Projets inutiles : quand les écologistes gagnent sans bruit

A l’origine, une réunion publique, marquée par un profond respect et une véritable écoute réciproque, a permis de créer un collectif d’associations.

Tribune – Par Hélène Le Gardeur

Suite au drame du Testet, et près de 40 ans après la mort, dans des circonstances similaires, de Vital Michalon à Creys-Malville, le milieu écologiste s’interroge : faut-il des tragédies, des décès pour que les impératifs écologiques soient pris en compte par le pouvoir ?

Certainement pas ! A Valence, par exemple, 70 hectares de terres agricoles ont été préservées, sans catastrophe humaine, sans affrontements, sans même de manifestation de grande ampleur.

Comment cela a-t-il été rendu possible ?

En 2010, l’entreprise Décathlon demande à la mairie de Valence d’utiliser 45 hectares de terres agricoles pour y implanter un magasin et espace de loisirs sportifs « Oxylane ». Cette demande contrevient aux plus sages orientations prises ces dernières années pour limiter l’étalement urbain, notamment la politique foncière de la Région. Les écologistes réussissent finalement à faire entendre raison aux décideurs locaux. Mais cette issue n’est en rien le fruit du hasard.

Combat de trois ans

Au cœur de ce combat de trois ans contre le maire PS de l’époque Alain Maurice, c’est de la méthode de l’action combinée dans et hors des institutions qu’est venue la victoire.

A l’origine, une réunion publique, marquée par un profond respect et une véritable écoute réciproque, a permis de créer le collectif d’associations très compétentes chacune dans son domaine : la Frapna, Agribiodrôme, Stop OGM…

Ces associations ont travaillé de pair avec les éluEs EELV qui, ne cumulant pas les mandats et restant donc disponibles et à l’écoute des habitants, se retrouvent à chaque échelon : conseil municipal de Valence (Danielle Persico…), conseil général de la Drôme (Patrick Royannez), conseil régional (Annie Agier, Gérard Leras…).

Chacun a agi, à son niveau, pour relayer les arguments des défenseurs d’une agriculture de proximité. En alertant les élus, en mobilisant les citoyens, les associations de terrain ont présenté les bons arguments.

A l’échelon local, les élus ont voté contre le PLU et défendu de l’intérieur la nécessité de limiter l’étalement urbain.

Au niveau régional, Gérard Leras, conseiller délégué à la politique foncière, a rendu un avis défavorable de la Région sur le nouveau PLU de Valence. En effet, celui-ci ne respectait pas les critères de la politique foncière voulue par le conseil régional sur proposition des écologistes.

Articulation commune

Bien entendu, cela n’aurait pas réussi sans la population qui a soutenu spontanément la démarche, et certains propriétaires qui ont eu le courage de ne pas céder aux sirènes d’une plus-value facile. Isolés sur le terrain ou dans leurs institutions, les écologistes auraient perdu. C’est en cultivant intelligemment cette articulation commune entre élus, militants et habitants que nous avons pu aboutir.

C’est pourquoi la présence d’élus écologistes est nécessaire à tous les niveaux de nos institutions. Plus ils seront nombreux, plus ils seront forts pour que les impératifs écologiques, l’intérêt collectif et les biens communs soient respectés et pris en compte face aux impératifs de la productivité à court terme.

 

Remonter

UA-25684560-1