Présentation par Lela BENCHARIF de la politique régionale en faveur du développement de la vie associative et de l’ éducation populaire
Monsieur le Président, chers collègues,
Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement l’ensemble des agents de la Vie Associative/Education populaire ainsi que de la démocratie participative pour leur professionnalisme et leur disponibilité. (Avec une pensée particulière à Claire et Karine des servies de la VA EP actuellement en congé maternité et qui je crois nous écoutent en ce moment…)
Cette délibération cadre qui vous est soumise, propose de donner un nouvel élan à la politique régionale en faveur de la vie associative que le CR a choisi de porter depuis 2004.
Elle présente une nouvelle stratégie régionale pour la vie associative et l’éducation populaire, en rappelant que notre CR de gauche et écologiste est le seul en France qui ait choisi de reconnaître et d’inscrire l’éducation populaire dans l’intitulé d’une délégation. De fait, et c’est là un choix politique de notre majorité, cette reconnaissance ne se réduit pas à un simple affichage mais doit se traduire en action concrète qui va renforcer et spécifier notre politique régionale en faveur de la VA nourrie des valeurs fortes de l’EP.
La Région accompagne de nombreuses associations, à travers toutes ses délégations, avec pour chacune des priorités thématiques et des objectifs politiques rattachés à l’objet même de la délégation. Pour la délégation VA EP, et c’est là l’enjeu de cette délibération, il s’agit d’affirmer clairement notre soutien au développement de projets associatifs en RAlpes, non pas en priorisant des thématiques d’action ou un public cible, mais bien en centrant l’intervention régionale sur les valeurs d’engagement, de citoyenneté et principes d’utilité sociale et solidaire qui fondent le projet associatif et autour duquel sont impliqués de nombreux bénévoles dans une démarche d’éducation populaire et citoyenne. Je suis heureuse, au côté de JJQ de vous proposer cette priorité politique en accord avec nos engagements de mandature.
Cette stratégie régionale est issue d’une large concertation qui a démarré il y a exactement un an, en juillet 2010, quand j’annonçais aux membres du COREVA notre volonté de co-élaborer une nouvelle politique avec les acteurs associatifs réunis dans le cadre de rencontres départementales, du forum régional et d’associer également des Rhônalpins via l’organisation d’un atelier citoyen spécifiquement dédié à la thématique vie associative. Elle tient compte aussi de l’expertise du CESER dans ce domaine.
Vous avez écouté ici, dans cette assemblée, cet avis citoyen. Vous avez entendu comme moi des points de vue importants avec des propositions concrètes que nous avons reprises pour certaines d’entre elles.
Cette démarche participative,et à fortiori sur une thématique résolument associée à celle de l’engagement, s’est imposée comme un exercice concret de démocratie, avec la conviction partagée que la construction d’une politique publique, qui engage des financements publics, doit associer les citoyens, les acteurs de la société civile. C’est là notre seule exigence, que nous devons appliquer pour chaque délégation, et à fortiori dans un contexte de réelle crise démocratique où il nous faut renforcer plus que jamais le dialogue civil. .
Je tiens à remercier tous ces citoyens, ces acteurs associatifs, bénévoles ou salariés, les membres du COREVA qui ont apporté leur précieuse contribution sur des questions relatives à l’accompagnement des associations, la formation des bénévoles, l’emploi associatif ou encore aux modes de partenariat et de contractualisation financière entre les collectivités locales et les associations.
Les élus que nous sommes, et de tous bords, aimons rappeler dans nos interventions la formidable dynamique associative qui caractérise notre région ; signe d’une bonne santé de la société civile. Nous recensons en Rhône-Alpes entre 110 000 et 120 000 associations en activité et qui regroupent près 1 000 000 de bénévoles, dont 580 000 interviennent au moins une fois par semaine dans leur association. Nous comptons près de 18 000 associations employeuses qui salarient 185 000 personnes soit 10% de l’emploi privé en Rhône-Alpes, des emplois généralement non délocalisables qui contribuent au développement économique, social et culturel…des territoires.
Au-delà de ces chiffres, se cache la réalité d’un monde associatif très hétérogène : hétérogénéité des pratiques et des formes associatives, avec des différences notables dans les démarches de projet, dans la gouvernance, le modèle économique et le fonctionnement des associations mais aussi dans la place et le degré d’implication des bénévoles dans la conception du projet associatif.
On ne saurait ignorer ces nouvelles formes de mobilisation collective qui, à l’exemple des Indignés prennent corps dans la société, en réaction bien souvent aux logiques d’exclusion qui s’accroissent en France et aux choix gouvernementaux injustes et inacceptables, dans de nombreux domaines, et qui menacent le vivre ensemble et la cohésion sociale.
Mais cette belle dynamique associative est plus que jamais fragilisée, mise en péril, alors que la demande ne cesse de s’accroître dans une société où les inégalités se renforcent.
Face à une crise associative majeure (crise culturelle/économique), il s’agit de rétablir un climat de confiance avec les acteurs associatifs et de nouer, avec eux, de nouvelles formes de collaboration et de partenariat. Si la VA se réinterroge sur ce qu’elle désigne comme « les fondamentaux du projet associatif », elle subie surtout les évolutions des politiques publiques. Les contraintes budgétaires de l’État et la RGPP, les charges nouvelles imposées aux collectivités sans transfert de moyens, se traduisent par la remise en cause de très nombreux financements pour les associations. A cela s’ajoutent la modification du régime des subventions introduite par la circulaire Fillon du 18 janvier 2010 encourageant la mise en concurrence des associations, et la réforme des collectivités territoriales qui, en s’attaquant à la clause de compétence générale et l’accès aux financements croisés, vont sévèrement impacter le développement des projets associatifs et porter atteinte au principe même de la liberté associative. J’en ajouterai pas d’avantage ceci fait l’objet d’un vœu qui sera étudié dans quelques instants.
