Juillet 2011

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Les 156 conseillers régionaux ont pris place vendredi matin dans leur nouvel hémicycle de Lyon Confluence. En une journée, ils ont passé en revue un ordre du jour chargé qui comprenait plusieurs délibérations portées par des vice-présidents Europe Ecologie – Les Verts : charte des stages, vie associative, tourisme solidaire, formation professionnelle.

Soutien à la vie associative : la droite se moque de l’avis des citoyens

Lela Bencharif a présenté ses orientations pour une politique de soutien à la vie associative qui s’imprègne des valeurs de l’éducation populaire et citoyenne. Si de nombreuses politiques régionales aident des projets portés par des associations, la nouvelle stratégie régionale permettra d’accompagner les associations, former les personnes qui les animent et soutenir directement le projet associatif.

Un tournant a été pris avec la suppression de l’appel à projets. Les associations pourront désormais recevoir un soutien pluri-annuel pour accompagner la mise en œuvre de leur projet associatif. « C’est une vraie confiance qu’on accorde au monde associatif afin de lui laisser le temps de se développer plutôt que de devoir courir après un appel à projets annuel », estime Alexandra Cusey.

Cette nouvelle politique a été co-construite à travers une démarche de concertation qui a impliqué plus de 600 associations et mouvements d’éducation populaire : des rencontres départementales, un forum régional. Un atelier citoyen a fait plancher 43 participants. Voir le film projeté à ce sujet en prélude aux débats…

Quatre des participants de ces ateliers sont venus faire le compte-rendu de ces réflexions devant l’assemblée. Ils ont été interrompus par les invectives de la droite et de l’extrême droite pour qui un citoyen qui donne son avis est forcément un « militant » gauchiste (Fabrice Marchiol, UMP), ou pour qui une subvention à une association est forcément suspecte de « copinage, gaspillage et clientélisme » (Mireille d’Ornano, FN).

Bien sûr, l’immense valeur ajoutée du secteur associatif est invisible à travers les lunettes de la droite. « Bien qu’il n’apparaisse pas dans les grands agrégats économiques, type PIB, le bénévolat est un apport décisif au bien-être social. Elément de qualité de vie, il est aussi une ressource renouvelable, non délocalisable, voire un élément de développement durable », a constaté Elvan Uca dans son intervention…

La délibération permet aussi de valoriser le bénévolat et de reconnaître son utilité sociale. Pour cela, Lela Bencharif propose un outil pionnier d’économie alternative : la monnaie d’engagement. Il ne s’agit pas d’une rémunération, mais d’une valorisation des pratiques du bénévolat : échanges de savoirs, crédit temps à utiliser dans une autre association pour en profiter à son tour… « Les bénévoles créent lien social, richesse humaine. Ce nouveau système permettra de créer du lien social supplémentaire », explique Lela Bencharif.

Pour en savoir plus sur la démarche de Lela Bencharif.

Rapport adopté – Détail des votes :
Pour : PSEA, EELV, FDG, PRG
Contre : UDC, FN

Tourisme social et solidaire : le droit de tous à partir en vacances

Claude Comet, conseillère spéciale (EELV) déléguée au tourisme et à la montagne, a proposé d’organiser un soutien au tourisme social et solidaire. Ce secteur propose des vacances aux jeunes et aux familles défavorisés.

« Aujourd’hui, à l’heure où la société se précarise, s’individualise, il nous parait important, très important de réaffirmer la présence de la Région et son soutien », affirmait Claude Comet dans son intervention.

Le travail de concertation approfondi de Claude Comet pour construire cette nouvelle politique a été salué par tous les partenaires de la majorité.

Au final, seul le FN a voté contre le texte. « Ce parti qui prétend depuis peu soutenir les intérêts des classes populaires révèle là sa vraie nature : la promotion d’une société inégalitaire et injuste », estime Pierre Mériaux, conseiller régional (EELV).

Rapport adopté – Détail des votes :
Pour : PSEA, EELV, FDG, PRG, UDC
Contre : FN

Charte des stages : mettre fin au « sois stage et tais-toi »

Pour éviter la « stagification » de la jeunesse, Philippe Meirieu propose une charte des stages qui met en relief les droits et devoirs du stagiaire : un accompagnement, une évaluation, un travail en lien avec le projet de formation…

Cette charte est le fruit d’une concertation avec des représentants d’entreprises, d’organismes de formation, de l’Education nationale, d’organisations patronales et syndicales… Elle sera affichée dès la rentrée chez les entrepreneurs qui y adhèrent.

