Fusion Rhône-Alpes-Auvergne : une réforme à l’emporte-pièces
L’Elysée vient de faire part de son intention de fusionner Rhône-Alpes et Auvergne. Cette décision fait l’économie d’un débat démocratique et d’une vraie réflexion sur la cohérence et l’égalité des territoires. C’est pourquoi EELV aurait souhaité que cette réforme soit précédée d’une réelle concertation impliquant élus et citoyens.
« Le découpage territorial pose la question de comment les citoyens organisent leur vivre-ensemble. Cela ne doit pas être une réforme à la hussarde, conditionnée par des questions d’économies budgétaires », souligne Alexandra Cusey, co-présidente du groupe d’élus au conseil régional.
« Une réforme doit être l’occasion d’adapter les institutions à la réalité et aux besoins des territoires. Plusieurs débats méritent d’être ouverts. Ainsi, dans le sud de la Saône-et-Loire et à l’Est de la Haute-Loire, beaucoup font le constat qu’ils s’intègrent à des bassins de vie rhônalpins. Quant aux pays de Savoie et aux Alpes du Nord, doivent-ils être réunis dans un même territoire jusqu’au col du Lautaret ? Il est dommage de faire l’impasse sur ces débats et de ne pas chercher à respecter les bassins de vie, l’histoire, la géographie, l’économie, les réseaux de transports… », regrette Jean-Charles Kohlhaas, co-président du groupe EELV.
Le grossissement de la région de 8 à 12 départements pose aussi la question de la bonne taille d’une région : « Le Cantal et la Savoie, déjà éloignés, se retrouveront aux confins lointains d’une super-entité. Comment expliquer aux citoyens qui y vivent que les décisions prises à Lyon les concernent ? Cela risque de renforcer les inégalités », interroge Jeannie Tremblay, conseillère régionale savoyarde (lire encadré).
Mais pour EELV, la question du découpage ne doit pas occulter celle des compétences. « Nous plaidons pour des régions fortes, acteurs de la solidarité entre territoires. Elles doivent pouvoir avoir une autonomie fiscale, mais aussi certains pouvoirs normatifs pour expérimenter de nouvelles formes d’innovation sociale. Nous demandons depuis de nombreuses années que l’organisation territoriale soit simplifiée et clarifiée en supprimant les conseils généraux. Nous revendiquons aussi un poids plus important pour les régions et les intercommunalités. Cette réforme devra aller au bout de ces questions », indique Bruno Bernard, secrétaire régional d’EELV Rhône-Alpes.