Tous les acteurs publics et privés qui se mobilisent depuis quelques années pour que la Haute-Normandie rattrape le retard qui est le sien en matière d’agriculture biologique sont aujourd’hui fondés à être surpris et déçus, après l’annonce de la décision du tribunal de commerce de Rouen.

Lors de son audience ce 4 juin, celui-ci a en effet refusé de donner sa chance à la jeune coopérative en rejetant le plan de continuation qui lui était proposé, et en prononçant la liquidation judiciaire de la plateforme de produits biologiques, l’E’Caux Centre, qui devrait conduire à un arrêt d’activité le 4 septembre prochain.

Il est décevant que les éléments tangibles pesant en faveur d’un redressement futur n’aient pu faire pencher la balance en faveur d’un délai complémentaire :

– l’accord de rééchelonnement des remboursements intervenu entre l’entreprise et ses partenaires bancaires ;

– la hausse très sensible du chiffre d’affaires des ventes sur site intervenue depuis deux mois ;

– les réponses apportées par l’E’Caux Centre à plusieurs consultations et appels d’offre de restauration hors domicile (RHD) ;

– le référencement de la plateforme bio par un grand groupe de distribution alimentaire intervenu la veille du jugement et lui ouvrant l’accès à tous ses acheteurs.

Ceci à un moment où le gouvernement décrète la mobilisation générale pour la sauvegarde de l’emploi ; cette décision, sur recommandation de son représentant, aura pour conséquence de détruire les emplois du projet, mais également de ralentir le développement de la logistique si indispensable au décollage de la bio.

Il est surprenant que la décision prise intervienne :

– alors que le Ministre de l’agriculture vient de réaffirmer la priorité accordée par le gouvernement au développement de l’agro-écologie ;

– alors que la demande de produits bios par les RHD, dans les établissements scolaires, dans les entreprises, dans les hôpitaux et résidences sociales, est en hausse constante, sans trouver l’offre de produits correspondante ;

– alors que la plateforme de l’E’Caux Centre, outil récemment construit et outillé, est à même de remplir une irremplaçable fonction de passerelle, susceptible d’offrir de nouveaux et importants débouchés pour nos producteurs.

L’ E’Caux Centre, l’Etat et les collectivités locales qui se sont fortement engagés aux côtés de ce projet ont-ils eu raison trop tôt ?

Le refus de donner « du temps au temps », et sa chance à ce projet innovant, risque de nous obliger demain à faire ce constat… pour recommencer à zéro !

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