Lettre ouverte au préfet de Véronique Bérégovoy, Vice-présidente en charge de l’Environnement, concernant l’accident industriel à Lubrizol

Industries vallée de Seine_EELV-CRHN

 

ROUEN, le 22 Janvier 2013

 

 

Monsieur le Préfet,

 

En tant que Vice-présidente à l’environnement de la Région Haute-Normandie, j’ai eu la charge de co-piloter l’élaboration du Plan Régional de la Qualité de l’Air (PRQA) et plus récemment avec vos services le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) en cours d’enquête publique.

 

A ce titre, confrontée à ce que vous qualifiez « d’incident »  survenu sur le site de l’usine Lubrizol dans l’agglomération rouennaise, j’ai essayé d’obtenir des informations pour apprécier la nature du risque concernant cet accident.

 

Force et de constater qu’il m’a été difficile d’obtenir une information claire et précise et que les quelques éléments portés à ma connaissance ont rapidement été remis en cause par l’évolution des évènements.

 

J’en conclu que nos concitoyens et en particulier les habitants de la CREA ont du se trouver fort démunis face à cette situation. Cela souligne la défaillance des pouvoirs publics en matière d’information et de transparence sur un accident industriel.

 

D’ailleurs, je me permets de porter à votre attention que le Mercaptan n’est pas aussi inoffensif que les communiqués de la Préfecture ont bien voulu laisser entendre. En effet, par la voix de votre Directrice de cabinet, vous communiquez sur le fait qu’il n’y a aucun danger et que le niveau de pollution mesuré est très inférieur au seuil d’alerte de 100 ppm. Alors que dans le même temps vous précisez que les niveaux de gaz mesurés en sortie de cheminée sont déjà à 80 ppm ce qui vient contredire vos déclarations rassurantes.

 

J’en suis d’autant plus inquiète que la fiche toxicologique du Mercaptan précise qu’il est toxique par inhalation. En outre, même lorsque celui-ci est présent en deçà des seuils d’alerte, il est particulièrement incommodant pour les personnes les plus sensibles et notamment celles souffrant d’affections respiratoires et cutanées chroniques. N’oublions pas non plus que notre société compte de plus en plus de personnes ayant développé une ultra-sensibilité à l’exposition aux produits chimiques.

 

Aussi, Monsieur le Préfet, ce n’est pas parce que le danger n’est pas mortel qu’il ne faut pas prendre de précautions: le Ministère de l’Intérieur aurait dû appeler à la vigilance et demander aux riverains et aux personnes sensibles de rester confinées chez elles pour ne pas saturer les pompiers d’appels – à juste titre – anxieux.

 

Par conséquent, je vous demande solennellement de bien vouloir en toute transparence informer l’ensemble des pouvoirs publics et habitants des communes exposées à cette fuite de gaz.

Nous sommes en droit de connaitre le déroulé exact de cet accident, son origine, sa nature, les risques auxquels la population est exposée, les mesures qui seront prises pour que cela ne se reproduise pas.

 

Dans l’attente de votre réponse,

 

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Préfet, mes salutations respectueuses.

 

Véronique BEREGOVOY

Voir la copie du courrier envoyé ce jour au préfet ici.

 

 

Remonter