Les piscines parisiennes se mettent au vert
L’engouement des Parisien/nes pour les piscines va croissant : 900 000 d’entre eux déclarent pratiquer la natation. Les bassins locaux accueillent chaque année près de 6 millions de baigneurs, mais la demande totale (et non satisfaite) est probablement trois ou quatre fois supérieure.
Les piscines sont d’autant plus prisées qu’elles doivent pallier, en partie, le manque criant d’équipements sportifs publics de proximité à Paris. La ville compte seulement une piscine pour 60 000 habitant/es, un ratio presque moitié moindre que la moyenne francilienne.
Les piscines ont un rôle social et éducatif majeur à jouer dans le cadre de la réforme des rythmes éducatifs, car développer le savoir-nager chez les plus jeunes reste une priorité municipale. Très fréquentées par les femmes, elles permettent une pratique sportive plus mixte que sur les terrains de basket ou de football. Elles portent un enjeu environnemental fort que nous souhaitons renforcer : aménagement urbain, économies d’eau et d’énergie notamment.
A ce titre, les inaugurations prochaines des piscines Molitor (16e) et Beaujon (8e), comme la conclusion d’un audit de la Ville sur le parc de bassins parisiens, devraient avoir une résonnance forte dans l’actualité parisienne. Pour les écologistes, le développement et l’amélioration de la natation est une priorité de santé publique pour offrir enfin aux Parisien/nes une offre sportive de proximité à la hauteur de la richesse de Paris.
A - De l’écologie dans nos piscines
Consommation énergétique, traitement de l’eau, insertion dans l’environnement local... Les piscines ont une dimension écologique importante, encore peu valorisée à Paris. L’exemple du voisin Montreuillois (93), où un grand projet de piscine écologique doit aboutir fin 2014, montre que Paris pourrait nettement progresser en expérimentant des solutions déjà expérimentées avec succès à l’étranger, en Allemagne notamment.
Une grande piscine écologique dans le 15e arrondissement
La baisse de l’activité de l’héliport de Paris-Issy permettra prochainement de récupérer environ six hectares. A la confluence du parc sportif Suzanne-Lenglen, de l’Aquaboulevard et de l’héliport, il existe donc une opportunité foncière pour développer une piscine avec système d’assainissement naturel -à base de plantes et de micro-organismes plutôt que par stérilisation chimique- dans un grand espace vert, avec système de chauffage en granulés de bois issus de circuits courts.
Une telle piscine permettrait de dupliquer dans l’Ouest parisien le projet audacieux développé à l’Est de Paris par Montreuil. Plus respectueux de la santé des baigneurs, plus économe en énergie et bâti à partir de matériaux naturels, cet équipement sportif sera à la pointe de l’efficience environnementale. Il sera ouvert six mois par an, du printemps au début de l’automne.
A plus long terme une fusion avec l’Aquaboulevard pourrait être envisagée, pour développer un grand complexe aquatique, écologique et populaire.
Au moins 30% d’économies d’eau et d’énergie
Les piscines parisiennes ont une consommation d’eau et d’énergie particulièrement élevée, qui pourrait être réduite d’au moins 30% avec un usage plus raisonné, une maintenance améliorée et l’adoption d’une meilleure discipline – par exemple en systématisant l’usage de compteurs pour suivre l’évolution des consommations ou en mettant à niveau les systèmes de ventilation et en remplaçant les sytèmes de traitement de l’air et de l’eau. L’isolation des bâtiments, l’usage d’énergies renouvelables (géothermie, solaire), la récupération et le recyclage des eaux pluviales et des eaux grises (eaux savonneuses issues des lavabos et des douches), la maîtrise de la température ambiante des bassins seront des priorités.
Cette ambition écologique aura des vertus budgétaires. A Montreuil par exemple, le modèle de fonctionnement écologique de la nouvelle piscine impliquera des coûts de fonctionnement inférieurs de 40% par rapport à ceux du stade nautique local Maurice Thorez.
Cette « mise au vert » des piscines s’appuiera sur un plan d’investissement financier ambitieux (voir ci-après), un appui technique sur l’audit municipal actuellement réalisé par la Ville de Paris, mais aussi une organisation générale différente, prenant mieux en compte le long terme – cela signifie notamment d’avoir le courage politique de fermer les piscines nécessiteuses sur un temps relativement long (plusieurs semaines, voire plusieurs mois) pour les mettre successivement à niveau. Aujourd’hui surexploité, le parc parisien a urgemment besoin de respirer.
C’est hélas le contraire qui est actuellement mené et qui risque de s’aggraver : l’équipe socialiste souhaite ainsi augmenter d’encore 20% la disponibilité des piscines alors qu’elles sont déjà saturées. C’est un non-sens démagogique.
Une question de santé publique
Paris souffre d’une pénurie d’équipements sportifs de proximité qui freine la pratique d’une activité physique régulière. Le développement de la natation est donc une priorité de santé publique. Cependant l’hygiène dans les bassins français, et notamment parisiens, est insuffisante. Cela provoque la formation de chloramines et le développement de légionnelles nuisibles pour la santé des nageurs, mais aussi pour celle des maîtres-nageurs et des personnels.
Nous installerons des douches en bordure des bassins pour améliorer l’hygiène des baigneurs. Nous favoriserons aussi les nouveaux systèmes de traitements alternatifs au chlore (électrolyse de sel, ozone...) ou mieux encore –dans les nouveaux bassins où l’expérimentation est possible- les traitements naturels utilisant végétaux et micro-organismes. Ce traitement naturel permettra également un recyclage de l’eau utilisée dans l’entretien des espaces verts.
