Parc éolien en mer de Fécamp : le débat public est lancé
La salle du cinéma du « Grand large » était comble hier soir à Fécamp pour l’ouverture du Débat public relatif au projet de construction d’un parc éolien en mer à quelques 13 km de la côte. Avec 83 éoliennes de 6 mégawatts, 500 mégawatts de puissance installée, ce parc est appelé à produire l’équivalent de la consommation électrique domestique annuelle de 770 000 personnes, plus du tiers des habitants de la Région.
La soirée était animée par la commission particulière du débat public. Son président, Olivier Guérin, a dirigé les séances de questions et de débats avec l’impartialité, la rigueur et l’écoute qu’avaient pu apprécier les haut-normands participant, en 2011, au débat public sur la liaison ferroviaire Paris-Normandie (LNPN).
La grande majorité des personnes présentes étaient des fécampois et des habitants des communes voisines curieux d’en savoir plus. Après une présentation générale du projet par le Ministère de l’écologie et par ses « maîtres d’ouvrage », EDF energies nouvelles et WPD, les premières questions ont porté sur les diverses facettes du projet : quels impacts sur la biodiversité marine? sur les usages de loisirs (la baignade!), sur la pêche (avec un témoignage favorable d’un ancien patron pêcheur)? sur les conditions de raccordement au réseau ERDF? quelles opportunités de formation et d’emploi ? quels impacts pour les contribuables et sur les factures des consommateurs ?
Le représentant d’une association anti-éolien a pu exprimer ses réserves à deux reprises. Celui du Réseau sortir du nucléaire a questionné la légitimité d’un débat public sur ce seul projet plutôt que sur les 5 programmés sur l’ensemble du littoral. Haute-Normandie Nature Environnement a souligné la qualité des études d’impacts en cours sur la biodiversité (ornithologie, poissons, mammifères marins) et a interrogé les choix de raccordement au réseau.
Le porte-parole d’EELV Pays des Hautes Falaises, Alain Plantaz, a exprimé le soutien des écologistes locaux au projet tout en portant opportunément l’exigence que les 3,5 millions d’€uros qui seront versés chaque année, pendant la durée de la concession (20 ans), aux 17 communes littorales situées à moins de 22 km du parc, soient affectés par ces communes à des investissements contribuant à la transition énergétique (économie et d’efficacité énergétique).
Porte-parole des élus régionaux EELV sur les projets de développement éolien, [Claude Taleb est] intervenu, dans la limite des 3 mn imparties, pour faire partager deux propos d’ordre général sur l’opportunité du projet et sur ses enjeux économie- emploi.
En substance :
« Nous aurons l’occasion dans les prochains débats thématiques et spécialisés de porter nos remarques et interrogations en matière de biodiversité ou d’attention à la filière pêche à laquelle nous accordons la plus haute importance.
Ce soir, à l’ouverture de ce débat, je veux dire clairement que pour les élus régionaux EELV, oui, ce projet est opportun. Il est opportun parce que nous nourrissons pour notre pays l’ambition de sortir de la double dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire. Et pour atteindre ces objectifs ambitieux mais réalistes, à l’échéance d’une génération, nous savons que avons obligation de faire plusieurs types de démonstrations. L’une d’elles est -malheureusement- faite : nous le savons depuis Fukushima, c’est celle de la dangerosité inédite, insoutenable de l’industrie nucléaire. La seconde est la démonstration que l’exploitation du plus important gisement d’énergie, celui des économies et de l’efficacité, est possible, à des conditions économiques et sociales acceptables. Ce sera tout le défi du débat national qui vient de s’ouvrir sur la transition énergétique. Et bien sur, il nous faut rattraper notre retard, faire monter en puissance les renouvelables pour atteindre les objectifs internationaux, les 23% en 2020, et ensuite doubler la mise à l’horizon 2050. Perspective qui n’a rien d’utopique : on a ainsi appris samedi 23 mars à midi que 58% de l’électricité consommée en Allemagne était produite par des renouvelables, l’éolien représentant à lui seul 29% du total !
En matière d’économie et d’emploi, ce projet est une véritable chance pour la Haute-Normandie. A la clé d’une synergie entre les projet de Fécamp et celui du Tréport, il y a la possibilité d’une nouvelle filière industrielle régionale très adaptée aux compétences et savoir faire de notre région, une véritable chaîne de valeur qui concerne de nombreuses entreprises, des plus grandes aux plus petites. On nous annonce 1000 emplois de chantier à Fécamp puis 100 emplois de maintenance. On peut aussi mesurer les impacts locaux en traduisant en équivalents emplois les ressources nouvelles des communes ou du comité des pêches : elles pèseront respectivement l’équivalent de 90 et 60 emplois locaux pérennes ! «
Les 8 prochaines séances du débat auront lieu, outre Fécamp, à St Jouin Bruneval, à Etretat, au Havre, à St Pierre en Port. le programme détaillé, c’est ICI.
Vous pouvez retrouver ce billet de Claude Taleb sur son blog.