Lyon – Turin : Et si nous prenions exemple sur les Suisses pour mettre les marchandises sur les trains dès aujourd’hui ?
Trois élus écologistes, Corinne Bernard, Jean-Charles Kohlhaas et Pierre Mériaux, participaient ce jour au voyage d’une délégation régionale en Suisse, à l’invitation de l’association Initiative des Alpes. Cette visite leur a permis de mieux comprendre comment nos voisins ont réussi à reporter le trafic des marchandises de la route vers le rail.
« L’exemple suisse est un modèle à suivre. À partir d’une votation citoyenne, ce pays a décidé de limiter le nombre des camions traversant les Alpes, et s’est donné les moyens d’un report massif du trafic des marchandises vers le fret ferroviaire. En créant une redevance poids lourds dès 2001, en réglementant strictement le trafic routier aux passages alpins (interdiction la nuit et le week-end), en subventionnant des services ferroviaires de qualité, les Suisses réussissent à faire passer 66% des marchandises sur le rail », explique Jean-Charles Kohlhaas, co-président du groupe des élus régionaux écologistes.
En France, hélas, cette stratégie est constamment repoussée. La politique ordinaire continue de favoriser outrageusement le mode routier, par des facilités réglementaires (autorisation des 44 tonnes), des exemptions fiscales (exonération de TICPE, report de l’écotaxe / éco-redevance poids lourds) et des choix d’investissement (galerie « de sécurité » du Fréjus, contournement autoroutier de Chambéry, etc.). On esquive le problème en promettant des après-lendemains qui chantent, par la magie d’un second tunnel international. « Ce grand écart devient insupportable » poursuit Jean-Charles Kohlhaas. « Le fret ferroviaire se meurt, on lui coupe les vivres tout en lui promettant monts et merveilles après 2030. Pourtant, avec un tunnel qui a les mêmes caractéristiques que celui du Mont Cenis en France, la Suisse fait passer les deux tiers de son trafic de marchandises par train. Cela prouve qu’on peut, et qu’on doit agir maintenant.  Les vallées alpines asphyxiées par le trafic des poids lourds ne peuvent plus attendre »