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Intervention sur les DIM (domaines d’intérêt majeur)

Intervention sur les DIM (domaines d'intérêt majeur)- 18/11/11

Monsieur le Président,
Madame la Vice-présidente,
chers collègues,

C'est avec une certaine émotion que j'interviens dans la discussion à propos de la labellisation des DIM (Domaines d'intérêt majeur)pour cette mandature. Vous le savez très bien, et beaucoup dans cette assemblée s'en souviennent encore, lorsque au cours de la précédente mandature, j'avais proposé le concept de Domaine d'intérêt majeur pour la région, nous avions considéré qu'il était important pour notre collectivité de concentrer les moyens qu'elle souhaitait, et qu'elle pouvait, consacrer à la recherche à un nombre limité de thématiques de recherche qui pour des raisons diverses, nous paraissaient stratégiques. Dans certains cas, nous avions décidé de soutenir des thématiques de recherche parce qu'elle étaient en émergence et avaient besoin de moyens pour se structurer. Etant en émergence dans notre pays, elles ne bénéficiaient pas – ou pas encore – de la reconnaissance qu'elles méritaient et des soutiens financiers nationaux qui vont avec cette reconnaissance. C'était par exemple le cas de la thématique Genre, et c'est ainsi qu'a été créé l'Institut Emilie du Chatelet pour les recherches sur les femmes, le sexe et le genre, qui a désormais trouvé sa place sur la scène académique française, et je pense que notre institution régionale peut s'en féliciter. C'était également le cas, à l'évidence, de la thématique Santé Environnement Toxicologie qui fut labellisée comme DIM par cette assemblée en 2008, assez tardivement donc au cours de la mandature précédente.

Aujourd'hui, l'exécutif nous transmet une liste de 16 grandes thématiques, une liste qu'on nous propose de labelliser en bloc, sans que nous n'ayons notre mot à dire au sujet de ces 16. Qui a élaboré cette liste? C'est le Conseil scientifique régional, dont je salue à ce moment la très grande qualité du travail accompli dans l'évaluation des projets, très gros travail effectué avec grand professionnalisme par des chercheurs parfaitement compétents et dont personne ne mettra l'impartialité en doute. Le problème que nous soulevons, que Bastien François a déjà soulevé dans la discussion générale, est le suivant.

Le CSR a donc élaboré une liste de 16 thématiques à labelliser DIM. Pourquoi 16? Parce que ce nombre figurait comme nombre maximum de DIM que le conseil régional disait envisager de labelliser. Ce nombre figurait à un endroit, un seul : dans l'appel à projets diffusé à la communauté scientifique francilienne en février dernier. 16 était le maximum indiqué, cela aurait tout à fait pu être 15 ou 14 ou 12 ou 17, vu que nous n'avions pas voté ce point quand nous avons adopté le rapport de cadrage il y a un an. Qu'a alors fait le CSR? Il a adopté ce nombre maximum comme un objectif à atteindre. Croyant bien faire, il a en outre décidé de prendre en compte nos priorités politiques telles que l'exécutif les lui avait transmises. Et c'est donc muni d'une liste de priorités politiques et d'un nombre, 16, qu'il a travaillé. Avec pour résultat la constitution d'une liste de 16 thématiques, et pour que nous n'ayons pas de doute sur la qualité de ces 16-là, il les a classées toutes ex-aequo. Si le nombre maximum indiqué avait été 15, nul doute pourtant que le Conseil scientifique aurait su écarter un des 16 ex aequo pour n'en retenir que 15.

Notre collègue Bastien François a déjà pointé la difficulté dans laquelle nous nous trouvons à ce stade de la discussion, et de la confusion qui provient du fait que le Conseil scientifique a non seulement accompli son rôle d'évaluation scientifique, mais est allé au-delà en tentant de concilier priorités politiques et évaluation scientifique. Or, dans la liste des 16 grandes thématiques proposées ne figure pas la thématique santé environnementale, une de nos grandes priorités. Ce que nous avions fait en 2008, créer le DIM Santé environnement toxicologie, nous serions sur le point de le défaire? Après avoir porté depuis 2008 l'ambition de structurer un réseau de recherche francilien sur la thématique santé environnement toxicologie, notre institution serait donc prête maintenant à se dérober? Je ne peux le croire.

Rappelons-le ici et maintenant. Si la recherche française est globalement l'une des plus performantes au monde, elle présente aussi certaines lacunes. Ainsi, la France est-elle loin d'être à la pointe dans le domaine de la recherche scientifique en santé environnementale qui explore comment l'environnement pris au sens large impacte la santé des populations. L'environnement pris au sens large, cela inclut aussi bien les polluants de l'air, de l'eau, les rayonnements divers, les conditions socio-économiques de vie, d'habitat, les conditions de travail, etc. Aux Etats-Unis, une référence en matière de recherche, la recherche en santé s'effectue en très grande partie au sein des NIH, les instituts nationaux de la santé. Il y a 27 instituts spécialisés et parmi eux l'institut national des sciences de la santé environnementale. Cet institut travaille sur ces thèmes depuis 1969, son objectif est de comprendre comment l'environnement influence le développement et la progression des pathologies. Voilà qui est essentiel d'un point de vue de santé publique. Or, il n'existe rien en tel en France où cette thématique est malheureusement restée trop longtemps négligée.

Je voudrais encore rappeler que la santé constitue l'une des priorités affichées par la majorité régionale pour cette mandature. La santé, ce n'est pas seulement ni principalement l'accès aux soins, c'est aussi la prévention. Voilà pourquoi nous proposons cet amendement qui, s'il est adopté, substituera à la liste des 16 DIM établie par le CSR une nouvelle liste, de 17 DIM cette fois-ci, la seule différence étant l'ajout de la thématique Santé environnement toxicologie.