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Economie circulaire

Dans un entretien au Journal du Dimanche du 9 mars dernier, le PDG de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, présentait sa stratégie de rachat de SFR.

Il y est question d’une négociation à 1,8 milliards d’Euros, de 15 000 antennes, de milliers de salariés et de millions d’abonnés que l’on prépare à la transhumance de Free vers Bouygues pour les uns et de Bouygues vers SFR pour les autres. Et puis, au détour d’une question, cet aveu cinglant : « en cas de fusion avec SFR nous aurions un réseau de trop ».

En une phrase, Olivier Roussat vient de rappeler de manière totalement décomplexée l’origine des maux de la téléphonie mobile : l’obligation de concurrence a contraint chaque opérateur à déployer son propre réseau, multipliant les antennes relais de manière parfaitement anarchique et incohérente et, par là même, l’exposition des riverains aux ondes électromagnétiques.

Ainsi, en cas de fusion avec SFR, Bouygues se retrouverait avec 15 000 antennes et un portefeuille de fréquence inutile, car le réseau déjà déployé par SFR assure le même service. L’altruisme reconnu du PDG de Bouygues Telecom l’a donc poussé à proposer la vente de son infrastructure de réseau à Xavier Niel, PDG de Free et dépendant du réseau mobile d’Orange, dans un accord où tous les opérateurs ennemis d’hier paraissent aujourd’hui se rabibocher.

Ce grand jeu de Monopoly des ondes m’interpelle à trois raisons.

Je suis tout d’abord stupéfait de la légèreté avec laquelle sont traités les abonnés des différents opérateurs qui apprennent par voie de presse dans ce même article du JDD, « qu’en 2015 les abonnés de Free migreront sur le réseau de Bouygues et les [abonnés de Bouygues] vers celui de SFR ».

Ensuite, je constate que moins de deux mois après l’adoption par l’Assemblée Nationale d’une proposition de loi portée par les députés écologistes relative à la sobriété, à la transparence et à la concertation en matière d'exposition aux ondes électromagnétiques, jamais la question de la santé environnementale et de l’électro-sensibilité n’ont été prises dans ce dossier, alors même que les opérateurs arguent d’avoir 15 000 antennes « en trop ».

Cela m’amène enfin à une dernière remarque. En tant qu’élu municipal et candidat à la Mairie de Paris, je sais que le pouvoir des Maires est extrêmement limité concernant l’installation de réseau de téléphonie mobile, quand bien même ce sont les premiers à effectuer la médiation entre opérateurs et riverains. Aussi, contrairement à d’autres réseaux, qui sont propriété des villes (les réseaux de l'électricité, du gaz, sont des concessions municipales), l'espace hertzien est propriété de l'Etat qui a fait le choix, contraint par la réglementation européenne en matière de concurrence, de laisser à chacun des opérateurs le soin de constituer son propre réseau et ainsi laissé se démultiplier les antennes dans un seul but commercial de respect de la concurrence.

Face aux risques reconnus liés aux ondes électromagnétiques, il est irresponsable dans le contexte actuel de réorganisation commerciale des opérateurs, de laisser perdurer des réseaux énoncés comme « en trop ».

La solution à cette multiplication des réseaux est connue, il faut organiser un réseau unique, inter-opérateur d'antennes relais.

Seul un tel réseau, réglé à un niveau d’exposition maximal à 0,6 volt / mètre, est capable de prendre en compte les besoins des territoires en respectant le principe de précaution sanitaire qui s’imposent dans des espaces urbains denses comme Paris.

La fin de la concurrence par les antennes permettra une rationalisation des installations selon deux critères : la couverture adéquate des territoires et le principe de modération d'exposition des riverains, désormais inscrit dans la loi. Cette rationalisation pourrait se traduire par la conservation les meilleurs sites d'installation, et l'abandon de ceux qui présentent un risque inutile de surexposition des riverains, sans préjudice pour la qualité de service.

Les opérateurs dégagés de cette concurrence imbécile pourraient alors se concentrer sur leurs offres et innover dans les services à proposer à leurs clients.

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