Débat d’orientation budgétaire : intervention de Thierry Brochot

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Monsieur le Président,

Monsieur le Président du CESER,

Chers collègues,

 Aujourd’hui, nous débattons pour la première fois des orientations budgétaires de notre collectivité depuis l’alternance nationale qui s’est produite en mai et juin derniers.

 Les décisions prises et les réformes engagées par le gouvernement et le parlement précédents ont suffisamment nourri nos débats, les années passées, pour que nous ne fassions pas comme si nous étions brusquement devenus seuls maîtres du destin de notre collectivité.

 En effet, le débat parlementaire sur un nouvel acte de décentralisation nous est promis pour le premier trimestre2013. Al’heure où nous nous exprimons, s’il n’est pas possible d’en connaître précisément la conclusion, il est indispensable d’en mesurer les enjeux.

 Ce que nous connaissons, en effet, assez bien, c’est la situation sociale, économique et financière dans laquelle se trouvent notre pays et notre région. Nous savons, tous, que le chômage atteint de nouveaux records et dépassera les 12 %, en Picardie, avant la fin de cette année.

 Nous savons que la précarité et la pauvreté ne cessent d’avancer. Selon l’INSEE, ils progressent plus rapidement en Picardie que dans l’ensemble du territoire national.

 Face à cette situation, l’alternance politique n’est pas une baguette magique, ça n’est que l’espoir et la volonté que la tendance s’inverse, que des choix différents produisent d’autres effets que ceux que nous constatons et que nous avons déjà eu l’occasion de déplorer.

 Pour ce qui concerne le Conseil régional, nous le savons, nous ne pourrons pas compter pour 2013, sur des recettes supplémentaires. Au contraire, au tassement de nos prévisions de recettes, il convient d’ajouter – ou de retrancher selon le point de vue – l’inflation programmée de certaines dépenses contraintes ou subies. Autant d’éléments qui limitent fortement nos marges de manoeuvre.

 Ce constat n’est en rien celui d’une résignation et nous sommes, comme beaucoup sans doute, impatients de connaître les contours exacts de la nouvelle loi de décentralisation.

 Pour les écologistes, les Régions doivent être, au même titre que l’Europe, des échelles territoriales à compétences et moyens élargis puisqu’elles constituent un niveau d’intervention pertinent, en termes de taille critique, pour de nombreux champs politiques.

 Nous pensons, bien sûr, que la gestion en direct des fonds européens par les régions permettrait d’en optimiser les effets sur les territoires. Nous pensons également, qu’il est nécessaire de revenir à des instruments de fiscalité propre, par exemple, pour financer la politique de transports. Enfin, après 5 années au cours desquelles les collectivités ont payé leur tribut à la crise et à la dérégulation financières, que ça soit à travers les emprunts toxiques, la contraction de l’offre de crédit ou l’hyper-inflation de la marge des établissements financiers, il nous semble temps que la puissance publique reprenne la place qui est la sienne dans le financement des investissements des collectivités territoriales à travers la création d’une véritable banque des collectivités.

 Mais revenons à nos orientations budgétaires 2013, un exercice qui se situera nécessairement dans le prolongement de celui qui s’achève.

 La situation sociale est celle que nous connaissons tous. Nous en avons largement débattu sous l’angle de la santé et l’offre de soins il y a peu de temps, et, sans faire d’amalgame ou de généralisation hasardeux, nous avons le droit de penser que d’autres indicateurs sont alarmants tels que le chômage ou l’illettrisme.

 Ce sont ces faits qui alimentent notre réflexion sur le budget 2013.

 Nous devons concentrer tous nos efforts à tirer le meilleur parti des atouts et des forces de notre région et de ses habitants et donner un coup de main à ceux qui en ont le plus besoin. Nous devons faire preuve d’acuité dans le diagnostic, de clairvoyance dans les orientations et de solidarité dans nos choix

Ce ne sont pas que des mots vides de sens ou alors ce sont des évidences qui semblent parfois échapper à « plus grands » que nous comme chacun a pu le constater il y a quelques jours. 

Il y a quelques jours, en effet, au Qatar, lors de la conférence sur le climat, les nations se sont séparées sur un texte qualifié par les plus indulgents de «minimaliste», «d’indigent» et «indigne» par les autres.

Acuité dans le diagnostic disais-je ? Après le GIEC et tant d’autres, c’est pourtantla Banque Mondialequi s’est sentie obligée de pointer l’urgence d’une action concertée contre les bouleversements climatiques et les risques qu’encourt la planète dans un scénario malheureusement médian à + 4° de réchauffement à un horizon de 50 ans.

 Clairvoyance dans les orientations ? Pas de nouvelle mesure contraignante, pas de régulation supplémentaire. Le protocole de Kyoto, que personne ou presque ne respecte, est prorogé. Business as usual.

 Solidarité dans les choix ? Qu’il suffise de noter que le Canada, le Japon et la Russiese se sont retirés à cette occasion du protocole de Kyoto que les Etats-Unis n’ont, pour leur part, jamais ratifié. Pourtant, c’est tristement connu, les émetteurs de gaz à effet de serre sont au nord et les réfugiés climatiques sont au sud.

 Il faudra nous montrer plus avisés que les Nations et mobiliser nos moyens, développer les politiques qui améliorent au quotidien la vie de nos concitoyens et préparent l’avenir de nos territoires.

 Former les picards dans des filières d’avenir pour qu’ils puissent à terme, occuper des emplois qualifiés et non soumis au monopoly de la mondialisation. Améliorer nos équipements, nos lycées, nos centres d’apprentissage pour que les jeunes y étudient et apprennent dans les meilleures conditions possibles. C’est tout l’enjeu également du grand chantier de la transition énergétique dans lequel la région devra mobiliser ses nombreux atouts.Mais également aider les formes d’entrepreunariat qui privilégient l’humain, le client, l’employé et la pérennité de l’entreprise plutôt que la rentabilité à courte vue des capitaux.

 Et, bien entendu, agir sur les milieux, les sols, l’eau, l’air, la pollution et reconquérir notre patrimoine naturel au meilleur profit de tous les habitants de nos territoires.

 En attendant la réforme territoriale qui donnera, espérons-le, de nouveaux moyens à nos ambitions, nous restons, nous écologistes, convaincus que, malgré les contraintes, malgré les aléas, nous saurons, en 2013, trouver les ressources nécessaires pour servir au mieux les besoins de nos concitoyens.

 Je vous remercie.

Thierry Brochot

Président du groupe EELV

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