B - Une offre de proximité renforcée pour les habitant/es
Face à la pénurie d’équipements, 10 nouvelles piscines pérennes et 10 bassins éphémères
Avec la piscine Beaujon, Paris comptera bientôt 39 piscines, plus 9 bassins-école réservés aux scolaires et aux associations. C’est très peu pour 2,3 millions de Parisien/nes, d’autant que seuls 9
équipements sont des « grandes piscines » : bassin de 50m ou piscines disposant d’au moins trois bassins distincts. Après plusieurs décennies d’immobilisme à la fin du XXe siècle, la droite parisienne porte une très lourde responsabilité dans ce retard, comblé en partie depuis 2001 par la nouvelle majorité.
Aujourd’hui, pour améliorer l’offre, la pénurie de foncier rend difficile la multiplication des bassins... sauf dans les derniers espaces disponibles ou en utilisant des équipements provisoires.
Nous nous engageons ainsi à créer dix piscines, principalement à la périphérie de Paris : par exemple dans le quartier Evangile (18e) et dans le quartier Charenton (12e), en intégrant si possible ces bassins à un petit espace vert et en utilisant un système de traitement naturel de l’eau. Certaines piscines seront découvertes (et chauffées) pour permettre des économies budgétaires et de foncier.
Nous installerons aussi 10 bassins éphémères l’été, dans des endroits emblématiques tels que les quais de Seine, la portion des Champs-Elysées située entre la Concorde et Clémenceau, le parc Martin Juther King bientôt étendu (17e) ou encore la place de l’Hôtel de Ville.
Plus généralement, l’inclusion d’une piscine sera une priorité dans toute nouvelle grande opération d’aménagement.
Un grand plan d’investissement pour en finir avec un système à bout de souffle
Le parc parisien est vétuste (50 ans de moyenne d’âge dont 7 piscines de plus de 80 ans) et très fortement exploité. A bout de souffle, les bassins tombent systématiquement en panne : en moyenne, c’est comme si Paris n’utilisait pas chaque année cinq de ses piscines (une sur dix). La maintenance est clairement insuffisante, les équipes fatiguent et provoquent d’autres fermetures pour raisons de personnels... Bref le productivisme actuel, non raisonné, mène à l’impasse. Par ailleurs, l’accessibilité aux personnes en situation de handicap est encore à renforcer.
Les écologistes consacreront ainsi deux fois 130 millions d’euros lors des deux prochaines prochaines mandatures pour rénover, mettre aux normes et assurer les travaux d’urgence. Ce grand plan d’investissement permettra d’assurer un fonctionnement durable et optimal aux bassins parisiens. La somme est dans l’ordre de grandeur des 160 millions d’euros consacrés durant la dernière mandature à la reconstruction de Jean Bouin, stade qui ne sert chaque année qu’à une seule équipe de rugby pour une vingtaine de matches. Cet investissement pour la natation de proximité sera donc infiniment plus utile aux Parisien/nes !
Remunicipaliser en partie une offre abandonnée au secteur privé
L’offre de baignade reste largement privée à Paris, et donc réservée à une élite : par exemple dans les concessions aux clubs sportifs huppés du bois de Boulogne, ou bientôt avec la prestigieuse piscine Molitor (16e). Cet équipement emblématique confiée par la Ville au privé pour en faire une juteuse opération immobilière est aux antipodes d’une politique sportive populaire.
Dans la limite des contraintes juridiques et à plus long terme, nous veillerons ainsi à replacer progressivement les bassins dans le giron municipal : l’eau est déjà un service public dans nos verres, elle doit (largement) le devenir dans nos piscines !
Eléments budgétaires : nous consacrerons 200 millions d’euros d’investissement au total pour les piscines lors de chacune des deux prochaines mandatures (soit 400 millions d’euros sur 12 ans), dont les deux tiers pour mettre à niveau le parc existant (soit 130 millions à chaque mandature).
La piscine écologique du 15e arrondissement aura un coût d’environ 15 millions d’euros.
2 commentaire(s)
Oui il faut plus de piscines, et aussi de bibliothèques avec des places de travail pour les lecteurs. Paris est une métropole mondiale sous-dotée de ce point de vue, par comparaison avec les autres capitales européennes en tout cas. Les grands projets UMP et PS ont coûté cher, il est temps de répondre aux besoins des habitants de base…
Bonjour,
Ces propositions sont encourageantes et nous vous remercions de l’attention portée à la situation des piscines à Paris. Nous partageons vos orientations et allons nous en faire le relais auprès de nos adhérents.
J’ajouterai un point : outre la construction et l’entretien (« mise à niveau »), il est important aussi de miser des moyens non financiers, humains. Dialoguer avec le personnel technique des piscines, les encourager, négocier s’il le faut, les motiver (ex : quel est le rôle d’un MNS : surveiller passivement, ou agir comme régulateur dans un univers humain complexe où son rôle est valorisé) est un facteur important de la disponibilité réelle des piscines.
De même pour les caissières et caissiers : trop de caisses sont désertées, ce qui selon nous équivaut à une perte de l’ordre de 2 ou 3 millions d’euros par an dans le réseau des piscines parisiennes.
cordialement,
Emmanuel Vivet
président de l’association des Nageurs Citoyens
(fondée en février 2013 pour défendre les intérêts des nageurs du grand public à Paris).
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