Lettre du groupe n° 4 : Nucléaire

Nous ne connaissons pas encore tous les développements du drame qui se déroule au Japon depuis le 10 mars.

Nous avons tous sous les yeux les images d’un pays accablé qui tente de faire face aux problèmes multiples qui surgissent, tout en faisant le décompte terrible des disparus, des blessés et des morts. Nous sommes aujourd’hui en totale solidarité avec la population japonaise dans cette épreuve.

Cette catastrophe naturelle et humanitaire est lourdement aggravée par la catastrophe nucléaire de Fukushima
qui concentre aujourd’hui toutes les craintes.

Cet accident met malheureusement en évidence le risque majeur qui est associé à l’énergie nucléaire. Ce risque – réel et pouvant déchaîner des dommages incontrôlables comme on le constate aujourd’hui – est généralement nié par l’industrie de l’atome et ses relais politiques.

Les populations qui sont exposées à ces risques ont pourtant le droit de savoir, et de choisir quelle énergie ils veulent pour demain.

Afin de répondre aux questions qui surgissent légitimement chez nos concitoyens, les élus régionaux d’Europe Ecologie – les Verts vous proposent une synthèse sur l’exposition de la région Picardie au risque nucléaire, et sur les alternatives.

Car le débat sur la sortie du nucléaire doit s’ouvrer dans le pays. Il doit s’ouvrir maintenant sans quoi la chape de plomb qui occulte ce débat retombera et les questions seront évacuées, encore une fois…

Nous invitons tous les citoyens et les autres formations politiques à engager ce débat de responsabilité sur notre avenir commun.

Christophe Porquier
pour le groupe des élus EELV au Conseil régional de Picardie

La Picardie et l’énergie nucléaire

1 – La Picardie est entourée de centrales nucléaires

S’il n’y a pas de centrale nucléaire sur le sol picard, notre région est dans l’environnement immédiat de
centrales implantées dans les régions limitrophes.

Pas moins de cinq centrales sont à proximité de la Picardie :

le site de Penly (Seine Maritime) : Le site se situe à 80 km à vol d’oiseau d’Amiens et à 87km de Beauvais. Il est doté de deux réacteurs d’une puissance de 1 300 MW chacun mis en service en 1990 et 1992. Ils sont refroidis par l’eau de la Manche.

Le 29 janvier 2009, il a été confirmé que le site, prévu à l’origine pour accueillir quatre réacteurs de 1 300 MW, accueillera le deuxième réacteur EPR français. Le dossier a été soumis à la commission nationale du débat public en mai 2009. Un débat public à eu lieu du 24 mars au 24 juillet 2010, organisé autour de 10 réunions publiques.
La construction est prévue pour 2012 pour une mise en réseau en 2017.

– Le site de Paluel (Seine-Maritime) : le site se situe à 120 km d’Amiens et 114km de Beauvais. Il comprend 4 réacteurs d’une puissance de 1300 MW chacun. Cette centrale a été mise en service en 1984 pour les deux premiers réacteurs puis en 1985 et 1986 pour les deux autres.

– Le site de Gravelines (Nord) : il se situe à 123 km d’Amiens et 153 km de Saint Quentin. Il est composé de 6 réacteurs de 900 MW chacun. Construits à partir de 1974, la mise en service des réacteurs s’est déroulée en trois temps : 2 réacteurs en 1980, 2 autres en 1981 puis les 2 derniers en 1985.

– Le site de Chooz (Ardennes) : Il se situe à 113 km de Saint Quentin et 104km de Laon. Le site est divisé en deux parties. Chooz A, comporte un réacteur qui fut le premier de type REP : réacteur à eau pressurisée, d’une puissance de 305 MW. Il a été connecté au réseau en 1967 et mis à l’arrêt le 30 octobre 1991. Cette unité est actuellement en cours de démantèlement.

Chooz B comporte quant à lui deux unités de production d’une puissance de 1 450 MW chacun. La connexion au réseau
s’est faite en 1996 et 1997.

– Le site de Nogent-sur-Seine (Aube) : le site se situe à 147 km de Beauvais, à 115km de Compiègne et à 63 km de Château Thierry. Il est constitué de deux réacteurs d’une puissance de 1300 MW chacun. Ils ont été mis en service en 1988 et 1989.

La population de la région Picardie est donc directement concernée par la proximité immédiate de ces sites nucléaires et par les risques qui y sont attachés.

2 – La Picardie est régulièrement traversée par des transports de matières nucléaires

Chacune de ces centrales est alimentée en combustible nucléaire en provenance de Cadarache (PACA) et évacue des déchets nucléaires vers le centre de retraitement de La Hague (Manche). Ces transports sont effectués généralement par camions et empruntent les routes de la région.

Il faut ajouter à cela l’alimentation en combustible et le traitement des déchets concernant les autres pays européens : Belgique, Pays-Bas, Suisse, Allemagne.

Les informations sur ces convois sont très difficiles à obtenir du fait de leur classement au titre du Secret défense.

Les transports ferroviaires internationaux sont les plus faciles à identifier. Les derniers transports en date sont les trains à destination de Gorleben (Allemagne) les 5 et 6 novembre 2010, puis à destination de Würenlingen (Suisse) les 2 et 3 mars 2011.

Retrouvez les communiqués de presse ici et ici

Plus d’information sur le transports des déchets nucléaires ici

Les écologistes ont régulièrement pointé l’absence d’information concernant ces transports dangereux et l’incapacité pour les pouvoirs publics de protéger la population si un accident survenait sur le trajet. En novembre et en mars, ce sont les réseaux associatifs antinucléaires et les élus régionaux EELV qui ont rendu public des informations dont les mairies des communes traversées ne disposent même pas.

