Rapport de la Cour des Comptes: Quand le mythe du « nucléaire pas cher » s’effondre…
Après les mythes de l’indépendance énergétique et de la technologie sûre, c’est au tour de celui du « nucléaire pas cher » de s’écrouler, avec la publication hier du rapport de la Cour des comptes sur les coûts de la filière électronucléaire. Comme les écologistes ne cessent de le répéter depuis des années, si l’on prend en compte l’ensemble des coûts liés à la filière électronucléaire, le coût du mégawatt-heure est bien plus élevé que celui établi aujourd’hui par les pouvoirs publics, d’autant plus que le renforcement inéluctable de la sûreté nucléaire va encore renchérir ces coûts – ce que la Cour des comptes n’a pas pu intégrer à ses calculs, faute de temps.
Le mythe de l’excellence technologique de la filière nucléaire française en prend aussi un coup, puisque le rapport souligne le fait que les EPR ne pourront en aucun cas répondre aux gigantesques défis énergétiques auxquels fait face notre pays : ainsi, à consommation constante, si l’on limite la durée de fonctionnement des réacteurs à 40 ans – ce qui est, rappelons-le, absolument essentiel pour préserver la sécurité de nos concitoyens – il faudrait construire 11 EPR d’ici 2022, soit plus d’un par an, dès aujourd’hui ! Quand on sait que celui en construction à Flamanville accuse, encore, un retard de plus de 2 ans et un surcoût de plus de 3 milliards d’euros, cela s’annonce, comme le souligne Didier Migaud, premier président de la Cour des Comptes, « très peu probable, voire impossible, notamment pour des considérations industrielles ». L’EPR s’avère bien être un projet industriel catastrophique, il est donc urgent de l’abandonner !
La Cour de comptes montre également qu’au fil des ans, les coûts connus de cette filière ne cessent d’augmenter, notamment avec l’EPR, et qu’il reste un certain nombre de coûts inconnus, qui pourraient se révéler faramineux dans les décennies à venir : démantèlement, gestion et stockage des déchets nucléaires, assurances contre les risques d’accidents… Alors que dans le même temps, le coût des énergies renouvelables, lui, ne cesse de baisser au niveau mondial grâce aux progrès techniques et au développement de la production.
Il est donc urgent de mettre en œuvre une vraie stratégie énergétique dans notre pays, réaliste, volontaire et transparente, qui s’appuie à la fois sur des économies d’énergie importantes et sur la promotion volontariste de toutes les énergies renouvelables.
Et pour cela, investir massivement dans la recherche sur les énergies renouvelables au niveau régional, comme national, s’avère une priorité. Miser à 100% sur ces énergies prometteuses au lieu d’attribuer, encore, des financements publics à la R&D sur le nucléaire, comme pour le projet Genesis, qui s’ajouteraient aux 38 milliards d’euros de recherche publique déjà investis dans le passé, ne semble pas être de « l’obscurantisme », comme certains le disent, mais bien un choix d’avenir.