Ouverture de la session budgétaire : intervention de Thierry Brochot

ThB

Monsieur le Président,

Monsieur le Président du CESER,

Chers collègues,

La session budgétaire que nous ouvrons aujourd’hui va se dérouler dans une configuration inédite. L’alternance politique s’est produite au niveau national au printemps dernier avec l’élection de François Hollande à la Présidence de la République et l’élection d’une majorité de gauche à l’Assemblée Nationale. Pour autant, le débat parlementaire sur la réforme territoriale n’ayant pas encore eu lieu, nous ne savons pas quelles en seront les conséquences sur les collectivités territoriales et la nôtre en particulier.

De cette réforme territoriale, nous espérons qu’elle remette véritablement à plat les enjeux et les moyens. Les écologistes ont eu l’occasion, ici et ailleurs, d’exprimer ce qu’ils en attendaient et en particulier :

–        un renforcement du rôle des régions par la simplification du mille-feuille administratif ce qui permettra de rationnaliser la dépense publique ;

–        une fiscalité plus juste, plus dynamique et qui fasse un sort aux « niches » qui épargnent les marchés financiers et les grandes entreprises leur permettant d’échapper à une juste contribution à l’effort national ;

–        une véritable fiscalité écologique pour financer des infrastructures vertueuses par un système de bonus-malus ;

et, enfin, surtout peut-être une véritable politique de relance par la conversion écologique des territoires au niveau européen et national qui permettrait de relancer l’investissement, diminuer notre empreinte climatique, lutter contre le chômage, améliorer le pouvoir d’achat des ménages et repositionner notre continent et notre pays à leur juste place dans le domaine de la recherche et l’innovation.

Le débat national sur la transition énergétique qui s’engage ses jours-ci et jusqu’à l’été peut être la matrice de cette conversion dès lors qu’il n’aura pas été confisqué par les intérêts particuliers, par le corps des mines, AREVA, GDF, Total et autres promoteurs de l’exploitation des gaz de schiste.

Mais, c’est donc, dans un « entre-deux » qui ne nous apporte pas la perspective d’une visibilité sur notre devenir que s’engagent nos travaux.

Un « entre-deux » tout de même alimenté par quelques annonces et orientations qui sont apparues à l’occasion du projet de loi de finances 2013 et aux termes desquelles il semblerait que les collectivités territoriales soient conviées à prendre leur part de l’effort de redressement des comptes publics à hauteur d’un peu plus de deux milliards d’euros sur les années 2014 et 2015.

Il n’empêche que nous avons quelques indices, précis eux, sur la situation économique et sociale de notre territoire et sur l’état de la demande dans le champ des compétences qui sont les nôtres.

Je vous fais volontiers grâce de la montée apparemment inéluctable du chômage, de la litanie des plans sociaux et des fermetures d’usines et de magasins qui plongent nos concitoyens dans la précarité et la difficulté. Je vous fais grâce des chiffres de la comptabilité publique et de l’état des finances de notre pays, rien qui engage à l’optimisme !

Tout ceci ne brosserait qu’un tableau déprimant de la conjoncture et une toile de fond grisâtre à nos débats si, et c’est un peu le problème qui nous occupe avec le budget dont nous allons doter notre collectivité, ce constat ne rejaillissait pas directement sur notre propre activité.

D’un côté, la demande qui explose, d’éducation, de formation, de transports, d’appui aux entreprises et de partenariats avec les autres collectivités pour ne parler que des missions confiées aux régions,

D’un autre, je l’ai dit, des moyens pour intervenir qu’on nous compte de plus en plus chichement.

Ces débats sont l’occasion de rappeler les ordres de grandeur qui sont en cause. Environ 500 euros par Picard et par an pour ce qui est de l’intervention régionale dans l’ensemble des compétences qui lui ont été confiées ou sur lesquelles elle a souhaité intervenir. Environ 20 fois plus pour l’Etat. Ceci doit nous permettre de relativiser l’impact des décisions de notre assemblée sur la vie de nos concitoyens. Mais également de rappeler que, malgré les moyens qui nous sont comptés, les collectivités territoriales représentent plus des deux tiers de l’investissement public.

C’est avec ces éléments à l’esprit qu’il faut noter que le budget qui nous est proposé contient un important effort d’investissement, peut-être inédit. C’est faire le pari que les quelques dizaines de millions d’euros que la Région met sur la table rencontreront localement des partenaires et correspondront à une demande de porteurs de projets afin que cet effort de la Région puisse faire levier sur l’activité économique locale et se retrouve démultipliés sur les territoires.

La période que nous vivons, celle des crises, environnementale et sanitaire, financière, économique et sociale rend plus impérieuse que jamais, l’exigence d’exemplarité de nos collectivités. Elle demande clairvoyance et circonspection dans l’utilisation des deniers publics. Elle requiert que nos politiques soient évaluées pour le service qu’elle rend est effectivement, au bout du compte, aux populations.

Elle rend tout aussi indispensable, et plus sans doute que jamais, la lutte contre l’exclusion, notamment économique et des efforts particuliers en direction de ceux que l’époque touche le plus durement. Il appartient à toutes les collectivités, et à la Région notamment de se préoccuper de leur sort et de mettre en œuvre des dispositifs qui leur permettent de surmonter les difficultés dans laquelle la crise les a plongés.

C’est l’un des enjeux principaux du budget dont notre Région va se doter.

 

Je vous remercie.

 

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