3 – Un nouveau réacteur en projet à Penly

La région Picardie est également concernée directement par le projet de construction d’un nouveau réacteur EPR à Penly.

Deux prototypes de l’EPR sont déjà en construction en Finlande et à Flamanville (Manche). Ces chantiers ont entraîné des surcoûts très importants. En Finlande, le chantier commencé en 2005, compte déjà 44 mois de retard et 3 milliards d’euros de surcoût. Quant à Flamanville, depuis 2007, un an de retard dans la construction et 1 milliard d’euros de surcoût se sont accumulés.

Le réacteur EPR est une technologie que le gouvernement entendait soutenir à l’exportation pour promouvoir l’énergie nucléaire en dehors de nos frontières. Des projets concernent notamment la Tunisie. Le président Sarkozy s’est personnellement impliqué pour exporter les réacteurs nucléaires français à l’occasion de ses déplacements officiels.

A l’occasion du débat public qui s’est déroulé au premier semestre 2010, les élus régionaux EELV se sont exprimés pour pointer les problèmes posés par l’EPR, par sa localisation à Penly et plus globalement sur la filière nucléaire.

Retrouvez l’intervention de Christophe Porquier dans le cadre du débat public ici

Retrouvez le courrier des élus EELV à Didier Houi, président de la commission particulière du débat public de Penly 3 ici

www.stop-epr.org

4 – Quelles sont les alternatives ?

Il est possible de bâtir au niveau national un scénario de sortie du nucléaire qui s’étalera de facto sur plusieurs décennies (20 ans est une perspective souvent avancée).

Le démantèlement des centrales nucléaires et ses suites serait un gigantesque chantier économique et écologique qui peut mobiliser les salariés de l’industrie nucléaire pendant plusieurs décennies.

Il est nécessaire en parallèle de développer toutes les énergies renouvelables et d’investir dans les économies d’énergie.

C’est un formidable enjeu concernant notre économie et les priorités de recherche et d’innovation qui y sont associées.

Pour retrouvez les propositions d’Europe Ecologie – les Verts sur la sortie du nucléaire c’est ici (site www.eelv.fr) ou encore ici article sur www.lepost.fr

Le WWF prévoit 95% de sources d’énergie renouvelable en 2050

5 – Que font les élus EELV au Conseil régional de Picardie ?

En tant qu’élus, les conseillers régionaux agissent au quotidien en intervenant dans les politiques énergétiques régionales qu’ils mettent en oeuvre. Enfin, les élus jouent aussi leur rôle en avertissant la population des risques potentiels du nucléaire et en dénonçant l’opacité qui plane sur le sujet.

La région Picardie est fortement impliquée dans le développement de la filière éolienne sur son territoire. Elle aide la reconversion et à la diversification industrielle vers l’éolien. En 2010 on compte 367 éoliennes pour une puissance totale de 749 MW. Le schéma régional éolien prévoit la création de nouveaux parcs, certains sont déjà bien avancés comme Le parc éolien des deux côtes. Le site du Tréport produira à lui seul une quantité d’électricité équivalente à un demi réacteur nucléaire EPR.

La Région Picardie soutient également les projets de la filière bois énergie et la création de réseaux de chaleur, desservant l’habitat collectif, des bâtiments publics. Plusieurs chaufferies bois sont déjà opérationnelles comme celle de mise en service cet automne. à Beauvais. C’est le plus grand réseau picard. Il fait tourner les chaufferies de trois lycées, un collège, cinq écoles, plusieurs gymnases, une piscine et 2 100 logements, le tout avec des bio-combustibles via une chaudière de 10MW.

Le bois a un impact écologique bien moins important que celui des énergies fossiles. C’est une matière première renouvelable, économique, puisque son prix est stable et suit l’inflation contrairement au prix du gaz par exemple qui est indexé sur celui de pétrole et qui subit des variations sans véritable rapport avec le coût réel du produit.

Le développement des énergies renouvelables permet à la région d’élargir son offre énergétique mais il est indispensable que ce développement soit accompagné d’un plan ambitieux d’économies d’énergie, que ce soit dans l’habitat, l’industrie ou encore dans  l’agriculture.

La politique énergétique est une politique transversale qui se retrouve dans plusieurs domaines d’intervention de la région. Ainsi, de nombreuses formations sont créées, dans le bâtiment (éco-construction) ou dans la maintenance des éoliennes par exemple.

Depuis plusieurs années, le Conseil régional de Picardie met en place une politique de l’habitat ambitieuse visant à d’une part construire de nouveaux logements et d’autre part réhabiliter le parc existant afin de réduire de manière significative la consommation énergétique.

Les projets et les actions du Conseil régional en matière d’environnement sont encadrés par le schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE). La région Picardie s’est engagée dans la définition de ce schéma aux côtés de l’Etat. Il doit définir des objectifs de réductions des émissions de gaz à effet de serre, de lutte contre la pollution atmosphérique, de développement des énergies renouvelables et d’adaptation aux changements climatiques.

L’action du Conseil régional permet de renforcer la cohérence régionale des actions engagées par les diverses collectivités territoriales en Picardie.

Liens pour en savoir plus :

– Sur le nucléaire et ses risques

http://www.sortirdunucleaire.org/carte/

http://www.sortirdunucleaire.org/index.php?menu=sinformer&sousmenu=themas&soussousmenu=solutions&page=index

http://www.20minutes.fr/article/687734/planete-nucleaire-monde-mode-emploi

– Sur l’éolien en Picardie

http://eluspicardie.europe-ecologie.net/2010/06/projet-de-parc-eolien-en-mer-des-deux-cotes/

– Sur la sobriété énergétique

http://www.negawatt.org/

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