Le Conseil Régional Midi-Pyrénées doit réorienter ses aides
Quelques mois après l’affaire Spanghero et la mise en lumière d’un véritable scandale alimentaire à l’échelle européenne, nous constatons une fois de plus que l’accident n’a pas fait dérailler le système.
Certes, les entreprises de production impliquées dans le scandale de la viande de cheval connaissent de graves difficultés financières et ont perdu leurs marchés principaux. Les enseignes de la grande distribution entachées ont rapidement mis en place une stratégie marketing – de greenwashing – pour se refaire une virginité sous couvert de made in France.
Pendant ce temps, le système n’est toujours pas devenu vertueux. Pour François Calvet, Conseiller Régional Midi-Pyrénées et vice-président de la commission Agriculture et Agro-alimentaire, « Des circuits agro-alimentaires douteux au retour des farines animales, en passant par le danger des pesticides, l’actualité a remis au devant de la scène quelques-uns des symptômes les plus marquants d’une filière en crise ».
La seule réponse est la transition vers une agriculture de qualité capable de répondre aux exigences des consommateurs, vers une agriculture rémunératrice pour les paysans, vers une agriculture responsable et protectrice de l’environnement. Marie-Françoise Vabre
La Région est le bon échelon d’intervention pour changer la donne, d’autant plus qu’elle sera la principale courroie de transmission de l’Union Européenne pour l’attribution des aides dites du second pilier de la Politique Agricole Commune portant sur le développement rural. Ces aides financent essentiellement des investissements, pour la mise aux normes des bâtiments d’élevage par exemple ou encore le financement des outils de production ou de transformation.
La région décide des critères d’attribution de ces aides, la région peut donc orienter l’agriculture de demain.
Pour illustrer ces propos, il est intéressant de revenir sur l’attribution d’une subvention à la société Poujol Frères pour financer un investissement sur l’abattoir de Sainte Geneviève sur Argence en décembre 2010, dénoncée par le groupe des élus Europe Ecologie – Les Verts en Commission Permanente. Jacques Poujol est aujourd’hui connu pour avoir dirigé la société Spanguero dès 2011, jusqu’à ce que le scandale de la viande de cheval éclate. Marie-Françoise Vabre, élue aveyronnaise, protestait alors que le système Poujol ne pouvait garantir une viande de qualité. En effet, il s’approvisionnait en « minerai de viande » sur l’ensemble du marché européen selon la fluctuation des courts, puis il le stockait dans des entrepôts de congélation à Sarreguemines avant de fabriquer des steaks hachés bas de gamme dans les ateliers de Sainte Geneviève. Après enquête, Marie-Françoise Vabre avait découvert que la société Poujol Frère était en train de vendre l’abattoir au groupe Arcadie. Elle avait alors déclaré « Il est inacceptable que M. Poujol reçoive une subvention. Les collectivités locales ne sont pas de simples organismes financiers auprès desquelles on lève des fonds pour assurer une plus-value à la revente ». Suite à cette intervention, et contrairement à ce que l’on a pu lire dernièrement dans la presse, la Région a annulée cette attribution de subvention. Néanmoins, le Conseil Général de l’Aveyron a bien versé une subvention de 153 000 euros.
Il est primordial que les institutions renforcent les gardes fous pour l’attribution des aides, c’est ce que nous appelons l’éco-conditionnalité. Les écologistes sont d’ores et déjà parvenus à quelques avancées qui vont dans ce sens, mais la région doit repasser au filtre toutes ses aides à l’agriculture et au secteur agro-alimentaire, en favorisant exclusivement les circuits courts, les filières de qualité garantie sans OGM et les pratiques de l’Agriculture Biologique.