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Accompagner les chambres d’Agriculture dans la conversion

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La vision du développement agricole des écologistes et celle des chambres d'agriculture diffère de façon importante. "Parce que leur mode de scrutin favorise les syndicats majoritaires, parce que la FNSEA, syndicat majoritaire s'il en est, mène des actions parfois démagogiques, parce que leur vision productiviste  va à l'encontre de la notre, le dialogue est parfois difficile avec les chambres d'agriculture", confirme Corinne Rufet, Vice-présidente en charge de l'Agriculture, de l'Environnement et de l'Énergie.

"Pour autant, pour mettre en place la transition écologique je pense qu'il faut allier radicalité et dialogue. Pour réussir  la stratégie régionale pour une agriculture durable et de proximité a besoin de tous les acteurs de l'agriculture  dont les chambres d'agriculture", poursuit la Vice-présidente.

 "Rappelons-le, l'enjeu pour nous c'est la transition du monde agricole, par une agriculture durable, respectueuse de l'environnement et de la santé des agriculteurs comme de toutes celles et ceux qui vivent alentours. Pour nous, il s'agit bien d'un enjeu sanitaire, environnemental et sociétal majeur", souligne Marianne Boulc'h, qui a donné l'avis du groupe écologiste sur cette convention.

La Vice-présidente a ainsi mené les discussions avec les points suivants en tête :

  1. L’action des chambres et de l’ERE doit respecter les axes de la stratégie régionale,
  2. Les taux et plafonds de financement doivent refléter les priorités régionales,
  3. La gouvernance doit permettre un dialogue entre techniciens et responsables des structures afin d’arriver à la mise en place d’un programme d’action annuel commun,
  4. Les travaux, études, expérimentations menés par les chambres dans le cadre de cette convention doivent être expertisé par des organismes indépendants,
  5. Le suivi administratif doit permettre de bien évaluer l’ampleur et l’évolution des actions financées.

 

Son intervention complète est ici : Convention chambres agriculture, présentation de Corinne Rufet

Le groupe des élu/es écologistes a en outre particulièrement insisté sur deux points :

  • l'accompagnement personnalisé des agriculteurs qui veulent entamer leur conversion vers une agriculture bio et paysanne et
  • la protection de leur santé.

 

L'INSERM a réalisé en 2013, à la demande de la Direction générale de la santé, un bilan de la littérature scientifique internationale des trente dernières années sur les risques sanitaires associés à une exposition aux pesticides, en particulier dans le monde agricole. L'expertise collective retient une augmentation du risque de cancers chez les agriculteurs, les ouvriers d'usines de production de pesticides et les populations rurales. La Mutuelle sociale agricole (MSA) elle-même reconnaît la dégradation de la santé des agriculteurs utilisant des produits phytosanitaires. "Pourtant, trop souvent, le lien entre l'utilisation d'intrants et maladies est minimisé, contraignant certains agriculteurs à s'engager dans des contentieux lourds pour que soit reconnue l'origine professionnelle de leur maladie", regrette Marianne Boulc'h.

Le communiqué de presse de l'Inserm sur cette étude est ici

La synthèse de l'étude de l'Inserm est en ligne

"Le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll a déclaré fin janvier que, je cite, "les produits phytosanitaires sont comme une bombe à retardement". Les pesticides sont une bombe à retardement, oui, dont les premières victimes sont les agriculteurs", insiste Marianne Boulc'h.

 L'amendement proposé par les écologistes et adopté par le conseil régional prévoit que l'Observatoire Régional de la Santé et/ou l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme conduisent une étude auprès des agriculteurs franciliens pour mieux identifier et cerner les problèmes de santé liés à l'utilisation d'intrants chimiques. "Ces conclusions permettront d'inciter davantage les agriculteurs à adopter des alternatives à ces produits nocifs pour la santé et l'environnement", espère Marianne Boulc'h,

« La santé des agriculteurs est un enjeux fondamental que trop de lobbys essayent de taire à cause d’intérêt économique. La future étude de l’ORS et de l’IAU sur le sujet permettra d’avoir une vision précise de l’état de santé des agriculteurs franciliens et de leurs riverains », ajoute Corinne Rufet.

Depuis 1998, la Région s’est mobilisée en faveur du développement durable de l’agriculture et de la préservation des espaces ouverts agricoles et naturels en Ile-de-France, région à la fois très urbanisée et très agricole.

Un rapport visant à redéfinir la stratégie régionale pour une agriculture durable et de proximité pour la période 2015-2020 a été adopté par les élus régionaux le 21 novembre 2014.

Des infos sur la stratégie régionale pour une agriculture durable et de proximité sont ici 

Cette stratégie comprend un premier axe intitulé « Protéger les terres agricoles, mettre en œuvre le Schéma Directeur de la Région Ile de France (SDRIF) et renforcer l’installation », un deuxième axe «Accentuer la transition agro-écologique et développer l’agriculture biologique» et un troisième « Promouvoir le développement et la diversification des filières économiques locales et de l’agriculture durable ».

"Pour la mettre en œuvre, la Région souhaite s’appuyer en particulier sur les chambres d’agriculture franciliennes, et l’établissement régional de l’élevage", déclare Corinne Rufet. En effet, cette stratégie nécessite un travail de conseil et d’appui auprès des professionnels agricoles, la conduite d’expérimentations, l’acquisition de connaissances, et la diffusion de leurs résultats et de références, une animation territoriale, des interfaces entre les professionnels agricoles, les acteurs de la recherche, les collectivités, les acteurs fonciers et ceux des filières. C’est une véritable dynamique qu’il s’agit d’instaurer sur le territoire francilien.