Tribune libre publiée dans le magazine « Ma Région » de décembre 2013

La suspension de l’écotaxe camions est emblématique des conservatismes qui minent notre société.

Stigmatisée comme un impôt injuste, l’écotaxe camions vise à faire payer le juste prix du transport routier à ses principaux utilisateurs plutôt qu’à tous les contribuables.

Les plans sociaux qui touchent le secteur agro-alimentaire sont dus à l’absurdité d’un système de production qui base sa rentabilité sur l’exportation subventionnée de produits bas de gamme et fait abattre chaque année 700 000 porcs en Allemagne plutôt qu’en Bretagne, en profitant de coûts de transport routier insignifiants, au détriment de l’emploi dans les abattoirs locaux.

L’écotaxe est un bouclier pour l’emploi et pour l’aménagement durable des territoires. Sa ressource est dédiée au financement des chantiers d’infrastructures. Sa suppression représenterait un manque à gagner d’environ 40 millions d’euros par an dans notre région.

Mais l’écotaxe conçue par Jean Louis Borloo s’apparentait à un hold-up fiscal. Le recours à un partenariat public privé (PPP) garantissait 20% de la recette au consortium gestionnaire, quand le coût de collecte de l’impôt par le fisc est proche de 1% !

Il est maintenant nécessaire que l’Etat révise la gestion de l’écotaxe pour lui redonner sens : le développement des alternatives à la route, la protection de l’environnement et de la santé, la re-localisation de l’économie.

Claude Taleb