Dans sa présentation, Philippe Meirieu s’est appuyé sur le livre édité par Génération Précaire, Sois stage et tais toi, qui relate les infortunes de stagiaires exploités par des entreprises : « Un stage est un moment de formation : en aucun cas il ne doit s’apparenter à un sous-emploi. »

La Charte, qui sera affichée dans tous les lieux susceptibles d’accueillir des stagiaires, permettra de garantir que ces derniers sont accueillis, accompagnés, évalués et que leur expérience en stage est bien intégrée dans leur formation.

Seul le Front national a refusé de voter ce texte, prétextant qu’il n’y a pas de problème avec les stagiaires et que cette charte représenterait une contrainte pour les entreprises. « Le FN défend donc les exploiteurs de jeunes et oublie que les employeurs responsables sont eux signataires, dans une démarche volontaire », souligne Alexandra Cusey, co-présidente du groupe.

Rapport adopté – détail des votes :
Pour : PSEA, EELV, FDG, PRG, UDC
Contre : FN

Formation professionnelle : encourager l’apprentissage sans déshabiller l’enseignement professionnel

La Région va signer un Contrat de plan de développement des formations professionnelles. Ce contrat est signé avec l’Etat pour quatre ans. La Région, par la voix de Philippe Meirieu, a ainsi pu faire valoir ses priorités et négocier ses objectifs, dans le cadre de négociations parfois tendues avec l’Etat.

Sur cette base, elle réunira les représentants de ce secteur pour développer la formation professionnelle initiale et continue, dans le secondaire et dans le supérieur. Cela intègrera aussi les services de l’orientation.

Pour Philippe Meirieu, il était important de garantir des équilibres fondateurs : entre besoins des entreprises et impulsions de la formation, entre formation générale indispensable et formation professionnelle spécialisée, entre les différentes voies de l’alternance (voie scolaire, apprentissage, contrat de professionnalisation), entre programmation régionale et régulation sur les territoires, entre lutte contre une politique catastrophique du gouvernement et action positive de la Région pour faire avancer la formation au profit de ceux et celles qui sont les plus éloignés de l’emploi.

Dans ce cadre, le “contrat d’objectifs et de moyens” sur l’apprentissage envisage d’augmenter le nombre de jeunes accueillis dans les Centres de formation d’apprentis de 42 000 actuellement à 53 000 en 2015.

Tout en validant ces chiffres, Philippe Meirieu s’attache à fixer des objectifs qualitatifs. « Nous sommes très vigilants vis-à-vis des engagements de l’Etat. Nous défendons un apprentissage de qualité adapté aux demandes : les jeunes doivent y aller par choix et être accompagnés de manière la plus adaptée possible. Pas question de contribuer au démantèlement du système en siphonnant les élèves de la voie scolaire. ». Lire à ce sujet la tribune de Philippe Meirieu…

En séance, cette démarche a rassemblé un consensus large, tous les groupes à l’exception du FN s’accordant sur le partenariat, les objectifs et les priorités.

Cependant, les élus de droite ont exprimé leur inquiétude sur la complexité de la concertation proposée. Le Front de gauche, lui, conteste la décentralisation de ces questions qui selon lui devraient être traitées au niveau de l’Etat dans le cadre d’un service public national de la formation.

Les écologistes, eux, ont dit leur attachement à l’échelon régional qui leur apparaît ici pertinent. « Pour nous, ‘’service public’’ ne signifie pas obligatoirement ‘’service d’Etat’’, explique Philippe Meirieu. Ce qui importe, c’est l’exigence régionale pour un vrai service public de la formation de qualité, au plus près des Rhonalpins et garantissant l’égalité de tous… »

Rapport adopté – vote par division :
Paragraphe 1 et 2 :
Pour : PSEA, EELV, FDG, PRG, UDC
Contre : FN
Abstention : Mme Martin (FDG), M. Creus (FDG), Mme Morel-Darleux (FDG)
Paragraphe 3 et 4 :
Pour : PSEA, EELV, PRG, UDC
Contre : FN
Ne prend pas part au vote : FDG

La Région solidaire des jeunes sans papiers en formation

A l’initiative du groupe Front de Gauche, la Région a décidé de soutenir les lycéens, apprentis et étudiants étrangers de Rhône-Alpes, pour qu’ils puissent suivre leur formation sereinement.

