Session Santé 7/09/2012 – Intervention de Michèle Cahu
Monsieur le Directeur de l’ARS, vous venez d’exposer une situation sanitaire de la Picardiedifficile, voire inquiétante. Le constat est le même depuis plus de quinze ans car la Picardie reste la dernière ou l’avant dernière Région pour les indicateurs de santé : c’est-à-dire le constat d’un certain nombre de maladies plus élevé et d’une espérance de vie plus faible qu’ailleurs en France.
Je pense en particulier au Saint-Quentinois, secteur dans lequel ces indicateurs sont encore plus sensibles. Dans ce contexte vous affirmez la nécessaire adaptation aux réalités pour protéger le système de santé. Ce terme d’adaptation m’inquiète.
Nous sommes tous conscients de la réalité de la crise économique et financière, néanmoins la réponse aux besoins de santé doit être une priorité. Sans investissement dans les moyens humains et techniques et dans la formation, on ne peut espérer une amélioration des inégalités de l’accès aux soins. Vous citez le chiffre de 335 000 personnes suivies pour des pathologies chroniques en Picardie.
Je fais la remarque que certains patients de catégories sociales défavorisées cumulent une ou plusieurs de ces pathologies chroniques : AVC, diabète, maladie cardio-vasculaire, certains cancers et pathologies psychiatriques chroniques : sont entre autres causes des conditions environnementales défavorables, mauvaise alimentation, tabagisme etc.…Vous avez insisté sur l’importance de la prévention. La prévention, comme l’efficacité a besoin de moyens en personnel de santé formés et en nombre suffisant.
Je ne soulignerai que certains aspects non encore évoqués par mes collègues. La situation difficile des services d’urgence est connue, j’ajouterai que les afflux de patients souffrants de troubles liés à l’angoisse et parfois à une détresse due à une situation économique et sociale précaire sont un réel problème pour les services d’urgence faute de pouvoir les orienter vers des prises en charge ambulatoires déjà surchargées. Il en est de même pour les consultations pédopsychiatriques en centre médico-psychologique, parfois de longs mois d’attente….
Vous avez à plusieurs reprises utilisé le terme de handicap qui dans certains cas éloigne du champ médical et clinique des pathologies avérées pour les faire glisser vers des réponses sociales moins adaptées, voire plus péjoratives.
Enfin je ne vous ai pas entendu évoquer l’important sujet de la souffrance au travail qui devrait faire l’objet d’une attention toute particulière, notamment dans le cadre de la prévention des suicides.
Je sollicite enfin votre réponse concernant la situation des médecins étrangers. Contrairement à l’intervention précédente du Front National stigmatisant la présence de ces médecins, je commencerai par le constat partagé de l’utilité et de l’importance de médecins étrangers qualifiés dans les hôpitaux publics. Dans la situation de pénurie, en particulier dans certaines spécialités, ces médecins ont contribué au maintien de la permanence des soins dans les hôpitaux. Hors ces toutes dernières années, la loi est devenue très restrictive sur leur recrutement. J’ai entendu très récemment qu’un concours serait mis en place les concernant.
Qu’en est-il ? Je veux citer pour exemple la situation d’un médecin marocain qui ayant fait une partie de ses études au Val de Grâce à Paris, est dans l’impossibilité actuelle de pratiquer en France…
Dans l’attente de vos réponses.
Michèle CAHU
Conseillère régionale déléguée.