Intervention de Thierry Brochot lors de l’ouverture de la session budgétaire, le 13 Décembre 2010
13 Décembre 2010 – Ouverture de la Session Budgétaire
Intervention de Thierry Brochot
pour le groupe Europe Ecologie – Les Verts
Monsieur le Président du Conseil régional,
Monsieur le Président du Conseil économique, social et environnemental,
Chers collègues,
Nous ouvrons avec cette session budgétaire le deuxième acte du mandat que nous ont confié les Picardes et les Picards.
C’est le début du deuxième acte d’un mandat raccourci à 4 ans… peut-être provisoirement ! En tout cas, si l’on s’en tient à la loi telle qu’elle existe, quand le budget 2011 dont nous allons – c’est une hypothèse raisonnable – doter la Région Picardie cette semaine, aura été exécuté, pratiquement la moitié de notre mandat sera écoulé.
Ce calendrier justifie le sentiment d’urgence qu’évoquait Christophe Porquier lors du Débat d’Orientation Budgétaire. C’est ce sentiment d’urgence qui anime notre groupe.
Nous n’avons pas le temps. Pas le temps de nous tromper de politique ou de nous égarer. Pas le temps de remettre à demain ce qui s’impose à nous dès aujourd’hui.
Le champ des besoins dans notre région est vaste. Les indicateurs que tout le monde a à l’esprit permettent de mesurer l’ampleur de notre tâche. A titre de simples exemples, le taux de chômage est, en Picardie, de deux points supérieur à la moyenne nationale. L’espérance de vie y est sensiblement inférieure à la moyenne, de plus d’une année.
En face de ces besoins, notre collectivité n’est pas riche. 800 millions de recettes, j’arrondis, c’est à peine plus de 400 euros par habitant.
Autant dire que nous ne pouvons pas nous disperser. Que nous devons nous doter d’objectifs simples et clairs. Lisibles dirait-on de nos jours.
C’est avec ces préoccupations à l’esprit que nous avons analysé le projet de budget primitif qui nous est soumis.
D’abord et avant toute chose, il convient de remercier et de féliciter les services du Conseil régional qui font qu’année après année, un petit miracle s’accomplit. Merci à eux, donc.
J’ai souhaité ne retenir que quelques exemples dans le projet de budget :
Les lycées d’abord et l’enseignement. La région y reste très présente au même niveau qu’en 2010, dans tous les aspects de la vie lycéenne, c’est une gageure en ces temps contraints. Plus largement, pour les stagiaires de la formation professionnelle, les apprentis, lycéens et étudiants. Les nombreux dispositifs mis en place par la région sont des initiatives qui profitent directement aux lycéens et aux familles. Qu’ils aident la mobilité, les stages ou l’internat, ce sont des mesures salutaires, simples et efficaces. Pendant ce temps-là, l’Etat, quant à lui, supprime les contrats aidés dans les lycées. Contrats uniques d’insertion – Contrat d’accompagnement dans l’emploi.
Les transports : Comment ne pas se réjouir, d’un côté de la hausse continue de la fréquentation de nos TER et de l’autre de l’annonce, enfin, du démarrage du projet de liaison Roissy-Picardie ? Bien sûr, vu d’ici, vu d’Amiens, c’est surtout la connexion au réseau à grande vitesse qui retient l’attention et suscite toutes les attentes. Mais n’oublions pas non plus que le barreau permettra de se brancher sur le réseau TER au sud d’Orry-la-Ville permettant, via l’étoile ferroviaire de Creil, à de nombreux Picards d’accéder à leur emploi sur la zone d’activité de Roissy par le train et non plus par la voiture. On parle, à terme d’1,8 millions de trajets annuels et de 10 000 tonnes d’émission de CO2 épargnées du seul fait du report modal voiture vers train. Pour autant, il y a la crainte que nous ayons mangé notre pain blanc. Que nos marges de manœuvre soient menacées par les grands projets de RFF et de la SNCF et notamment, le cadencement qui nous est promis début 2012. A quel prix, on ne le sait pas encore ? Heureusement, la Picardie n’est pas seule face à ces échéances, les autres régions sont concernées également qui devront forcément avancer groupées pour éviter une dérive de la facture de l’opérateur national SNCF. Qui n’est pas particulièrement réputé pour ses vertus décentralisatrices.
Et puis, malgré le fiasco de Copenhague, malgré les insupportables renoncements de Cancun samedi dernier où, en gros, ça s’est conclu par « on se rappelle, on se fait une bouffe et on se trouve dans un an à Durban », malgré, surtout l’enterrement de première classe du Grenelle de l’Environnement, la région poursuit ses engagements en faveur de la sobriété énergétique et pour le développement des énergies renouvelables. Mieux, la région les organise en filières s’attache à en faire profiter les acteurs locaux pour créer de l’emploi pour les Picards.
Je n’ai choisi que quelques exemples de ce que le projet de budget primitif contient d’encourageant par rapport au temps qui reste à notre mandat.
Pour équilibrer notre budget, en 2011, notre recours à l’emprunt va diminuer, d’environ 20 millions d’euros. C’est une évolution sensible. Un premier pas. Il faudra sans doute aller plus loin les années suivantes, accélérer la cadence, pour éviter une asphyxie de nos finances. Nous aurons bénéficié en 2010 de la clémence des taux d’intérêts et la charge de la dette reste supportable à environ 20 millions d’euros. Mais sur ce front là, nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Ceci requiert vigilance, volontarisme et engagement de notre part.
La semaine qui s’ouvre s’annonce féconde et riche en débats. Je les espère respectueux, dignes, pourquoi pas inventifs … et tournés uniquement vers l’intérêt des Picardes et des Picards. Ils ne méritent pas moins.
Merci.