La « crise des lasagnes pur bœuf » est une nouvelle démonstration des méfaits des circuits financiers complexes de la filière alimentaire et de l’aberration des « circuits longs ».
Le circuit financier, en cours de reconstitution, donne le vertige : abattoirs en Roumanie, intermédiaires à Chypre, aux Pays Bas, au Luxembourg, achats par une entreprise française pour un grossiste français, tout cela pour une multinationale suédoise et revente de ces produits trafiqués dans toute l’Europe. A chaque étape, des intérêts financiers, des méandres administratifs masquant la traçabilité, voilà une démonstration parfaite de l’utilisation libérale des circuits financiers complexes.
Une anecdote en dit long. Les viandes ainsi utilisées dans cette escroquerie sont appelées dans le jargon du métier, des « minerais », ôtant toute relation de ce marché aux aliments, aux animaux et aux techniques d’élevage.
Par ailleurs, les circuits alimentaires sont eux aussi de plus en plus retors. Abattoirs roumains et viande de cheval pour des grossistes français afin de produire des surgelés « pur bœuf », l’utilisation de circuits longs est une aberration, écologique, économique et sanitaire. L’impossibilité pour ces filières d’assurer une traçabilité est en encore une fois mise en évidence.
Nous appelons, comme l’a déjà fait José Bové, à la mise en place d’une enquête européenne. Nous affirmons encore une fois la nécessité de prioriser la valorisation de filières d’élevage, de cultures de proximité, le maintien des abattoirs de proximité seules à même de permettre la traçabilité et la qualité, seules à même de préserver notre planète, seules à même de garantir l’existence d’une paysannerie sur tout le territoire.
François Simon,
François Calvet,
Marie-Françoise Vabre,
Françoise Dedieu Casties,
Guillaume Cros