Intervention de Corinne Bernard sur les relations entre la Région Rhône-Alpes et la SNCF

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Aujourd’hui, nous, les 156 conseillers régionaux de Rhône-Alpes, examinons ensemble un rapport très important. Important pour les 135 000 usagers quotidiens du réseau TER, mais aussi pour tous les futurs voyageurs que nous souhaitons convaincre.

Au premier abord, le réseau que nous finançons a de solides arguments. Avec 1250 trains en circulation chaque jour, il semble aisé de rejoindre son travail le matin et d’arriver chez soi le soir.

Avec une gamme tarifaire adaptée à la diversité des publics et des besoins (combiné, fréquence, illico, solidaire…), se déplacer sur les 8 départements paraît facile et accessible.

Avec 68 réunions organisées pour la vague de comités de ligne de ce premier semestre, avec une progression de 24% de participants et plus de 600 courriels adressés en février et avril, les usagers ont pu s’exprimer et ils ont aussi démontré par leur implication massive l’utilité de ce dispositif de démocratie participative.

Au premier abord, même si l’on reste encore loin des objectifs que se donnent les élus écologiste, de gros moyens sont mobilisés pour permettre un report modal efficace. Au premier abord.

Car vous le savez, au quotidien tout est loin d’être si fluide, si ponctuel et régulier que cela. J’irai plus loin : nos TER méritent-ils encore le qualificatif de Trains EXPRESS Régionaux ?

Pour le savoir il suffit de se plonger un instant dans les comptes rendus des comités de ligne et le suivi des questions–réponses sur le site Internet de la Région. Voici un florilège :

« Quelles raisons aux problèmes de ponctualités sur la ligne ? »,

« Quelles sont les mesures prises pour améliorer la ponctualité ? »,

« Quelles sont les principales causes des retards ? »

« Pourquoi la SNCF a-t-elle tant recours à la suppression des trains ? ».

Nous faisons ensemble ces comités de ligne. Nous entendons partout ces questions qui deviennent redondantes, répétitives, voir omniprésentes !

Mais avez-vous pris connaissance des réponses ? À nouveau voici un florilège :

« Dès que les retards s’accumulent, à partir d’un certain seuil, la circulation d’un train provoque trop de difficultés dans l’exploitation d’un système cadencé. Le recours à la suppression est dans ces cas effectivement pratiqué. »

« 1/3 des retards est lié à des raisons d’exploitation (matériel, organisation) »

« La SNCF a identifié la ligne comme « ligne malade » au niveau national »

Tout cela vous semble éclairant ? Mettons-nous un seul instant à la place d’un usager. Peut-on se contenter de ce type de réponse ?

Pour des élus en responsabilité ce type de réponses n’est à notre avis pas plus acceptable. Nous ne pouvons nous contenter de « constater » ou de « déplorer » que la SNCF, déstructurée par une politique libérale, ne soit plus en état d’assurer le service que nous avons commandé et payé. Nous sommes des élus redevables du bon fonctionnement du service public ferroviaire. Nous le devons aux usagers, aux citoyens, aux contribuables de Rhône-Alpes.

Pour le groupe « Europe Écologie – Les Verts », cette position nous oblige. Elle nous oblige à pousser l’analyse des dysfonctionnements croissants des TER et à adapter notre politique en conséquence, en utilisant tous les outils du cadre règlementaire et conventionnel à notre disposition, en mobilisant d’autres ressources comme des expertises indépendantes, un mandat d’évaluation, un dialogue constant et franc avec les partenaires que sont les associations d’usagers et les syndicats de la SNCF.

Et il nous faut faire évoluer le dialogue avec la direction de la SNCF, comme nous commençons à le faire avec cette délibération. Quitte à être plus injonctif parfois, en partant de nos attentes en termes de qualité de service. Il n’y a là aucune ingérence dans le fonctionnement de l’opérateur.

Le président de région Champagne-Ardenne, Jean Paul BACHY, fait il de l’ingérence lui aussi, quand il écrit au directeur régional SNCF, en lui « rappelant la ferme opposition de la région quant à la suppression des contrôleurs dans les TER ? » 

Les résultats de ce changement de posture, que nous avions souhaité dès 2010 pour notre part, commencent à se faire sentir, fort heureusement.

Il est vrai que les résultats de ponctualité ont été bien meilleurs ces 8 derniers mois. Mais les voyageurs vont avoir besoin de plusieurs mois à 92% de trains à l’heure, comme la convention le précise, pour oublier le 87,8% de 2010 !

« 2010, année paradoxale » comme l’a écrit la directrice des TER de Rhône Alpes.

Effectivement, le qualificatif est bien choisi : Seul le mois de mai a atteint le pourcentage conventionnel ! PARADOXAL était  le « E » de TER en 2010 : EXPRESS !!

Dans ce contexte, dans cette actualité, cette délibération nous semble opportune.

En effet, il est temps que nous conseillers régionaux, que vous Madame la vice-présidente aux Transports et Déplacements, ayons les moyens de notre ambition pour les usagers des TER rhônalpins.

Ensemble nous avons travaillé à cette délibération sur l’exploitation des transports.

Ensemble nous la voterons.

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