Non, l’association n’est pas le lieu de la compétitivité soumise aux logiques de marché concurrentielles, ultra libérales et capitalistes.
Non l’association n’est pas le lieu de l’élitisme et de la rentabilité.
Elle est d’abord et avant tout le lieu de l’initiative citoyenne et solidaire où se concrétisent, et au plus près des habitants et des territoires, des actions au service de d’intérêt général et qui ont un réel impact sociétal.
Elle est le lieu de l’intelligence collective, de l’émancipation individuelle/collective où s’engagent des bénévoles qui, au côté de salariés, développent des projets d’utilité sociale et environnementale, fondés sur des valeurs de citoyenneté et d’humanisme.
Enfin, elle est ce corps intermédiaire entre les citoyens et les institutions publiques, cet espace démocratique du « pouvoir agir » des citoyens interpellant les pouvoirs publics sur les nouveaux défis ou enjeux de société à relever. L’association peut aussi et ainsi être un espace de contre pouvoir démocratique.
Autant de valeurs qui définissent cette démarche d’éducation populaire et citoyenne.
Ici et maintenant, je vous propose que notre CR opère le tournant de la politique régionale VAEP, en mettant à la disposition des associations une véritable offre de services publics de proximité, modulable, qui se décline autour des 3 dimensions fortes du projet associatif.
Je vous en présente certains rapidement :
1- l’accompagnement humain au plus près des territoires, avec 2 nouveautés :
– les associations qui sont fédérées dans le cadre d’une structure régionale continueront de bénéficier d’un financement direct pour animer, coordonner et conforter leur structuration régionale dans le cadre d’un contrat d’objectif ; et avec l’objectif pour la région d’accompagner de nouvelles structures ;
– les associations employeuses et en fragilité pourront avoir recours au diagnostic et préconisations du Dispositif Local d’Accompagnement ;
– toutes les autres associations et notamment celles constituées uniquement de bénévoles disposeront d’un dispositif renforcé d’accueil, de diagnostic et d’orientation assuré par les structures d’appui à la vie associative. A ce jour, 15 structures en milieu urbain et rural, existent déjà.
2- la formation comme outil de pérennisation du projet associatif avec une nette évolution:
Les bénévoles associatifs ont accès à une offre de formation pluri-discplinaire renforcée et proposée par diverses structures regroupées au sein de SAVARA. Il vous est proposé de poursuivre le soutien à la formation et l’accompagnement formatif des bénévoles en consolidant la couverture territoriale, la qualité des formations et l’adaptation de leur contenu aux nouveaux besoins des bénévoles ;
Ces dispositifs s’articuleront aux travaux de la Conférence régionale et de l’éducation non formelle, et du dispositif de suivi du service civique (ceci fera l’objet d’un amendement).
Par ailleurs l’expérimentation du fonds commun mutualisé pour la formation bénévole, portée par la CPCA et activée par un réseau d’associations volontaires, sera poursuivie.
3- J’en terminerai avec la présentation d’un nouveau dispositif clef dans cette délibération : le soutien direct et pluriannuel au projet associatif :
il s’agit là de créer un nouveau dispositif ouvert aux associations présentant un plan de développement de leur projet associatif sur 3 ans et intégrant un volet lié à l’emploi, c’est-à-dire la prise en charge d’un salaire décent.
Les démarches inter-associatives et coopératives, liées à du partage de local, de savoirs faire ou de compétences, de matériel ou autres, seront bien prises en compte dans ce dispositif, dans le respect de l’indépendance de chaque association, et sans les contraindre.
Ces trois dimensions essentielles qui portent le projet associatif, ont en commun un pilier : le bénévole. Cet habitant mettant sa bonne volonté gratuitement au service d’un projet collectif. Aujourd’hui, en reconnaissant officiellement et solennellement l’utilité sociale du bénévolat, actuellement non mesuré par les indicateurs de richesses traditionnels, il vous est proposé :
– de mettre à la disposition des bénévoles des outils tels que la VAE et les monnaies d’engagement ;
– de valoriser au sein de notre institution (dans les ERA, comme dans les lycées) les projets mis en œuvre par les bénévoles
Toutes ces actions continueront d’être suivies et travaillées par l’instance consultative, qu’est le COREAVA.
Enfin, et pour conclure, cette délibération présente 2 défis :
– réussir à faire vivre la transversalité de nos politiques régionales au plus près des territoires afin d’impulser des politiques associatives et d’éducation populaire, là où elles sont attendues par les acteurs associatifs, c’est-à-dire dans les politiques territoriales dans le cadre notamment des CDDRA et des CTEF.
– maintenir le dialogue avec nos partenaires institutionnels dans le respect des prérogatives et des compétences de chacun tout en les convaincant par notre exemplarité de l’urgence à agir. Je suis convaincue comme vous que Rhône-Alpes la citoyenne peut être exemplaire, en préservant, grâce à une politique volontariste et ambitieuse, les projets associatifs d’utilité sociale et au service du bien commun.
Je propose à notre majorité de gauche et écologiste de relever ces défis, et d’opérer ce tournant de notre politique régionale pour la vie associative et l’éducation populaire, centrée sur 3 objectifs indissociablement liés que sont l’accompagnement, la formation des acteurs associatifs et le soutien pluriannuel du projet associatif. Les dispositifs que nous proposons visent à mieux cibler les demandes des associations, et de rendre plus opérationnelle l’intervention régionale au service des associations.
Merci de votre écoute