Les jeunes menacés d’expulsion pourront être aidés dans leurs démarches administratives et être parrainés par des élus régionaux. La Région soutiendra également les associations comme RESF (Réseau Education Sans Frontières) et RUSF (Réseau Universités Sans Frontières).

Véronique Moreira s’est exprimée au nom du groupe : « Faisant les frais dans leur quotidien des basses œuvres du ministère de la rafle et du drapeau, ministère de la chasse aux migrants et à ceux qui les aident, le groupe EELV tient à rendre hommage aux jeunes majeurs scolarisés et à leurs soutiens (corps enseignant, collectifs des sans papiers, organisations syndicales et associations telles que RESF…) qui ont montré au travers des mobilisations menées depuis de nombreuses années qu’ils peuvent parfois l’emporter sur l’injustice. »

Le Front National a versé dans la provocation en donnant la parole à Alexandre Gabriac, un jeune élu qui était apparu sur une photo exécutant un salut nazi devant un drapeau à croix gammée. « Chassez le naturel, il revient au galop », note Pierre Mériaux.

Rapport adopté – détail des votes :
Pour : PSEA, EELV, FDG, PRG
Contre : UDC, FN

Schéma national des infrastructures de transport : un avis très critique de la Région

Le Conseil régional devait émettre un avis sur le projet de Schéma national des infrastructures de transport (SNIT), à travers lequel l’Etat est censé mettre en cohérence les routes, autoroutes et chemins de fer de France.

Pour le groupe Olivier Longeon (EELV), « Alors que le SNIT doit répondre à la question « Comment concilier mobilité et changement climatique ? » il se borne à rabâcher des concepts datés, il ne s’appuie pas sur une analyse des besoins, mais sur une approche par l’offre, qui empile les projets d’infrastructures sans cohérence réelle, en masquant les projets autoroutiers du gouvernement. » Lire son intervention…

Le groupe Europe Ecologie – Les Verts a déposé un amendement par lequel la Région critiquera la politique d’investissements de prestige du TGV alors que les lignes régionales sont dans un état de plus en plus préoccupant.

La droite, au contraire, a multiplié les intervention, laissant chaque élu local défendre « son » autoroute : Fabrice Marchiol a défendu la construction de l’A51 Grenoble-Gap, Vincent Chriqui plaidant pour le « barreau » Ambérieu-Bourgoin-Jallieu… La droite a été aidée en cela par le FN.

Rapport adopté – Détail des votes :
Pour : PSEA, EELV, FDG, PRG
Contre : UDC, FN

Sécheresse : une aide d’urgence et un modèle à adapter

La Région a souhaité exprimer sa solidarité avec la profession agricole frappée par l’épisode de sécheresse qui sévit depuis le printemps, en particulier les éleveurs.

Selon Albane Colin, « le travail ne doit pas s’arrêter là car les incidents ont de forts risques de se renouveler avec le dérèglement climatique. Les pistes : des cheptels moins importants par rapport à la surface disponible (…) ; une gestion de l’eau plus fine, plus économe et plus solidaire ; des variétés et des rotations adaptées. »

« Les élus Europe Ecologie – Les Verts ont été les seuls à faire le lien entre la sécheresse et l’urgence à agir dans toutes nos politiques pour contrer le réchauffement climatique à l’œuvre, estime Pierre Mériaux. La droite et le FN ne voient pas de contradiction à soutenir les victimes du changement climatique, et, quelques minutes plus tard, à soutenir tous les projets autoroutiers. »

Rapport adopté à l’unanimité

Enseignement supérieur et recherche : redonner des crédits aux sciences humaines

L’assemblée a voté une délibération pour appliquer la stratégie d’enseignement supérieur et de recherche. Il s’agissait de mettre en œuvre de nouveaux dispositifs et d’en faire évoluer de plus anciens.

Le groupe Europe Ecologie – Les Verts a proposé plusieurs amendements. L’un donne un soutien renforcé aux sciences humaines et sociales. Un autre propose d’organiser des événements qui permettent un dialogue sciences-société, notamment sur les grands sujets de controverse comme les nanotechnologies et les OGM.

« Nous pensons que c’est le devoir de la Région que de leur apporter un soutien particulier pour contrecarrer les tendances court termistes des politiques gouvernementales (…) la vocation des pouvoirs publics, c’est surtout de préparer l’avenir du pays à long terme. », a plaidé Belkacem Lounès dans son intervention.

Rapport adopté – détail des votes :
Pour : PSEA, EELV, FDG, PRG
Contre : UDC
Abstention : FN

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