En décembre 2014, face aux comportements de la FNSEA relayés par les chambres d’agriculture du Tarn et du Tarn et Garonne mais aussi par certain-es élu-es locaux qui avaient fait avorter le long processus de discussion mis en place après la mort de Rémi Fraisse, les associations environnementales avaient demandé l’organisation de nouvelles réunions en janvier afin de trouver une sortie de crise partagée entérinant l’abandon du projet actuel de barrage de Sivens. L’obsession de certains décideurs locaux à réclamer un « arbitrage dans l’urgence » tout en persistant à demander la poursuite du projet initial est irresponsable et irrespectueuse.
Les élu-es régionaux EELV ne remettent nullement en cause les besoins en eau de la vallée du Tescou mais rappellent qu’à ce jour une procédure d’infraction contre la France est ouverte par la Commission Européenne pour non-respect de la loi sur l’eau et que le précédent rapport des experts pointait des besoins surestimés, une étude d’impact de qualité médiocre, un financement fragile mais aussi une négligence des alternatives. Comment peut-on s’obstiner dans ces conditions dans un projet aussi mauvais pour la planète, pour le territoire, pour les finances publiques et même pour la démocratie ?
Déjà dans le Tarn, le barrage de Fourogue (même volume et même superficie que Sivens), construit en 1997 avait été déclaré illégal 4 ans plus tard, suite à l’annulation des déclarations d’utilité publique et d’intérêt général.
En 18 ans, les méthodes de certains décideurs restent les mêmes : même entêtement, même passage en force, au nom de l’Etat de droit qu’ils n’ont pas hésité à fouler y compris dans le dossier actuel. Cette violence institutionnelle, trop souvent passée sous silence, est consternante.
L’obstination de certains responsables agricoles et élu-es départementaux ne fait que retarder la mise en place de réelles alternatives viables tant pour notre planète que pour nos finances publiques. Une obstination qui ne s’explique que par le souhait de défendre leur seuls intérêts catégoriels, leur seuls privilèges au détriment de l’intérêt général.
Il n’y aura ni vainqueurs, ni vaincus. Ne commettons pas les mêmes erreurs que par le passé. A la suite du travail mené par les experts mandatés par la Ministre de l’Ecologie (qui devrait rendre une décision d’ici le 20 janvier) avec tous les acteurs du dossier, notre rôle est désormais à l’apaisement pour enfin obtenir une sortie par le haut, envisager collectivement les solutions les moins impactantes pour l’environnement et satisfaire les réels besoins en eau de la vallée.
Notre responsabilité est de retisser les liens et pas de chercher la division par des provocations insupportables. Il y a une mémoire à respecter, celle de Rémi Fraisse, il y a un avenir à construire celui d’un territoire plein de potentiel.
Guillaume CROS
Président du Groupe EELV au Conseil Régional Midi-Pyrénées