Mettons l’innovation au service des besoins humains
Tribune du groupe
L’innovation fait partie des refrains entonnés ad libitum par les milieux politiques et économiques. Plutôt que de prendre part à ce concert, nous nous interrogeons : l’innovation, oui, mais pour qui ? Pour quoi ?
Innover pour l’économie d’énergie et le respect de l’environnement peut être créateur d’activité économique. Ainsi, la Région soutient une société iséroise qui cherche à développer un lampadaire solaire à Led entièrement autonome pour l’éclairage public. Voilà une innovation qui a du sens.
Dioxyde de titane
Cependant, une innovation technologique n’est pas forcément un progrès pour les humains et pour la planète. Par exemple, est-il nécessaire pour un fabricant de dentifrice d’innover en ajoutant des nanoparticules de dioxyde de titane à ses pâtes afin de leur donner une belle couleur blanche, alors que plusieurs études concluent que ces substances peuvent avoir un effet nocif sur l’organisme ?
Il convient de s’interroger sur le rapport bénéfice / risque environnemental, sociétal et social de l’innovation. L’argent public doit-il permettre de produire n’importe quelle innovation même si elle est dangereuse pour l’environnement, la santé ou les libertés publiques ? Rhône-Alpes ne devrait pas financer la recherche sur les nanotechnologies tant que celle-ci se fait dans l’opacité, sans expertise indépendante et sans l’avis de la société civile. La Région s’est engagée à conditionner ses aides à des critères sociaux et environnementaux. Elle doit mettre en pratique ces engagements partout où elle agit.
Et quand bien même une innovation ne représenterait aucun danger, est-il du rôle de la puissance publique de lui consacrer ses deniers quand elle ne représente aucune utilité sociale, sauf pour lancer de nouvelles impulsions de consommation ? Un fabricant de haut-parleurs qui veut miniaturiser des modèles pour téléphones devrait pouvoir se contenter de fonds privés. Le rôle d’une collectivité comme la Région ne doit pas être d’encourager l’innovation technologique dans le seul but de créer de la valeur ajoutée financière, en espérant que les créations d’emploi suivent automatiquement.
Gadgets
Il faut aider l’innovation utile, répondant à des besoins humains qui ne sont pas suffisamment couverts : besoin de se chauffer ou se déplacer sans aggraver le dérèglement climatique, besoin de dépolluer, besoin de se nourrir sainement sans porter atteinte à la terre, besoin de se former, de se cultiver…
Pour les écologistes, l’innovation n’est donc pas seulement technologique. Il faut innover pour retisser du lien social, améliorer les conditions de travail, protéger la santé et la biodiversité.
La stratégie 2020 de l’Union européenne « pour une croissance intelligente, durable et inclusive » a commencé à amorcer cette réflexion pour une croissance qualitative qui puisse inclure, entre autres, l’éducation et l’efficacité énergétique. Le chemin est encore long avant que le dogme productiviste en vigueur à la Commission comme à la Région soit remis en cause, mais c’est dans ce sens qu’il faut appuyer.