les œuvres d’art spoliées par les nazis » en 2014, Corinne Bouchoux considère que le rapport n° 2474 de Mme Isabelle Attard et MM. Michel Herbillon, Michel Piron et Marcel Rogemont, sur la « gestion des réserves et des dépôts des musées » répond pour l’essentiel aux préconisations du rapport de 2013 (sauf pour la page 87 soumise à discussion).

La matinée se poursuit par une table ronde réunissant la présidente de séance, Laurence Bertrand-Dorléac, professeure d’histoire de l’art à l’IEP de Paris, Thierry Bajou, du service des musées de France, direction générale des patrimoines, ministère de la culture et de la communication, Anne Liskenne et Cyril Daydé, conservateurs du patrimoine. Thierry Bajou met en relief les apports d’internet à la recherche et Anne Liskenne et Cyril Daydé présentent les sources de la recherche aux Archives diplomatiques.

Une deuxième table ronde rassemble Corinne Hershkovitch, avocate au sein du cabinet Borghese associés, Emmanuelle Polack, doctorante à l’INHA, ainsi qu’Isabelle Chave, conservateur en chef du patrimoine, responsable du département de l’Exécutif et du Législatif, direction des fonds des Archives nationales. Corinne Hershkovitch évoque un cas de restitution pour laquelle elle a activement participé, mettant ainsi l’accent sur les outils juridiques notamment l’ordonnance du 21 avril 1945. L’intervention d’Emmanuelle Polack permet d’indiquer la source des recherches en provenance d’œuvres spoliées par les catalogues de vente de la collection Jacques Doucet (1938-1950), qu’elle invite à utiliser d’une manière générale avec précaution. Cette matinée se clôture par l’intervention d’Isabelle Chave sur les sources sur la spoliation patrimoniale et artistique aux Archives nationales, et la mise en ligne des outils d’orientation destinés aux chercheurs. Le programme détaillé sera prochainement publié sur la page de l’exposition du site Internet des Archives nationales.

En l’absence de Corinne Bouchoux, l’après-midi consacré à une étude de cas débute par une table ronde réunissant la présidente de séance, Isabelle le Masne de Chermont, directrice du département des manuscrits de la BnF, et Jean-Pierre Legendre, conservateur en chef du patrimoine, service régional de l’archéologie, DRAC Rhône-Alpes. Il évoque le cas de l’Allemagne, un exemple de la spoliation des biens culturels dans la Moselle annexée au IIIe Reich. Philippe Dagen, directeur du laboratoire d’excellence « Création, arts et patrimoine » (Labex CAP) et directeur du centre de recherche « Histoire culturelle et sociale de l’art » (HiCSA) à l’ Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, prend ensuite la parole en exposant le cas d’un tableau « Robe bleue dans fauteuil ocre » de Matisse. Il revendique sa position de journaliste en intervenant en tant que tel en ce jour et souligne le rôle essentiel de la presse dans la communication du sujet.

Cette journée se termine par un discours de Jean-Pierre Bady membre de la Commission pour l’indemnisation des victimes de la spoliation, félicitant les progrès réalisés depuis ces dernières années dans le domaine de la restitution.

Pour réécouter les interventions de la journée, c’est ici!

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